9 septembre 1969. Peu avant la sortie d’Abbey Road, une réunion se tient dans les bureaux d’Apple, la maison de disques des Beatles. Paul McCartney, 27 ans, est heureux, sa première fille vient de naître. Alors qu’il se projette sur le prochain album du groupe, il est cueilli à froid.
Colère de George envers le peu de considération de ses camarades pour ses morceaux, dédain de John pour les chansons les plus pops de Paul, volonté de celui-là de « mettre fin au mythe Lennon-McCartney »… Les divergences éclatent au grand jour. 11 jours plus tard, John annonce à son camarade qu’il quitte le groupe, sans le dévoiler publiquement.
Déclics
Des enregistrements audio de ces discussions, récemment retrouvés et retranscrits, ont servi de « déclic » à Hervé Bourhis, avec Get Back, le documentaire créé par Peter Jackson a créé à partir des rushes du film Let it be, tourné en 1969.
« Il a rendu fous plein de gens, y compris moi, raconte l’auteur bordelais dans une interview à la fin de « Paul ». C’est comme une émission de télé-réalité, mais avec des gens drôles et talentueux. J’avais depuis un moment l’envie de raconter l’après-Beatles de Paul, mais Get back m’a donné l’envie d’être plus immersif dans le récit. Qu’on soit au plus près des personnages. »
On traverse ainsi la dépression de Paul après son divorce avec Lennon. Le leader du groupe tente en vain de recoller les morceaux, et sombre dans l’alcool. Alors que se propage la fake news de l’annonce de sa mort, il se réfugie dans sa fermette écossaise. Il reprend goût à la musique avec sa femme, Linda, qu’il convainc de chanter avec lui sur ce qui sera son premier album solo, assassiné par la critique.
Engagé
Après une nouvelle fâcherie avec les trois autres Beatles, Paul révèle le 8 avril 1970 qu’il arrête les Beatles. La suite, que raconte Bourhis à la première personne du singulier, comme si McCartney faisait son autobiographie, est l’histoire d’une réinvention artistique.
Dans un dessin aux touches parfois psyché des seventees, le Bordelais nous fait vivre la tournée sans un rond des universités anglaises des Wings, le groupe de Paul et Linda, l’enregistrement de « Band on the run » à Lagos, où le gamin de Liverpool rencontre le mythique Fela Kuti, jusqu’aux retrouvailles avec John, en Californie, en 1974.
Outre l’hommage artistique, Hervé Bourhis salue aussi les engagements de McCartney, loin de l’image conservatrice que s’amusait à dresser de lui Lennon : végétarisme, vie en communauté, chansons engagées pour l’indépendance de l’Irlande… Et une posture rock’n’roll jusqu’au bout.
• Paul. La résurrection de James Paul McCartney (1969-1973), d’Hervé Bourhis. Casterman, 2025. 98 pages, 20€


Chargement des commentaires…