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Les vins de Bordeaux secoués par le maintien des droits de douane américains à 15% sur l’alcool

Ce jeudi 21 août, l’Union européenne et les États-Unis ont annoncé le maintien des taxes douanières à hauteur de 15% sur les exportations, entres autres, des vins et spiritueux français. Les acteurs de la filière misent toujours sur de futures négociations pour faire reculer Washington.

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Les vins de Bordeaux secoués par le maintien des droits de douane américains à 15% sur l’alcool
Les vins de Bordeaux, exportés aux États-Unis, seront bien taxés à hauteur de 15%

Le réveil semble difficile pour les viticulteurs français et bordelais. Ce jeudi, le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, a avoué l’échec de l’Union européenne à infléchir la position du « taxeman » Donald Trump. Comme prévu dans l’accord de juillet dernier entre le président américain et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les vins et spiritueux provenant de toute l’Europe seront bien taxés à 15 % à leur entrée sur le territoire états-unien, contre 4,8% avant le 7 août.

La déclaration commune sur le commerce et les investissements transatlantiques, présentée ce jeudi, indique que cette mesure devrait prendre forme dans les prochaines semaines, lorsque l’UE aura introduit un texte de loi pour réduire ses propres taxes douanières indique Le Monde.

Nouvelle gueule de bois

Pour la filière viticole bordelaise, l’annonce résonne comme un nouveau coup de massue. Alors qu’elle est en proie à une crise économique importante, la filière craint pour ses exportations aux États-Unis, son premier marché. L’année passée, 30 millions de bouteilles y ont été exportées, l’équivalent de 430 millions d’euros de ventes sur un an. Cela représente une hausse de 13% du volume des ventes par rapport à l’année précédente.

« C’est une nouvelle épreuve. Nous redoutons des pertes de parts de marché qui seront difficiles à regagner », a ainsi avoué Jérôme Despey, premier vice-président du syndicat agricole FNSEA, à l’AFP.

De son côté, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux se veut moins fataliste quant à l’issue de cette décision commerciale. Christophe Chateau, son directeur de la communication, évoque un impact mesuré, quand « Donald Trump avait parlé de 200 %, 20 % ou même 50 % ».

Il n’est pas le seul à prendre cette taxe de 15% comme un moindre mal :

« C’est l’accord commercial le plus favorable que les États-Unis aient accordé à n’importe quel partenaire, s’est ainsi félicité Maroš Šefčovič en conférence de presse. Il apporte de la stabilité et de la prédictibilité à notre relation, deux choses très importantes pour nos entreprises. »

Les négociations continuent

Certains producteurs et exportateurs de vin bordelais ne semblent pas se résigner à subir cette politique commerciale. Président de Bordeaux Négoce, syndicat regroupant 4 000 négociants en vin, Philippe Tapie estime ainsi qu’ « il n’y a plus d’échappatoires » :

« 15% de taxes, c’est 15% de business en moins, indique-t-il à Rue89 Bordeaux. Il faut désormais se poser, rééchelonner, réétalonner les programmes de commande. Et surtout se retrousser les manches pour continuer nos actions de lobbying et se retourner vers des marchés émergents de substitution, ce qui va prendre un certain temps. »

Christophe Chateau pronostique quant à lui une perte d’environ 10%, provoquée selon les études par « un triple effet sur la mise en place de cette taxe, la dévaluation du dollars américain et l’achat de vin par anticipation suite à l’annonce de ces mesures ».

À leurs côtés, le gouvernement français promet que les négociations vont se poursuivre. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard dénonce dans un message publié sur X ce jeudi soir un accord « déséquilibré, [qui] porte atteinte aux intérêts français et européens en matière agricole ».

Elle « demande instamment aux négociateurs européens qu’ils en fassent une priorité des prochains échanges qu’ils auront avec les autorités américaines », et attend en outre « des mesures européennes fortes pour soutenir les producteurs qui seraient pénalisés par ce résultat inacceptable ».

« Il y a encore des portes ouvertes pour négocier des exemptions ou des aménagements, espère également Gabriel Picard, président de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). On a encore un fil de discussion ouvert, ça ne va pas changer le très court terme, mais on espère que ça pourra changer le moyen terme. »


#vins de Bordeaux

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