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Coupé Court, festival de courts métrages « libre mais nécessaire »

Du 19 au 21 mars, « Trouble et moi », la 17e édition du festival Coupé Court a décortiqué le sentiment amoureux à L’Envers. Organisé par l’association des étudiants en sciences de l’information et de la communication « C’est par ISIC » de l’Université Bordeaux Montaigne, le festival propose deux jours de projections de courts métrages et une soirée de clôture autour de concerts.

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Coupé Court, festival de courts métrages « libre mais nécessaire »

Visuel du festival Coupé Court (DR)
Visuel du festival Coupé Court (DR)

Le mercredi 19 mars, la première soirée en partenariat avec l’Agence du court métrage de Paris présente une dizaine de films proposés par l’Agence et choisis par les membres organisateurs. Une sélection de films aboutis et remarqués dans les festivals. En voici deux exemples.

« Ce n’est pas un film de cow boy » de Benjamin Parent

« C’est pas un western. Y’a des cow boy et tout mais c’est un truc nouveau », dit Vincent, grand blond au physique de petit dur, à son pote Moussa. Le film dont il parle c’est « Le secret de Brokeback Mountain » passé la veille à la télé. Lorsque Vincent lâche : « C’est un western de PD », on imagine le pire… Que nenni ! À 14 ans, le caïd du lycée est simplement touché par une histoire d’amour. Il avoue même « avoir pleuré à la fin ».

Dans les toilettes des filles, ça tchatche sévère aussi entre Jessica et Nadia. Et les gros sabots n’arrivent pas forcément d’où l’on pense. Alors que l’une compose délicatement avec la bisexualité de son père, l’autre la renvoie cruellement à « l’erreur » de sa naissance. Entre fille et garçon, les rôles se mélangent et personne n’a donc l’apanage de la sensibilité.

En privilégiant la spontanéité de ces interprètes, le réalisateur Benjamin Parent balaye les stéréotypes sans tomber dans la psychologie à outrance. Un travail d’improvisation maîtrisée (certains dialogues ont été réécrits) qui pose avec justesse les mots débités à la mitraillette.

Le film a reçu plusieurs prix dont le meilleur court métrage à la Semaine de la Critique à Cannes en 2012.

Ce n’est pas un film de cow boy de Benjamin Parent avec Malivaï Yakou, Finnegan Oldfield, Leïla Choukri, Garance Marillier – Fiction – 2012 – 12 mn

« Walking on the wide side » de Dominique Abel et Fiona Gordon

On a découvert l’univers déjanté de Dominque Abel et Fiona Gordon, duo d’acteurs indissociables dans leurs longs métrages, « Rumba » (2008) et « La fée » (2011). Un coup de foudre artistique qu’ils ne cessent de réinventer à l’écran dans des histoires d’amour burlesques et poétiques, à la frontière du drame et de la comédie. Ce court métrage, un peu plus ancien, était déjà sous cette marque de fabrique.

Dans un décor très années 80, un grand dadais un peu niais, « lui », se rend au travail. Sur le chemin, il percute une jeune femme, « elle », couettes et robe vintage sur de longues jambes. Hébété et abasourdi, il la recroise « au travail » où il lui demande ses services dans un bégaiement terrible.

« Elle » est femme de ménage mais « lui » ne le sait pas. Un accord est donc convenu, « une demi-journée par semaine, 250 francs au noir ». Le jour J, le malentendu perdure. Elle devant l’état de l’appartement, « en tout cas, vous avez besoin de moi » n’acceptant un café que « pendant la pause ».

Le romantisme et l’humour des films de Abel et Gordon viennent aussi de leurs moments les plus triviaux. Elle se laisse filmer aux toilettes, lui dans un déshabillage pour le moins désordonné et compulsif. Dans ces scènes ordinaires et quotidiennes, le cocasse peut survenir à chaque instant même lors du pliage d’un drap. Un comique de situation qui n’a pas besoin de paroles, les mimiques expressives des interprètes disent déjà tout.

