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Le TNBA poursuit son « changement esthétique » amorcé par Fanny de Chaillé

La deuxième saison du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine de Fanny de Chaillé, tout juste dévoilée, fait la place belle à la création, avec de nouveaux temps forts.

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Le TNBA poursuit son « changement esthétique » amorcé par Fanny de Chaillé
Après les « ooooh! », les « aaaah! » pour la saison 2025-2026 au Tnba

« Une première saison, c’est facile à faire… On y met une programmation qu’on avait toujours imaginé comme directrice de théâtre », confie Fanny de Chaillé, arrivée en 2024 à la tête du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TNBA).

« La deuxième saison est plus complexe dans le sens où on l’envisage autrement. Néanmoins, après avoir rencontré le public bordelais, on se dit qu’en fait tout est possible. »

Le TNBA de Fanny de Chaillé a donc trouvé ses marques. La fréquentation – près de 90 % de remplissage des salles – et le rajeunissement du public attestent du succès d’une programmation qui n’a pas hésité, dès l’an dernier, à opérer un virage.

« J’étais très étonnée de l’accueil que le public a réservé, alors que la programmation opérait un changement esthétique. Les spectateurs étaient là, prêts à découvrir des propositions très différentes, et ça j’y tiens : je tiens à la diversité des esthétiques représentées dans les salles. »

33 spectcales

Cette diversité se déploiera à nouveau, d’abord dans un soutien appuyé à la création. La saison est traversée de spectacles encore en gestation, que le TNBA choisit d’accompagner et parfois de coproduire. Ainsi seront présentées douze créations, dix coproductions et deux productions.

En tout, 33 spectacles garnissent le programme de la saison 2025-2026. L’ouverture se fera avec Avignon, une école de Fanny de Chaillé – à voir que l’on connaisse ou non le festival (où le spectacle a été présenté en 2024).

Ce premier rendez-vous de la saison s’inscrit dans le Festival international des arts de Bordeaux (FAB) qui prévoit un programme gratuit les 3 et 4 octobre au square Dom Bedos avec deux propositions dans l’espace public ainsi qu’un DJ set. Du 8 au 11 octobre, le FAB propose aussi Gathering de la chorégraphe palestinienne Samar Haddad King qui revient après un passage remarqué en 2023.

D’autres alliances locales sont également prévues avec notamment une exposition et une performance, Devenir (15/11), du collectif Rivage, artistes associé.es, dans le cadre du festival FACTS porté par l’université de Bordeaux et l’OARA. Le festival Trente-Trente propose Hauts Cris (miniature) de Vincent Dupont et Do we need a body to dance ? de Philomène Jander (20 et 21/01).

Le théâtre national va aussi programmer des « hors les murs », comme Les Frères Sagot (du 18 au 21/11) au Glob Théâtre, et La Gouineraie (du 9 au 13/12) de l’artiste associée Rébecca Chaillon avec Sandra Calderan, aux Avant-postes, après son report la saison dernière.

Des créations

Actuellement en travaux, La Manufacture délocalisera au contraire au TNBA des spectacles comme celui de la compagnie bordelaise La Tierce qui ouvre le bal des créations avec La contreclé (13 au 15/11). Les créations se poursuivent notamment avec le metteur en scène suisse Christoph Marthaler qui propose Le Sommet (du 3 au 5/12), un regard acerbe sur les grandes réunions souvent inefficaces des hommes de pouvoir.

Le metteur en scène Israélien Yuval Rozman décrypte le conflit israélo-palestinien dans sa création Au nom du ciel (du 21 au 24/01) à travers l’improbable échange de trois oiseaux donnant ainsi une hauteur de vue sur les horribles événements qu s’y trament. On peut noter également Nocturne (Parade) de Phia Ménard, ainsi que Polar(e), une drôle d’ « enquête » dans le milieu du théâtre, de Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent (du 3 au 6/02).

