L’exposition « Interstices » a été conçue spécialement pour l’espace « Rezdechaussée ». L’accrochage propose à l’intérieur même de la production picturale un parcours qui déploie par un cheminement du regard une expérience phénoménologique du rapport à l’espace d’exposition.
Arpenter l’exposition permet de parcourir visuellement les labyrinthes figurés et de circuler dans le corpus d’œuvres, notamment entre le « Prisme » et le « Bloc ».
Avec la peinture, le pastel sur bois, le fusain avec ses opacités et ses transparences, ou encore le stylo-bille, la cire ou le savon, l’artiste reformule les enjeux de l’acte créatif par l’hétérogénéité des médiums et des langages.
Un jeu de construction empirique
Les recoins « Rincones », les signes et sensations récoltés dans l’espace familier (parquet, canalisations) sont suggérés comme des éléments du monde saisis par un regard attentif et sensible.
Patrice De Santa Coloma détermine son propre système de réverbérations de lumière dans la pénombre pour nous absorber au cœur d’un environnement pictural complexe. Il développe des procédés de construction et de déconstruction pour nous égarer par un langage pictural, engendrant la reconstitution de notre lecture des espaces intérieurs.
Les structures réalisées ou représentées se distordent au fur et à mesure que nous évoluons dans des espaces indéterminés et parfois inquiétants, qui se font et se défont.
La peinture suggère des surfaces hybrides, à la fois minérales et végétales, dans un intérieur tortueux ou dans les souterrains labyrinthiques d’une ville.
Un langage organique
L’expérimentation perpétuelle de conception de nouveaux espaces souligne la connaissance qu’a De Santa Coloma d’un langage qu’il a développé pour à la fois nous égarer par immersion dans le détournement du code perspectif et nous guider par un système chromatique.
La déstabilisation du regard invite le regardeur à jouer un rôle actif, à chercher des repères, des chemins de lecture de l’espace pictural tumultueux et poétique. Ainsi, par des effets de proximité ou de distance, des espaces fantomatiques se dilatent, rétrécissent, respirent.
Le fusain surligne et structure l’étirement des surfaces et des volumes comme si, dans ces espaces de fuite toujours en recommencement, l’apaisement se trouvait dans les zones hypersolarisées très absorbantes et méditatives.
Passerelles entre art et littérature
Dans sa recherche plastique, Patrice De Santa Coloma a étudié et expérimenté des liens possibles entre art et littérature, concernant notamment les univers narratifs d’Horacio Quiroga, Jorge Luis Borges et plus récemment Ernesto Sabato.
À travers divers médiums, Patrice De Santa Coloma crée sur neuf panneaux de bois cirés et lustrés la zone d’expérience « Maderas ». Cet ensemble renvoie par réminiscence à l’univers décrit dans « La casa Tomada » de Julio Cortázar, écrivain argentin du fantastique et du surréalisme.
Ainsi, la constellation au mur s’est affranchie du châssis et le pastel de teinte oxyde de cuivre entre en résonance avec les tons chauds du bois ciré. L’équilibre des masses, traitées à la manière d’une écriture, s’apparente au transit d’un essaim en vol, sublimant les panneaux à son déplacement.
« L’interstice présente ce passage, un mouvement dans l’immobile. Il est l’espace entre les plans, il relie le territoire avec l’image. Il permet d’avancer. » Extrait. Patrice De Santa Coloma, janvier 2014.
Patrice De Santa Coloma est un artiste franco-argentin. Né en 1967 à Buenos Aires, il vit et travaille à Bordeaux depuis 2006. Il est titulaire d’un Master of Arts de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle de la London School of Printing depuis 1997.
Exposition jusqu’au 20 avril à la galerie
Rezdechaussée / lieu d’intention artistique
66, rue Notre-Dame – Bordeaux
Contact : Christine Peyrissac / 06 64 61 88 87
Site internet de Patrice De Santa Coloma
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