Le SunSka Festival, pilier du reggae et des musiques du monde en Gironde, n’aura pas lieu en 2026. Les organisateurs de l’événement, installé depuis 2018 au Domaine de Nodris à Vertheuil, ont annoncé une pause contrainte après sept années sur ce site qu’ils continuent pourtant de juger « idéal » pour accueillir le festival.
Créé il y a près de trente ans, le SunSka avait trouvé à Nodris un ancrage durable : un tiers-lieu mêlant culture, agriculture bio et économie solidaire, racheté en 2021 par le Département de la Gironde. Cette acquisition s’était accompagnée d’une convention de partenariat de dix ans entre les deux parties.
Un lieu non-aménagé ?
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 12 novembre, les organisateurs ont accusé le Département de ne pas avoir tenu ses engagements, notamment des travaux consistant à l’aménagement d’une grande scène de spectacle, qui devait selon les organisateurs garantir la pérennité du festival.
« Financièrement fragilisés, nous ne pouvons plus continuer à prendre le risque de produire ce festival sur un lieu non-aménagé, qui entraîne des coûts trop élevés », déplore l’équipe du festival.
« Faux », réplique Martine Jardiné, vice-présidente à la culture du Conseil départemental :
« Des discussions ont eu lieu et un devis a été fait sur ces travaux, qui les avait estimé à environ 1,4 million d’euros. Mais à aucun moment le Département ne s’est engagé de façon formelle à faire ces travaux. »
L’élue souligne que la collectivité venait d’investir un peu moins de 5 millions d’euros dans la rénovation du Domaine, en particulier dans des bâtiments investis par Music’Action Prod, la société qui porte le SunSka, pour le festival et leurs autres activités, ainsi que dans des travaux d’électrification et d’assainissement, ou encore dans la réalisation d’une petite scène.
Calculette
« De surcroit, reprend Martine Jardiné, l’hypothèse d’une réalisation de ces travaux supplémentaires n’aurait pas couvert la totalité du déficit d’exploitation du festival. Les organisateurs évoquent une économie de 150 000 euros, quand leur déficit est autour de 300 000 euros par an. Et depuis 2021, ils n’ont jamais payé le loyer pour le Domaine, soit 50 000 euros dus au Département. »
Martine Jardiné précise par ailleurs que Music’Action Prod est en redressement judiciaire, rendant impossible toute aide publique d’une collectivité traversant elle même de graves difficultés financières.
« Je regrette vraiment le narratif porté par le SunSka, et trouve dommage qu’il n’y ait pas de prise conscience réelle du dysfonctionnement de son modèle économique. La structure porteuse est privée, et ne peut pas tout attendre des collectivités locales. »
Alors que les propos à Sud Ouest de la vice-présidente – « Il faut que les passionnés de culture sachent utiliser une calculette » – ont été mal reçus par certaines personnalités du secteur, Martine Jardiné assure qu’elle évoquait uniquement les équipes du SunSka :
« J’ai dit simplement que c’était des gens passionnés et passionnants mais qu’il faudrait qu’ils aient une calculette. Je n’ai pas parlé de l’ensemble des professionnels et des passionnés de culture, surtout dans cette période où la culture est ciblée de toutes parts. Ma porte est toujours ouvertes aux organisateurs du SunSka. »
Plan B
Selon le Département, ces derniers ont d’ailleurs laissé leur matériel à Nodris. Dans leur message sur Instagram, ils annoncent une « année de travail » pour mieux préparer le retour du festival, et promettent une édition anniversaire exceptionnelle en 2027, pour célébrer ses 30 ans. « Ce n’est pas un goodbye, mais un see you soon« , écrivent les organisateurs, remerciant au passage leur public « incroyable » pour sa fidélité.
Et si le grand rendez-vous de Vertheuil n’aura pas lieu l’an prochain, l’équipe laisse entendre qu’un « plan B » est déjà à l’étude pour 2026. « Le SunSka n’a pas dit son dernier mot », écrivent-ils, tout en soulignant qu’il doit faire face à une vive concurrence, avec par exemple Musicalarue qui a avancé ses dates le premier week-end d’août, créneau traditionnel du SunSka, ou l’apparition de gros festivals à Bordeaux.
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