Pour la troisième fois, l’automne bordelais s’ouvrira sous le signe du goût. Le Festival Bon! revient du 13 au 18 octobre pour une semaine de rendez-vous, d’ateliers et de dégustations… et pour rappeler que « bien manger est un droit, et que ce droit doit être accessible à tous » a souligné Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, dans les jardins de la Maison du Jardinier au Parc Rivière.
Alors que l’évènement coïncide avec la parution dans la revue scientifique de référence, The Lancet, d’une étude sur la catastrophe sanitaire et écologique qu’entraîne nos régimes alimentaires actuels (notamment l’abus de viandes rouges), l’édile écolo a rappelé la philosophie de ce festival initié par la Ville en 2022 :
« Il s’agit de faire en sorte que chacune, chacun ait accès à une alimentation plus végétale, plus équilibrée, meilleure pour la santé, vertueuse pour la planète, bénéfique pour les producteurs régionaux et enfin, bien sûr, savoureuse. Ce festival n’a que trois ans, mais il installe peu à peu le bien manger au cœur du patrimoine urbain bordelais. »
Etchebest en parrain
Star médiatique, chef étoilé et figure de Bordeaux, Philippe Etchebest s’est dit « ravi et très honoré » d’endosser le rôle de parrain de cette troisième édition.
« C’est un rendez-vous qui célèbre des valeurs que je partage : la qualité des produits, le respect de l’environnement, la mise en avant des producteurs locaux. On a la chance d’être dans une région qui est un réservoir exceptionnel, et j’ai à cœur dans mes établissements d’aller chercher ces producteurs pour les faire connaître. »
Une chance accessible à tous ? Le chef souligne la pédagogie et l’éducation au goût :
« Le fait de mettre un peu plus dans de bons produits, c’est ce qu’on mettra en moins dans le médical. Mais cela demande une vraie éducation, notamment à l’école, pour apprendre aux enfants à apprécier les choses simples. »
Du lundi 13 au vendredi 17 octobre, les cantines scolaires de Bordeaux proposeront des menus avec des recettes spécialement revisitées par le parrain de l’édition « pour offrir une expérience gustative inédite » aux 17000 écoliers.
La jeunesse à l’honneur
« Apprendre à bien manger dès l’enfance, c’est un capital santé qu’on garde toute la vie », ajoute Ève Demange, conseillère municipale déléguée à la résilience alimentaire. L’édition 2025 fera donc la part belle aux plus jeunes. Le programme s’annonce copieux avec 90 événements gratuits ou à prix modiques, portés par 86 structures dans huit quartiers de Bordeaux.
Parmi les temps forts, un grand quiz culinaire réunira Philippe Etchebest et 200 élèves le 17 octobre dans les jardins de l’Hôtel de Ville. Des ateliers d’initiation au goût, complets en moins de vingt-quatre heures, seront co-animés par l’association L’Assiette et le chef Tanguy Lavial.
D’autres ateliers, comme Mon goûter c’est sacré, organisé au Garage Moderne, proposeront aux familles d’apprendre à préparer des collations maison à partir de produits agroécologiques.
Par ailleurs, le concours de la chocolatine opposera les boulangers bordelais et girondins, tandis que le grand défi du « poisson à la bordelaise », orchestré aux Capucins par le chef Romain Bailly avec l’école Ferrandi, mettra à l’épreuve la créativité culinaire locale.
Enfin, le festival se clôturera le 18 octobre avec l’événement Chaud Show, sur le campus de la Victoire : vingt chefs et des collectifs artistiques se réuniront autour du défi « 75-25 », soit une assiette composée à 75 % de produits végétaux et à 25 % d’origines animales.
Un enjeu de société
Au-delà de la semaine de festivités, le Festival Bon! s’inscrit dans une politique alimentaire de long terme. Bordeaux sert chaque jour 23 000 repas scolaires, dont 71 % sont issus du bio et 75 % de la région Nouvelle-Aquitaine. « Un levier majeur pour soutenir nos producteurs », souligne Ève Demange, qui rappelle le soutien municipal aux associations via l’appel à projets Bordeaux recettes d’avenir (plus de 100 000 € par an).
« Inciter à cuisiner, c’est bon pour le porte-monnaie, pour la planète, pour l’économie locale », surenchérit Pierre Hurmic. Dans un contexte difficile pour les filières agricoles, le festival se veut aussi un geste de solidarité.
« Le moral est en berne chez beaucoup de maraîchers et d’éleveurs, confie Ève Demange. Ce festival, c’est aussi leur dire que nous sommes solidaires. Derrière chaque assiette, il y a un métier exigeant et essentiel. Avec 270 000 habitants, Bordeaux a un impact considérable par ses choix alimentaires quotidiens. »
Une étude en cours menée par Vertigo Lab doit d’ailleurs mesurer l’impact économique concret de cette orientation.
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