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Deux militants d’Extinction Rebellion jugés en appel pour une action visant Total à Bordeaux

Ils comptaient déployer une banderole place de la Bourse pour dénoncer les agissements de Total Energies, sponsor du Tour de France, lors de son passage à Bordeaux l’été dernier. Et ont été condamnés en première instance pour dégradations légères d’une publicité pour un 4X4. Leur avocate a plaidé la relaxe.

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Deux militants d’Extinction Rebellion jugés en appel pour une action visant Total à Bordeaux
Les deux militants d’XR le jour de leur audience en appel

En première instance, lors d’une audience en correctionnelle jeudi 30 novembre 2023, ils ont chacun écopé d’une amende avec sursis de 1000 euros pour « dégradations légères », plus 1 560 euros à verser à la partie civile. Après avoir fait appel, deux militants d’Extinction Rebellion ont à nouveau été confrontés à l’entreprise de mobilier urbain publicitaire, JC Decaux, constituée partie civile, ce vendredi 21 juin.

Le 7 juillet 2023, alors que la Grande Boucle faisait étape dans la capitale girondine, Lucie et Gabriel ont été interpellés après avoir escaladé un échafaudage de l’Hôtel des Douanes, place de la Bourse.

Ils comptaient décrocher une affiche géante installée par JC Decaux, et faisant la publicité d’un SUV électrique, pour déployer une banderole dénonçant Total Énergies, financeur et « invité d’honneur » de l’événement. On pouvait y voir un coureur cycliste au maillot jaune levant les mains pleines de pétrole avec le message : « Total, invité du tour de France Total seul vainqueur du tour de France ». 

Délogés avant d’avoir pu mener à bien cette action de désobéissance civile, les deux militants, aujourd’hui âgés de 22 et 24 ans, avaient été placés en garde-à-vue.

Liberté d’expression

Face à la cour d’appel, Lucie et Gabriel réaffirment le sens de leur action au nom de la liberté d’expression :

« Nous voulions toucher un maximum de personnes, dans un événement qui réunit un public venu de tous horizons. Une étude a révélé que Total connaissait l’impact du réchauffement climatique depuis les années 70 et a mis en place des stratégies pour le nier. »

La présidente, Noria Faucherie, tente de recentrer les débats : « J’ai bien compris le message, mais vous êtes là pour dégradations ». Pour le conseil de JC Decaux, Maître Xavier Flécheux, le droit de propriété est un droit tout aussi fondamental que la liberté d’expression :

« Ces installations [publicitaires] ont un coût et permettent de financer la rénovation de bâtiments publics. Il y avait aussi le risque, en décrochant l’affiche existante, qu’elle ne tombe sur la voie publique. »

À l’instar du parquet, l’avocat de JC Decaux demande la confirmation de la peine appliquée en première instance.

État de nécessité

L’argument de la sécurité est balayé par Louise Dumont-Saint-Priest, avocate des deux militants qu’elle a comparé à des « lanceurs d’alerte » :

« Des barrières étaient présentes, il y avait donc une distance certaine avec le public. Ils ont exercé un droit consubstantiel à la vie démocratique, la liberté d’expression. Elle a une protection encore plus grande quand il y a un sujet d’intérêt général. Ils étaient dans une forme d’action pacifique, non violente, visant à des avancées politiques et sociétales. Lucie et Gabriel appartiennent à une génération au pied du mur face au réchauffement climatique. Ils veulent agir. »

Sur la base de l’état de nécessité (qui a permis notamment la relaxe de deux militants à Lyon ayant décroché le portrait d’Emmanuel Macron), l’avocate a plaidé la relaxe des deux activistes d’Extinction Rebellion. En cas de nouvelle condamnation, un pourvoi en cassation n’est pas exclu. La décision a été mise en délibéré au 20 septembre prochain.


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