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Du plastique au menu des cantines scolaires

Alors que des études démontrent la nocivité des perturbateurs endocriniens relargués par de nombreux contenants alimentaires, certaines cantines scolaires continuent à servir des plats réchauffés dans des barquettes en plastique. Une enseignante et parente d’élèves a signé une pétition pour leur suppression dans l’école de ses enfants, à Floirac, dans la métropole bordelaise. Sans succès. Elle témoigne.

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Du plastique au menu des cantines scolaires

Les plats réchauffés dans leurs barquettes en plastiques (photo de l'auteur)
Les plats réchauffés dans leurs barquettes en plastique (photo de l’auteur)

Enseignante en maternelle, il m’arrivait de déjeuner à la cantine. Quelle ne fut pas ma surprise, devant un four traditionnel tout juste ouvert, de découvrir que les repas étaient réchauffés dans des barquettes en plastique operculées par un film ! Et de sentir une légère odeur de plastique chaud dans la cuisine.

Alors même que de plus en plus de parents s’appliquent aujourd’hui à ne rien réchauffer dans des contenants en plastique, je réalisai que mes élèves et, de ce fait, mes trois enfants inscrits dans une autre cantine de la commune, étaient quotidiennement exposés au risque de migration de matière plastique dans leur alimentation.

Choquée par un tel procédé au regard des connaissances scientifiques actuelles, je décidai de creuser la question.

Un plastique chauffé relâche des perturbateurs endocriniens

On a longtemps considéré à tort que le plastique était biologiquement inactif. Or aucun plastique n’est complètement inerte.

Chauffés, tous les plastiques se dégradent, des substances migrent dans la nourriture et dans l’air ambiant. Tous les plastiques soumis à un stress relâchent des produits chimiques qui se comportent comme des hormones humaines : les perturbateurs endocriniens.

Ces perturbateurs endocriniens entraînent des troubles du développement, des troubles du métabolisme ou du comportement, des cancers voire des perturbations du système immunitaire. Cela est particulièrement vrai pour l’enfant ou pour la femme enceinte.

Pas d’effet de seuil pour les perturbateurs endocriniens

La législation actuelle sur les produits chimiques raisonne en dose journalière admissible (DJA). Or les données scientifiques actuelles montrent qu’il faut opérer un changement de paradigme dès lors que l’on parle de perturbateurs endocriniens :
– ce n’est plus la dose qui fait le poison ;
– les effets sont plus forts à faible dose, différés dans le temps et transgénérationnels ;
– il y a, en outre, des effets-cocktails.

Les chercheurs sur le cancer montrent aujourd’hui du doigt les effets cancérogènes d’une exposition à de faibles doses sur une longue période (8 ans de cantine scolaire en école primaire pour nos enfants).

Pour les perturbateurs endocriniens, il n’existe pas d’effet de seuil. C’est ce que soulignait déjà un rapport de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologique du 12 juillet 2011 et c’est ce qu’a acté la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) en avril 2014.

Quid du polypropylène, principal composant de ces barquettes ?

À l’état pur, ce plastique, identifié par le code 5, semblait le plus stable. Mais un plastique est toujours le mélange d’un polymère de base avec de nombreux additifs (antioxydants, colorants…). Cette composition n’est pas communiquée au consommateur et peut varier. Or certains plastiques sans Bisphénol A (pour l’heure, seul perturbateur endocrinien interdit dans les contenants alimentaires, NDLR) rejettent plus de perturbateurs endocriniens que ceux qui en contiennent ! Moralité : ces barquettes en polypropylène ne devraient pas non plus être chauffées.

C’est ce qu’a montré une étude américaine de 2011 (Most Plastic Products Release Estrogenic Chemicals : A Potential Health ProblemThat Can Be Solved) ayant bénéficié d’une bourse du National Institute of Environmental Health Science, affilié au ministère de la santé américain.

Comme le souligne notamment le Réseau Environnement Santé, la législation actuelle est défaillante. Les substances qui contaminent volontairement ou pas l’alimentation doivent être exclues des contenants alimentaires et des procédés de fabrication.

Le système de réchauffement des plats en liaison froide avec utilisation de barquettes ne nécessite pas l’utilisation de plastique. Il fonctionne aussi avec des plats en inox. Les barquettes en plastique de différentes tailles sont privilégiées pour faciliter la gestion des quantités. Mais quid des déchets occasionnés et du coût financier de ces barquettes sans cesse à renouveler ?

Une pétition sans effet

L’école de mes enfants se situe à Floirac, dans l’agglomération bordelaise. Il s’agit du groupe scolaire Léon Blum. Avec 180 parents, nous avons décidé en avril 2015 une action commune après plusieurs mois de dialogues infructueux.

Une pétition pour l’abandon du plastique au profit de l’inox est lancée. La réponse est tombée fin juin. Arguant du fait que les barquettes répondent aux normes en vigueur, la mairie estime qu’elle n’a pas les compétences techniques et scientifiques pour se prononcer sur leur toxicité et ne souhaite pas réorganiser les restaurants scolaires pour permettre l’utilisation de plats inox.

De plus, les documents des fournisseurs de barquettes en plastique qui nous ont été remis attestent bien d’un transfert de matière plastique dans leurs tests. Doit-on se sentir rassurés sachant que la quantité qui migre dans l’assiette des enfants est inférieure à la quantité tolérée par la législation ?

Nous avons regretté cette décision surtout que nous avons appris bien plus tard qu’une pétition similaire aux Sables d’Olonne avait obtenu gain de cause.

Bien entendu, Floirac et les Sables d’Olonne ne sont pas les seules villes dont les cantines fonctionnent en liaison froide avec des barquettes en plastique. Ce procédé très répandu est conforme à la réglementation. Il est d’ailleurs utilisé, entre autres, dans certaines cantines de Bordeaux et de Mérignac.

Marie Bisseriex
Enseignante et parente d’élèves


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