Walking on the wide side de et avec Dominique Abel et Fiona Gordon – Fiction – 2000 – 13 mn

Le jeudi 20 mars, la deuxième soirée présente les films reçus et sélectionnés après un appel national à court métrage lancé du 19 décembre au 19 février. Voici deux coups de cœur de cette sélection.

« Pour le meilleur » de Marie Vernalde

Betty ne veut rien de ce que lui propose la coiffeuse. Seulement quelque chose de simple, de pratique. Le type de cérémonie ? « Très simple, très intimiste et sans frais ». Betty se marie, oui, mais sans chichi : « pas de fête, pas d’invité, pas de traiteur ». Le voyage de noce est prévu à Stockholm : « j’espère qu’on aura beau temps ». Une première scène très drôle où la jeune femme prend à rebrousse poil tous les fantasmes du mariage.

Vêtue d’une robe blanche (quand même) et d’un blouson en cuir (on ne se refait pas), Betty se rend… en prison. Car c’est là qu’elle va se marier avec Vincent qui purge une peine de 10 ans. Mais les barrettes du chignon ne passeront pas le portail de sécurité. Ironie de l’histoire, l’éprouvante séance de coiffure sera restée vaine. Malgré un engagement à vie et une solitude annoncée, Betty sait qu’elle a fait le bon choix. Elle n’a pas eu beaucoup de chance avec les hommes, mais « celui-ci, c’est le bon ».

C’est en lisant un article dans Libération sur le quotidien des épouses de prisonniers que Marie Vernalde, la réalisatrice, a eu l’idée de parler de ces femmes qui ont fait le pari fou d’une histoire d’amour à distance. En quelques minutes, on se surprend à croire à ce couple qu’on ne voit pas et dont on ne sait pas grand chose.

Sans éclat mais avec espoir, la réalisatrice continue l’exploration de l’univers carcéral déjà présent dans ces précédents courts métrages : « Le parloir » en 2007 et « Magic Like » en 2008.

Pour le meilleur de Marie Vernalde avec Claire Dumas, Patrick Descamps, Nicole Colchat – Fiction – 2013 – 15 mn

« Noces d’écailles » de Vincent Richard

Après les noces d’argent, les noces d’or ou les noces de diamant voici les noces d’écailles ! Un point de départ un peu dingue pour une œuvre inventive.

Un poisson tombe du ciel pendant la cérémonie de mariage de Beckie. Son amoureux, y voyant un mauvais présage, prend ses jambes à son coup. La future mariée n’a plus qu’à écraser une larme avant de rentrer seule avec le poisson, jetant bague et fleurs.

Les saisons passent, l’automne puis l’hiver. Beckie continue à s’occuper de son poisson tout en ignorant les appels de son amoureux. Jusqu’au jour où son bras se couvre d’écaille. Il n’y a pas à dire, ce poisson elle l’a dans la peau. Voilà qui  la ramène sur les pas de son ex-futur mari.

Métaphore optimiste sur le sentiment amoureux, ce court métrage est affaire d’harmonie et de fluidité dans la réalisation. Le graphisme épuré aux couleurs douces offre un univers poétique.

Il n’y aura aucun mot échangé durant ces 4 minutes. Seules les chansons sensuelles et envoûtantes du groupe scandinave « My bubba and mi » nous emporteront dans un voyage dans le pays du folk.

Monteur de formation, le réalisateur Vincent Richard a soigné chacun de ses plans comme autant de tableaux. De la belle ouvrage !

Noces d’écailles de Vincent Richard – Animation – 2013 – 4 mn

Le Palmarès du festival

Pendant la soirée de clôture, un jury composé de professionnels – Laurence Charollais comédienne de théâtre et Camille Auzanneau, régisseur – a distingué « Dring of the dead » de Gaël Pouveau et Mathieu Auvray, un film d’horreur déjanté dont ils ont salué l’audace malgré le peu de moyens, et a décerné une mention spéciale à « Looking for » d’Audrey Jean-Baptiste, déambulation dansée dans l’espace urbain, pour la beauté esthétique de son film.


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