Publié ce vendredi, l’arrêté préfectoral sur les épandages de pesticides avait d’abord été soumis à la consultation du public du 17 mars au 8 avril 2016. Par voie de communiqué, le préfet indique :
« Près de 150 contributions, émanant de particuliers, de parents d’élèves, d’associations, d’élus, de viticulteurs ou d’organisations professionnelles agricoles ont ainsi été analysées, conduisant à enrichir ou préciser le projet d’arrêté sur plusieurs points : exclusion du champ de l’arrêté des produits phytopharmaceutiques à faible risque, clarification de la définition des espaces publics concernés, encadrement renforcé des filets de protection. »
En conséquence de quoi, le préfet « renforce » les mesures déjà applicables depuis juin 2014, après l’intoxication d’enfants dans les locaux de leur école à Villeneuve-de-Blaye suite à un épandage jugé « inapproprié » qui a suscite beaucoup de débats. La liste des établissements scolaires s’élargit aux crèches, haltes garderies, aire de jeux, établissements de santé.
Noël Mamère tance le CIVB, « pucelle effarouchée »
Rappelant que la Gironde fait partie des mauvaises élèves en France dans l’utilisation des pesticides, Noël Mamère sur TV7 ce vendredi a rappelé que la viticulture est à l’origine de 95% de ces épandages et indique à sa manière que le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) doit prendre ses responsabilités :
« Il faut que le CIVB arrête de jouer les pucelles effarouchées en nous expliquant que les pesticides ‘ça n’a pas de conséquences et qu’on ne les utilise pas’. Il faut arrêter de ne pas vouloir reconnaître la vérité. »
Le député-maire écologiste de Bègles demande aussi que la FNSEA cesse d’accuser la viticulture biologique, faisant référence aux vifs débats concernant l’intoxication des écoliers de Villeneuve-de-Blaye.
« Qui peut bien être rassuré ? »
L’installation de haies est encouragée, tout comme l’utilisation de matériels de pulvérisation « limitant la dérive lors du traitement ». Aussi, « en l’absence de ces mesures de prévention », l’application de pesticides est interdite durant certaines plages horaires (20 minutes avant et après le début et la fin des activités scolaires et périscolaires, pendant les récréations, de 7h à 19h pour les crèches avec dérogation si des modalités particulières sont e place pour éviter la présence des enfants dans les espaces de plein air).
Enfin, il ne sera pas possible de réaliser des épandages à moins de 50 mètres de ces établissements pour les parcelles d’arbres fruitiers ou viticoles. Un épandage qui pourra être réduite jusqu’à 5 mètres selon le matériel de pulvérisation utilisé. Pour ces quelques mètres vierges de tout épandage, la préfecture ne tranche pas sur leur devenir ni sur leur conversion en bio, ni sur des alternatives de traitement.
Dans sa contribution envoyée au Préfet, la Confédération Paysanne dénonçait déjà les mesures sur les horaires de traitement :
« La période de 20 mn prévue pour les établissements scolaires semble dérisoire pour des produits classés nuisibles pour la santé humaine, qui sont assortis de délais de ré-entrée de 48h dans les parcelles contiguës, situées parfois à 2m ! L’effet « aspersion directe » est le seul pris en compte alors même qu’existe aussi l’effet vaporisation. Qui peut bien être rassuré par une telle mesure ? »
Sûrement pas Marie-Lys Bibeyran, de l’association Info Médoc Pesticides, qui auprès de l’AFP s’inquiète d’un « manque de volonté » signifiant que « le poids économique de la viticulture dans le département l’emporte sur l’enjeu de santé alors que l’on a des éléments probants quant aux effets des pesticides sur la santé. »
Durcissement
Contactée par Rue89 Bordeaux, l’ouvrière viticole indique que « l’arrêté est fidèle » au projet soumis à consultation, puis s’interroge :
« Cette consultation a-t-elle seulement été consultée par le cabinet du Préfet ? Plus sérieusement, c’est se moquer de ses concitoyens et de leur santé, en premier lieu de celle des enfants ! Comment peut-on encore aujourd’hui prétendre qu’une haie ou un filet peuvent protéger ? Le Préfet ne prend pas ses responsabilités vis à vis de la population, et je pense que l’on va au devant d’un durcissement de la situation avec une société civile aujourd’hui bien au fait des risques sanitaires liés aux pesticides et de ses droits en la matière et des autorités administratives et des institutions viticoles qui rendent tout dialogue impossible. »
Par ailleurs, cet arrêté arrive alors que débute les épandages et au lendemain de la publication de la carte des victimes des pesticides diffusée par l’association Générations Futures. Elle collecte les témoignages de riverains, de parents d’élèves, d’ouvriers agricoles dont une dizaine se trouve en Gironde.
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