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À Audenge, la mairie à nouveau accusée de contourner la loi Littoral

Alors que la commune a validé fin septembre une modification de son plan local d’urbanisme, des associations dénoncent une volonté de régulariser des constructions illégales dans deux secteurs sensiblesn et alertent sur une aggravation des risques d’incendie dans un territoire déjà fragilisé.

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À Audenge, la mairie à nouveau accusée de contourner la loi Littoral
Audenge

Le 25 septembre dernier, le conseil municipal d’Audenge a adopté la modification n°5 de son plan local d’urbanisme (PLU). Une délibération en apparence technique, censée mettre le document en conformité avec le nouveau Schéma de cohérence territoriale (Scot) du bassin d’Arcachon, entré en vigueur en juin 2024.

Mais pour plusieurs associations locales, cette modification cache une tout autre réalité : la régularisation de constructions illégales dans deux secteurs sensibles, Bas-Vallon et Hougueyra, où s’étendent depuis des années des lotissements contestés.

Des zones sous enquête

Dans un courrier adressé à la préfecture, à la DDTM, à l’OFB et à plusieurs ministères, le collectif Audenge Citoyenne dénonce « une situation grave et persistante » et demande la suspension immédiate de la modification du PLU. Selon ses membres, le texte voté « en pleine révision générale du plan » contreviendrait aux principes de la loi Littoral, censée empêcher tout étalement urbain en discontinuité avec les zones déjà bâties.

L’association rappelle qu’une plainte est en cours d’instruction depuis plusieurs années, portée conjointement avec Notre Affaire à Tous et la Coordination environnementale du bassin d’Arcachon (CEBA), visant environ 200 permis de construire délivrés en zone litigieuse. L’instruction a été clôturée à la fin de l’été et le jugement est attendu.

Malgré ce contexte judiciaire, la mairie a choisi d’avancer : « Une provocation vis-à-vis des institutions », dénonce le bureau d’Audenge Citoyenne, pour qui cette décision pourrait « aggraver les risques environnementaux et notamment d’incendie ».

Car Audenge est classée en zone rouge pour le risque feu de forêt. Le Plan de prévention des risques incendie (PPRif), demandé par l’État dès 2007, n’a toujours pas été adopté. Les scientifiques rappellent que l’étalement urbain, en particulier dans les secteurs boisés du piémont littoral, augmente la vulnérabilité des habitations et complexifie la gestion des incendies.

Urbanisme « négocié » et fracture citoyenne

Le dossier s’inscrit dans un climat de méfiance grandissante envers les politiques locales d’urbanisme. Dans son rapport 2024 sur la délivrance des permis de construire, la Cour des comptes évoque des pratiques « extra-légales » à Audenge, qualifiant l’urbanisme communal de « négocié ». Si la juridiction n’a pas relevé d’infractions pénales, elle pointe « des manquements au principe de probité » et un système où les règles d’aménagement sont interprétées « au cas par cas ».

Dans ses colonnes, La Dépêche du Bassin rappelait que le nouveau Scot contraint désormais la commune à mieux encadrer la croissance urbaine. Les zones de Bas-Vallon et Hougueyra, classées depuis longtemps comme « secteurs d’habitat diffus », doivent être strictement limitées en constructions. Le texte voté par le conseil municipal tente d’en fixer les contours, mais sa délimitation reste floue.

« Il faut montrer que l’on peut donner des mètres carrés pour le logement », confie un élu local dans les pages du journal, traduisant la pression constante des promoteurs et des propriétaires. Car sur le bassin d’Arcachon, où le foncier a triplé en dix ans, le logement est devenu le principal moteur du déséquilibre territorial : résidences secondaires en hausse, jeunes ménages repoussés vers l’arrière-pays et disparition progressive des espaces naturels.

Pour Audenge Citoyenne, cette évolution symbolise un renoncement plus large :

« Le bassin d’Arcachon est devenu la vitrine trompeuse d’un paradis à vendre. Une minorité s’enrichit en piétinant les règles, tandis que les institutions regardent ailleurs. »

Le collectif appelle la presse à relayer son alerte et demande au procureur de la République d’ouvrir une enquête sur la légalité des décisions prises.


#bassin d'arcachon

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Photo : JL/Rue89 Bordeaux

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