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Avec Company, brillant musical sur le couple, Bordeaux prend enfin un air de Broadway

Produit par Génération Opéra, qui fédère plusieurs scènes dont l’ONBA, Company illumine le Grand Théâtre jusqu’au 27 septembre, confirmant la modernité et l’humour intact du chef-d’œuvre de Sondheim, 55 ans après sa création à New York.

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Avec Company, brillant musical sur le couple, Bordeaux prend enfin un air de Broadway
Le chef d’œuvre de Stephen Sondheim : Company

L’Opéra de Bordeaux continue la mise à jour de son répertoire avec Company, un classique de la comédie musicale – 6 Tony Awards lors de sa création en 1970, et premier grand succès de Stephen Sondheim. Le génial parolier de West Side Story, qui est cette fois également compositeur, a créé par la suite A little night music et Sweeney Todd, entre autres merveilles.

Company n’a pas été rejoué en France depuis 2011, et la version présentée à Bordeaux du 24 au 27 septembre, est coproduite par l’ONBA (opéra national de Bordeaux Aquitaine) et plusieurs scènes françaises réunies dans l’association Génération Opéra.

« Les comédies musicale de Stephen Sondheim sont des chefs-d’œuvre que l’on continue de redécouvrir en France, à l’heure où les maisons d’opéra assument aujourd’hui de programmer ces spectacles anglo-saxons, jugés par certains trop légers par le passé pour trouver leur place dans des scènes de référence », écrit dans la présentation du spectacle Emmanuel Hondré, directeur général de l’Opéra de Bordeaux.

Révolutionnaire et toujours d’époque

De la légèreté, Company en offre certainement, avec sa musique swinguante lorgnant souvent du côté du rock ou de la bossa nova, et excellemment jouée par l’Orchestre national de Bordeaux, avec ses numéros époustouflants (Side by side by side, à l’attaque du deuxième acte, notamment) et son humour toujours décapant 55 ans après.

Mais ce « concept musical » – 11 saynètes écrites par George Furth sans récit linéaire sur la vie et les amours de Bobby, célibataire de 35 ans dont les amis envient la liberté et/ou veulent le caser –, se révèle parfois plus grave et profond que nombre de livrets de ballets ou d’opéras « autorisés » du patrimoine franco-français.

Un célibataire de 35 ans au centre de Company Photo : Anthony Rojo

Révolutionnaire dans la forme à l’époque, le propos n’a pas pris une ride. Sans démonstration lourdingue, Company plonge le spectateur dans les affres du héros et des personnages face à l’institution du mariage et autres conventions sociales. Ils se mesurent à l’angoisse de la solitude ou du quotidien, aux amours ratés ou passagers, au temps qui passe, ou encore au déracinement et à l’anonymat de la grande ville…

Une mise en scène simple et créative

Si les dialogues sont traduits en français, les morceaux sont bien sûr en VO (ouf) surtitrée sur scène. Et leurs interprètes sont aussi bons comédiens que chanteurs, à commencer par Gaétan Borg dans le premier rôle (Bobby).

Mentions spéciales à Jeanne Jerosme (Amy), désopilante en future mariée désemparée, Arnaud Masclet (Harry) et Marion Préïté, couple de potes dont les mésententes se règlent au karaté, Eva Gentili (Jenny), amie décoincée après un pétard, Jasmine Roy (Joanne) en vieille New-Yorkaise délurée, ou encore Neïma Naouri (Marta) dont la puissante interprétation de Another Hundred People est un des sommets musicaux de Company.

Le tout est remarquablement servi par la mise en scène à la fois simple et très créative de James Bonas, avec un usage modéré et judicieux de la vidéo. Il reste quelques places à Bordeaux. Sinon, après sa première en mars dernier à Massy, le musical sera en tournée, jusqu’en 2027.


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