Média local avec zéro milliardaire dedans

Face à la canicule, des initiatives bien fraîches à Bordeaux

Météo France a placé la Gironde et 24 autres départements en vigilance jaune canicule à partir de ce vendredi 8 août. Face à ces vagues de chaleur, certaines associations locales, citoyens et élus bordelais lancent des idées nouvelles, de l’ouverture de tous les lieux publics à de nouveaux lieux de baignade, en passant par des îlots de fraîcheurs mobiles. 

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Face à la canicule, des initiatives bien fraîches à Bordeaux
Bordeaux s’apprête à vivre plusieurs jours de grande chaleur

« Le niveau de vigilance jaune correspond à un pic de chaleur, soit une exposition de courte durée (1 ou 2 jours) à une chaleur intense présentant un risque pour les populations fragiles ou surexposées. Il peut aussi correspondre à un épisode persistant de chaleur (supérieur à 3 jours). »

Voici ce qui attend les Girondins dans les prochains jours, selon les prévisions de Météo France. À partir de ce vendredi midi, la vigilance jaune est de mise dans tout le département et le passage à l’orange menace. À Bordeaux, 37°C sont prévus dimanche et lundi.

Dans un communiqué et sur son site, la Ville de Bordeaux rappelle les bons gestes à adopter en cas de fortes chaleurs. L’occasion aussi de présenter les dispositifs mis en place pour accompagner les personnes fragiles, en particulier les enfants, les seniors et les personnes sans-abris qui sont le plus exposés aux conséquences des canicules.

Elle évoque d’emblée les mesures qui seront prises en cas de passage en vigilance orange, le niveau 3 d’alerte :

« Les horaires d’ouverture des parcs et jardins sont étendus jusqu’à 23 heures. Les horaires des piscines sont élargis, jusqu’à 20 heures. La surveillance de baignade à la plage de Bordeaux lac est étendue jusqu’à 20 heures. Par ailleurs, tous les musées de la Ville sont ouverts les samedis et dimanches, de 11 à 18 heures et ils sont climatisés. »

Le brumisateur du Jardin public est l’un des 14 disposés par la municipalité dans Bordeaux

Suggérée : une ouverture de tous les lieux publics en soirée

Pour trouver des coins de fraîcheur, certains habitants proposent néanmoins d’aller plus loin : Fabien Lascroux, chargé de communication en stage à la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire de Nouvelle-Aquitaine, vient de valider mon Master 2 Sémiologie – Communication – Transitions des mondes à l’Université Bordeaux Montaigne.

Le 21 juillet, il a suggéré à la mairie de Bordeaux, via la plateforme du dispositif d’interpellation citoyenne, l’ouverture, lorsque la température dépasse 30°, de tous les locaux publics climatisés – blibliothèques, écoles ou autres… – les soirs jusqu’à 22h et les dimanches.

« En août, les bibliothèques sont fermées la journée, ou ouvertes uniquement le matin. Cela offre peu de solutions pour travailler au frais le soir. Certains dimanches, je suis même contraint d’aller sur le lieu de travail de mon épouse pour profiter d’un coin de fraîcheur », explique-t-il à Rue89 Bordeaux. Les parcs en plein air qui ouvrent plus tard sont une très bonne chose, mais ne répondent pas à ce besoin. »

Pour lui, l’enjeu de la lutte contre la canicule va au-delà du simple inconfort et « devient sanitaire », avec notamment l’effet de la chaleur sur le sommeil : « On dort très peu et très mal. Avec la fenêtre ouverte, on est réveillés à chaque passage de moto ou de scooter. À ce niveau de manque de sommeil, l’enjeu devient sanitaire », écrit-il en ligne pour justifier sa proposition.

« Les jours où la température dépasse 30°C, nous demandons des lieux publics ouverts au moins jusqu’à 22h. Bibliothèques, écoles, ou autres salles : des lieux avec des sièges et des tables, pour pouvoir s’asseoir, poser un ordinateur portable, par exemple pour étudier ou travailler » réplique Fabien Lascroux

À ce jour, la proposition n’a retenue que 6 signatures sur 4 000 requises pour être étudiée et débattue en conseil municipal, ce qui laisse de maigres chances au projet d’aboutir. Il a six mois pour récolter les signatures manquantes. La raison à un dispositif d’interpellation (créé en 2023), « peu connu des citoyens et pas mise en valeur par la municipalité », regrette Fabien Lascroux.

