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La Recharge, une épicerie qui emballe

La première épicerie de France sans emballages jetables est bordelaise : La Recharge a ouvert ses portes mardi dans le centre ville, et propose des produits majoritairement bio et locaux. Impressions des premiers clients, plutôt sensibilisés à la cause.

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La Recharge, une épicerie qui emballe

La Recharge, paradis du vrac et des consignes (Photo Simon Barthélémy/Rue89 Bordeaux)
La Recharge, paradis du vrac et des consignes (Simon Barthélémy/Rue89 Bordeaux)

« Je viens directement avec mon placard ! » Stéphanie, 37 ans, a prévu le coup pour l’ouverture ce mardi de La Recharge, première épicerie sans emballage de France. Elle a apporté ses bocaux et bouteilles vides, qu’elle pèse avant de remplir, pour ne pas payer le poids du contenant. « Quand on vit dans un petit appartement comme moi, il faut bien gérer les déchets, les cartons prennent vite de la place », explique la jeune femme. Elle apprécie donc le concept de la vente en vrac :

« On n’est pas obligé d’acheter un kilo si on en a pas besoin. Ici, j’ai envie de tester l’huile de noisette, je vais pouvoir remplir seulement un demi flacon. C’est moins cher, et on évite de gâcher. »

Les Français jettent en effet 20 kilos par an et par habitant de produits alimentaires, dont 7 kilos encore emballés… Et 125 kilos d’emballages ménagers !

A La Recharge, chacun se sert des quantités qui lui conviennent, de pâtes, céréales, vin ou liquide vaisselle. Si on a oublié ses sacs et ses boîtes à la maison, on peut toujours en acheter sur place. Olivier et Vanessa ont un panier rempli de sachets en papiers :

« On a l’impression de faire notre marché, mais dans une boutique, dit le premier. On suit La Recharge sur facebook depuis un moment, et on apprécie beaucoup la démarche et l’état d’esprit. On était donc curieux de voir le résultat, et c’est top, il y a même des produits ménagers. »

Bien achalandée

Ce mardi, les clients sont au rendez-vous pour cette tentative d’acclimatation en France d’un modèle en vigueur ailleurs en Europe . Ce n’est pas la foule d’un samedi à Auchan, heureusement, mais le magasin est toujours achalandés, de gens pour la plupart sensibilisés aux enjeux écolos : ainsi, Stéphanie est adhérente d’une Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), Muriel fait ses courses à l’Epicerie solidaire.

« Bravo, belle initiative », lance cette dame de 50 ans, aux  fondateurs de La Recharge, Guillaume de Sanderval et Julien Rivet, frais émoulus de l’université, et récemment reçus par François Hollande à l’Elysée.

« J’essaie d’éviter de prendre des poches plastiques dans les magasins, c’est bien qu’une boutique pousse ses clients à ne plus jeter les emballages n’importe comment », explique Muriel.

Respecter les consignes

Du rouleau de papier toilette aux corn flakes, La plupart des produits sont locaux ou made in France (Photo SB/Rue89 Bordeaux)
Du rouleau de papier toilette aux corn flakes, La plupart des produits sont locaux ou made in France (SB/Rue89 Bordeaux)

Le projet suscite en effet un vrai engouement. La levée de fonds via le site internet de financement participatif Kisskissbankbank a dépassé les espérances du duo. Elle a donné une sacrée caisse de résonance à la petite épicerie bordelaise, relayée par les médias et les réseaux sociaux, et scrutée par la France entière.

Comment l’explique Julien Rivet ?

« 70% des français n’aiment pas faire les courses en grande surface. Et en Aquitaine les plages jonchées de déchets d’emballages après la tempête ont marqué les gens. C’est le genre d’évènement qui sensibilise les gens, même s’il reste beaucoup à faire en matière de prévention des déchets. »

Les fondateurs de La Recharge ont ainsi réussi en six mois à mettre leur projet sur pied, en démarchant une centaine de producteurs prêts à jouer le jeu, c’est à dire à leur vendre directement, sans passer par des grossistes, et sans emballages : mis à part certains produits qui nécessitent des emballages spécifiques et consignés (bière, confiture, yaourts..), le vrac est de rigueur.

Exemples : miel de Bourdaine des Landes, à verser dans son bocal (1,40€ les 100 grammes). Des coquillettes Lazzaretti, venues d’Avignon, en vrac (0,30€ les 100 g). Du dégraissant multi-usage Eyrein, made in Corrèze (2€ les 500 millilitres). Et même du papier toilette aveyronnais Eurotrans (0,40€ le rouleau).

Bio et locavore

Si on ne trouve pas tout à La Recharge – l’épicerie n’a pas encore de fournisseur de thé, attend ses livraisons de riz de Camargue et de fruits, et ne proposera de la viande, délicate à livrer sans emballage, que sur commandes –, ce qui s’y vend est de qualité : bio pour l’essentiel des produits (ce n’est pas marqué, car la boutique doit être elle même certifiée pour l’afficher), locaux ou français en grand majorité, pour des questions éthiques et logistiques (compliqué de faire venir des produits du bout du monde sans emballage). L’origine géographique est précisée sur chaque étiquette.

Malgré tout, c’est assez abordable, se réjouit Muriel :

« Je pensais que cela serait plus cher. Mais 1,80€ le kilo de tomates du Taillan, c’est le même prix qu’au supermarché pour des fruits dégueulasses ».

Les clients que nous avons rencontré sont prêts à mettre le prix pour ce service, et le soutien apporté aux producteurs.

« On ne va jamais dans les grandes surfaces, on en a marre d’y acheter de la merde. On préfère manger moins, mais mieux », assène Vanessa, 40 ans, venue exprès des Chartrons.

Les habitants du centre de Bordeaux devraient s’y retrouver. L’emplacement, au 38 rue Sainte-Colombe tout près de la très animée place Fernand-Lafargue, dans une rue semi-piétonne, a été choisi pour cela. La Recharge sera ouverte de 10h30 à 20h, du mardi au dimanche matin (ou du lundi au samedi, ce n’est pas encore arrêté).


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