La contestation a repris de plus belle. Depuis le 12 décembre, des centaines d’agriculteurs se mobilisent dans le Sud-Ouest contre l’abattage de troupeaux affectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Après des premières démonstrations de colère à Bordeaux vendredi dernier, la Coordination Rurale a passé la vitesse supérieure et bloque depuis dimanche soir les poids-lourds sur l’A63 au niveau de Cestas, dans le sens Espagne-Bordeaux. Une cinquantaine d’agriculteurs ont passé la nuit sur cette portion d’autoroute, au niveau de l’échangeur 24.
Dans la nuit de dimanche à lundi, un radar a été arraché puis incendié à l’entrée de la zone d’activité de Cestas. Du fumier y a également été déposé afin de bloquer l’accès aux poids-lourds. Les voitures passaient, quant à elles, au compte-goutte.
Un accident est intervenu en fin de journée ce lundi au niveau de l’aire de Cestas, faisant un blessé grave et un blessé léger : alors que l’autoroute en direction de Bordeaux avait été fermée par la DIR Atlantique, deux voitures se sont tout de même engagées et ont percuté des tas de sable versées à la tombée de la nuit.
Déviations et demi-tour
En raison du trafic fortement perturbé, la préfecture de la Gironde a pris de nouvelles mesures de sécurité : la sortie à l’échangeur 17 (Liposthey) est conseillée pour tout véhicule léger circulant dans le sens Sud/Nord en direction de Toulouse, avec la mise en place d’une déviation par la D43 jusqu’à Sore puis la D220 jusqu’à Saint-Symphorien puis la D3 et la D222 jusqu’à Langon pour rejoindre l’échangeur 3 de l’A62.
La sortie est obligatoire à l‘échangeur 23 (Marcheprime) pour tout véhicule circulant dans le sens Sud/Nord, avec la mise en place d’une déviation par la D5 jusqu’au Barp puis la D1010 jusqu’à l’échangeur 16 de la rocade (Gradignan).
Pour les poids lourds remontant depuis l’Espagne, le préfet lève progressivement l’arrêt obligatoire sur les aires de repos au Sud de l’échangeur 17. Pour autant, l’accès à l’A63 leur est à présent interdit et leur retournement est organisé au niveau du péage de Biriatou (Hendaye, 64) en lien avec les autorités espagnoles pour optimiser le stockage.
Plus de 3000 bêtes abattues
« On est prêt à passer Noël ici », jurait Fabrice Lagueyt, coprésident de la CR 33 et éleveurs de bovins à viande à Saint-Laurent-Médoc, auprès de Sud Ouest.
Son syndicat, ainsi que la Confédération paysanne, se mobilisent principalement contre les mesures d’abattage des troupeaux affectés par la DNC, une maladie virale et non transmissible à l’homme apparue fin juin en Savoie. Pas moins de 113 foyers ont pour le moment été détectés.
Selon le protocole sanitaire gouvernemental, un cas détecté implique l’abattage complet du troupeau. À ce jour, plus de 3 000 bêtes ont été abattues, soit 0,02% du cheptel français, dans 80 élevages de 11 départements différents.
La semaine dernière, les images de la mobilisation des agriculteurs opposés à l’abattage de 200 blondes d’Aquitaine sur une exploitation ariégeoise et délogés par les forces de l’ordre ont mis le feu aux poudres. À la Coordination Rurale et à la Confédération Paysanne, on plaide plutôt en faveur d’une vaccination généralisée, tandis que la FNSEA soutient le protocole en vigueur.
De passage à Toulouse ce lundi 15 décembre, La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé un élargissement de la zone de vaccination contre la DNC dans le Sud-Ouest et la vaccination prochaine de « 600 000 à 1 million de bovins ».
Des annonces qui sont loin de satisfaire les agriculteurs mobilisés, bien décidés à rester « jusqu’à la fin de la semaine s’il le faut ».

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