Très attendu également, Le Paradoxe de John de Philippe Quesne (du 10 au 13/03) qui a récemment ensorcelé le public de la métropole bordelaise avec Le Jardin des délices au Carré des Jalles. Yacine Sif El Islam boucle sa trilogie « Spécimen » par Gloria mundi, présentée avec Sola gratia et Agnus dei (du 17 au 20/03). Quant à Thibaud Croisy et Laurey Braguier, ils proposent une nouvelle traduction de La Maison de Bernada Alba de Frederico García Lorca (du 25 au 28/03) avec ses personnages exclusivement féminins.

Enfin l’artiste associée Hatice Özer révèle dans En attendant Oum Kalthoum (du 1er au 3/04) l’univers envoutant de la musique orientale appelé « Tarab ». Jeanne Candel signe Fusées (du 21 au 30/04) pour le jeune public, Sophie Perez Struzep (du 27 au 29/05), Marion Duval Cécile (du 10 au 12/06). Fanny de Chaillé, quant à elle, imagine Ultrasensibles (du 20 au 22/05) « dans la lignée des nouveaux historiens des sensibilités ».

Une diversité

Parallèlement aux créations, la saison offre à voir ou revoir de prestigieuses réalisations. Citons Il Cimento dell’ Armonia (4 au 6/11) de Anne Teresa De Keersmaeker, figure majeure de la danse contemporaine belge et mondiale, et Radouan Mriziga, jeune chorégraphe bruxellois originaire de Marrakech, qui explorent Les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi. Ou encore la Reconstitution : Le Procès de Bobigny (du 25 au 28/11) où Émilie Rousset et Maya Boquet reprennent les archives de cet événement majeur pour les droits des femmes à travers un dispositif où le spectateur construit son propre parcours.

Tamara Al Saadi, artiste associée qui a bluffé le public bordelais avec Place l’année dernière, présente Taire (du 25 au 27/02). Emilie Charriot joue L’Amante anglaise (du 2 au 7/03), un désormais classique de Marguerite Duras. Mohamed El Khatib sera à la scène nationale Carré-Colonnes pour le très délicat La vie secrète des vieux (du 31/03 au 2/04). Christian Rizzo signe D’après une histoire vraie (23 et 24/04), douze ans après sa création à Avignon, et le drag bordelais Sara Forever/Mathieu Barbin montre Dynasties (du 5 au 7/05).

Toute la programmation sera présentée au public ce jeudi 4 septembre sur la scène de la salle Vitez avec la présence de nombreux artistes. Ce sera le jour de l’ouverture de la billetterie en ligne. Quelques changements notoires sur les tarifs sont à signaler : le tarif plein passe de 26 à 30€ et la carte saison (qui permet des réductions) de 15€ à 20€.

Nouveaux temps forts

Parallèlement, trois nouveaux rendez-vous marqueront également 2025-2026. D’abord, la Salle des Trésors, avec le journaliste Sylvain Bourmeau, propose une série de rencontres où des artistes dresseront le panthéon intime de leurs dix œuvres de référence. « Un artiste est artiste parce qu’il aime les artistes », rappelle la directrice, qui se prêtera elle-même à l’exercice, à l’instar de Mohamed El-Khatib et Rébecca Chaillon.

Le Théâtre des Idées, en partenariat avec l’OARA et l’ONDA, prévu du 2 au 5 juin, proposera une semaine de réflexions communes entre artistes et institutions pour « retrouver du lien ».

Enfin, Bordeaux accueillera Camping, le festival itinérant du Centre national de la danse, habituellement basé à Pantin et contraint de se déplacer pour cause de travaux. Des dizaines d’étudiants venus du monde entier rejoindront ainsi la Gironde en juin pour des workshops, performances et rencontres croisées avec les écoles locales. Ils pourront rencontrer la nouvelle et septième promotion de l’école du TNBA (15 élèves sélectionné.es sur 750 candidat.es). « C’est une grande chance de côtoyer la jeunesse internationale », se réjouit Fanny de Chaillé.

La classe Egalité des chances, préparatoire aux concours des grandes écoles, connaît de son côté un nouvel élan après le succès des huit élèves de l’an dernier, dont sept ont été admis dès la première année.


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