À venir : des îlots de fraîcheur artificiels

La Métropole de Bordeaux a, elle aussi, consulté ses habitants pour lutter contre les hausses de température et une augmentation de + 4°C à horizon 2070. Elle a donc lancé son second budget participatif intitulé « Métropole Rafraîchissante » pour « rendre la métropole plus agréable à vivre et solidaire lors des fortes chaleurs » à l’horizon juillet 2026 avec des idées originales, dont certaines que vous avaient présentées Rue89 Bordeaux en février dernier lors de la phase de votes.

Après un appel à candidatures, l’analyse de 41 d’entre elles et la participation au vote de 3072 personnes, 13 projets citoyens ont été retenus et soutenus financièrement par la collectivité, pour un montant total d’un million d’euros.

Ils sont, pour la plupart, déposés par des collectifs comme la Fabrique Pola et sa Tour d’eau. Cet espace de détente et de fraîcheur face à la Garonne avec un système de brumisation et d’ombrage sera financé à hauteur de 100 000 euros.

Le projet de tour rafraichissante Pola Photo : DR

Pergolas, oasis et chapiteau

Bruit du Frigo propose également l’installation de trois pergolas mobiles et ludiques pour offrir de la fraîcheur dans l’espace public pour un montant de 99 720 euros

L’association la Chiffonne Rit a quant a elle été retenue pour son projet « Détente et des plantes », d’un coût total de 96 900 euros, qui devrait être inauguré à l’été 2026 .

“Nous voulons transformer la cour de la Chiffonne Rit, en un îlot de fraîcheur et de lien social ouvert à tous à Bordeaux. Il s’agit de créer, avec l’implication collective, un espace convivial de rencontre et d’évènements adapté à la chaleur” se félicite le collectif.

Le Garage Moderne va pour sa part réaliser un chapiteau modulaire qui apporte de l’ombre et de la climatisation naturelle grâce à des techniques low tech, d’un coût total de 85 929 euros.

“Il est constitué de murs rafraîchissants et de voiles d’ombrage en bâches de réemploi, pouvant être séparés, combinés et déplacés selon les besoins afin de maintenir des activités culturelles pendant les vagues de chaleur”, expliquent les porteurs de ce projet.

À l’étude : de nouveaux lieux de baignade à Bordeaux

En Gironde, jusqu’au début de semaine prochaine, les températures ne devraient pas descendre la nuit sous la barre des 20°C et une alerte vigilance orange n’est pas à exclure. Alors que les communes de la Métropole peinent à faire créer de nouveaux lieux de baignade, les exemples de la Seine à Paris et du Saint-Laurent à Québec ont donné des idées à Bordeaux.

En juillet, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a révélé les premières conclusions d’une étude sur la création de zones de baignade dans le la Garonne et aux Bassins à flot.

« Sur le papier, des baignades dans la Garonne offriraient un double bénéfice : pour les habitants l’été, et, en termes d’environnement, pour améliorer la surveillance de la qualité de l’eau », assure l’édile à Sud Ouest.

Des Bassins à plouf

Si la Garonne ne présente pas de problèmes de pollution empêchant d’y plonger, comme dans la Seine avant les JO ou en cas de fortes pluies, les courants sont beaucoup plus puissants – de 600 à 1 000 m³ par seconde en moyenne, jusqu’à 5 000 lors des crues, contre 250 m³ par seconde pour la Seine.

Cela implique obligatoirement de mettre en place des opérations de dragages et d’installer des filets de protection, entres autres. Le montant de l’opération s’élèverait à environ 10 millions d’euros.

« Entre le coût, la sécurité, la surveillance, et la qualité de l’eau, il est trop tôt pour s’engager sur des délais. Mais la réflexion est bien enclenchée », affirme Pierre Hurmic.

En parallèle, la possibilité de créer une zone de baignade en eau calme dans les Bassins à flot a aussi fait partie de la récente étude interne. Le coût serait moindre, entre 2 et 3 millions d’euros, tout comme les aléas de sécurité, mais cette alternative nécessiterait un contrôle sanitaire plus strict que pour la Garonne.

Ici, comme partout en Gironde, en ville et en campagne, toutes les ambitions et tous les moyens sont bons pour lutter, aux côtés des municipalités, contre ces vagues de chaleur vouées à se répéter jusqu’en septembre.


#canicule

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile