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« Tu m’étrangles ! » : un journaliste de Rue89 Bordeaux victime de violences policières à Montpellier

Samuel Clauzier, journaliste en alternance à Rue89 Bordeaux, a subi deux agressions de la part de la police, alors qu’il couvrait les manifestations du 10 septembre à Montpellier, où il est étudiant à l’École supérieure de journalisme. Il entend porter plainte dans les prochains jours et déposer un signalement auprès de l’IGPN.

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« Tu m’étrangles ! » : un journaliste de Rue89 Bordeaux victime de violences policières à Montpellier
À deux reprises, Samuel Clauzier a subi des violences policières lors de la journée “Bloquons tout”, le 10 septembre à Montpellier

Samuel Clauzier, journaliste en alternance pour Rue89 Bordeaux et étudiant à l’École supérieure de journalisme de Montpellier (ESJ Pro), a été violemment pris à partie par des policiers lors de la manifestation montpelliéraine « Bloquons tout » du 10 septembre.

Dans une vidéo qu’il a diffusée sur le réseau social Bluesky, on voit un agent de la Compagnie départementale d’intervention de l’Hérault (CDI 34) l’étrangler et s’en prendre à son matériel.

Alors que je filme une interpellation, un policier de la CDI 34 me prend à partie et m’agresse à plusieurs reprises (étranglement, coups dans mon smartphone). Nombreuses entraves au travail de la presse depuis le début de la journée à Montpellier.

Samuel Clauzier (@masleu.bsky.social) 2025-09-10T14:08:10.752Z

« Tu m’étrangles ! Tu m’étrangles ! »

Vers 16h, notre journaliste a été pris pour cible alors qu’il filmait une interpellation musclée menée par la brigade anticriminalité (BAC) devant l’Opéra-Comédie de Montpellier.

« Ils se mettaient systématiquement devant moi pour m’empêcher d’avoir les images, raconte-t-il. Je me décalais sur le côté pour tenter d’avoir un angle de vue. »

Un policier s’avance alors vers lui, frappe d’abord le smartphone du journaliste, le projette au sol, puis s’empare de son matériel avant de le saisir à la gorge.

« Tu m’étrangles ! Tu m’étrangles ! » crie alors Samuel, comme on l’entend dans l’enregistrement. Le policier, au visage dissimulé et ne portant pas son RIO (le numéro d’identification pourtant obligatoire), le projette contre un poteau puis le fait chuter dans un bac à fleurs.

Présents sur les lieux, plusieurs journalistes et étudiants de son école, confirment la scène. Sur des captations, on distingue le policier porter un coup de pied à l’entrejambe du reporter, ainsi qu’un autre policier qui le braque avec un lanceur de balles de défense (LBD 40).

Une autre agression

Plus tôt dans la journée, vers 6h, le journaliste indépendant Ricardo Parreira avait filmé un autre membre de la CDI 34 asperger Samuel de gaz lacrymogène au visage à bout portant, alors qu’il filmait une charge de la police dans le quartier des Près-d’Arènes.

Alors que nous faisions notre travail, lors d’une charge de la CDI, un policier a aspergé @Masleuu avec une bombe lacrymogène, à très courte distance de son visage, alors qu’il était identifié comme presse. Cette violence l’a immobilisé pendant un long moment.#10septembre2025

Ricardo Parreira (@ricardoparreira.com) 2025-09-10T09:43:42.968Z

Un certificat délivré par un médecin le 12 septembre constate des « polycontusions de la tête, du tronc et des membres », ainsi que des « troubles de la vision » et un « choc émotionnel » chez notre journaliste. Ce dernier annonce vouloir déposer plainte et saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans les prochains jours.

Réactions

L’ESJ Pro a publié un communiqué le lendemain des faits pour condamner « fermement les violences dont a été victime l’un de ses étudiants en journalisme, en reportage dans le cadre d’un cours ».

« L’étudiant, dont une partie du matériel a été cassé, était en situation pédagogique, encadré par notre établissement, et remplissait pleinement sa mission d’observation et de reportage. »

L’école de journalisme alerte sur le fait que « ce type d’agression est non seulement inadmissible, mais aussi profondément inquiétant pour la liberté de la presse ». Tandis que Reporters sans frontières (RSF) dénonce dans un communiqué « la recrudescence des violences policières envers les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux en France », citant notamment le cas de Samuel Clauzier parmi sept autres survenus le même jour. La rédaction de Rue89 Bordeaux approuve naturellement ces constats et condamne fermement ces entraves à la liberté de la presse.

Contactée par Mediapart, la préfecture de l’Hérault souligne que « les consignes de port du RIO et des caméras-piétons ont été rappelées avant la manifestation ». Elle affirme que la vidéo diffusée par Samuel ne montrerait qu’un extrait « alors que le policier aurait été empêché de réaliser les interpellations  » et insiste sur le fait que « la presse ne peut s’opposer à la force publique et aux interpellations ». Ce que notre journaliste dément formellement.

L’interpellation que Samuel Clauzier photographiait avant d’être agressé par la police Photo : SC/Rue89 Bordeaux

#Violences policières

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Photo : SC/Rue89 Bordeaux

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