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Dans le Bordelais, des vignes envenimées

Cancers, Parkinson, problème de fertilité… Les pesticides déversés dans les vignobles sont accusés de tous les maux. Des études scientifiques révèlent que l’Aquitaine est une des régions les plus touchées ; les cas d’intoxication et les affaires de reconnaissance de maladies professionnelles s’y multiplient. Pourtant, l’épandage bat son plein. Enquête.

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Dans le Bordelais, des vignes envenimées

Épandage de pesticides dans le Médoc (DR)
Épandage de pesticides dans le Médoc (DR)

L’étau se resserre autour du vignoble bordelais et des pesticides qu’il emploie. Dernier élément à charge : lundi 5 mai, 23 enfants et une enseignante de l’école primaire de Villeneuve-de-Blaye (Gironde) ont été victimes de divers symptômes suite à l’épandage, le matin même, d’un fongicide sur des vignes qui bordent l’établissement. L’enquête de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Aquitaine a mis en cause un épandage mené dans « des conditions inappropriées sans qu’aient été prises toutes les précautions pour le voisinage ». Entre autres : une interdiction de fréquenter le lieu durant 24 à 48 h.

Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, Michel Delpuech, le préfet de la région Aquitaine et de la Gironde, a demandé à ses services de mettre en place deux mesures : sensibiliser les agriculteurs et viticulteurs sur les conditions d’emploi des pesticides et recenser les sites sensibles, notamment les écoles, pour y mettre en place des mesures de prévention comme des haies brises vent, barrières de protection, adaptation des horaires de traitement… Des mesures qui ne visent aucunement la quantité de pesticides employés et qui paraissent bien dérisoires compte tenu de la volatilité des produits déversés.

D’autres intoxications… et des maladies graves

Ces cas d’intoxication aiguë ne sont pas isolés. En avril, c’est une ancienne ouvrière viticole des vignes du Bergeracois, Sylvie Sorneau, qui a fait parler d’elle pour avoir vécu des symptômes similaires. Elle a obtenu, après sept années de combat judiciaire, la reconnaissance de la faute inexcusable – une première en France ! – du château Monestier La Tour qui l’employait, à Monestier (24), suite à son intoxication aux pesticides en 2007. Elle avait été victime de migraines, vomissements, nausées et vertiges, alors qu’elle travaillait sur une parcelle du vignoble du château traitée la veille. Sylvie Sorneau s’y trouvait dès 6h30, alors qu’un délai de 24 heures est imposé pour protéger des résidus présents sur le feuillage.

En janvier dernier, un autre cas a été présenté au tribunal des affaires de sécurité sociale de Bordeaux, sans avoir, lui, obtenu gain de cause pour l’heure : celui de Denis Bibeyran, ouvrier viticole dans un château du Médoc, décédé des suites d’un cholangiocarcinome (un cancer des voies biliaires) le 12 octobre 2009, à l’âge de 47 ans. Pour sa sœur Marie-Lys, qui a porté l’affaire en justice pour une reconnaissance de maladie professionnelle, pas de doute : ce cancer a été causé par la manipulation de pesticides (fongicides, insecticides et herbicides) par son frère depuis l’âge de 25 ans  utilisés dans le traitement de la vigne.

« Mon frère menait une vie saine, mais cela faisait 21 ans qu’il bombardait les vignes de traitements phytosanitaires, souligne la jeune-femme âgée de 35 ans, également employée viticole (en contrat saisonnier). Quand les premiers symptômes de sa maladie sont apparus dix mois avant sa mort, il a commencé à se poser des questions sur le lien entre sa pathologie et sa profession. Il a essayé d’en savoir plus auprès de son médecin et de son employeur, mais ce fut peine perdue : son médecin lui a répondu qu’on en saurait plus…dans vingt ans et son employeur est resté silencieux. Il y a une véritable omerta sur le sujet. »

Cri d’alarme

Marie-Lys Bibeyran se bat pour faire reconnaître la mort de son frère comme étant liée à l'utilisation des pesticides (DR)
Marie-Lys Bibeyran se bat pour faire reconnaître la mort de son frère comme étant liée à l’utilisation des pesticides (DR)

Un an après le décès de son frère, Marie-Lys, titulaire d’une maîtrise de droit, a, à son tour, entamé des recherches et des démarches auprès de la MSA (Mutualité sociale agricole), l’organisme de protection sociale des salariés agricoles, pour la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle.

« Pas pour les indemnités, mais pour lancer un cri d’alarme, souligne-t-elle. J’ai réussi à obtenir de l’employeur la liste des substances que mon frère avait utilisées entre 2000 et 2008, notamment de l’arsénite de soude, un fongicide qui a été interdit en 2001. Mais il ne m’a pas remis la liste des produits utilisés entre 1984 et 2008. C’est de la mauvaise volonté : il savait qu’ainsi il rendait ma tâche quasi impossible ! Je me suis ensuite rapprochée du médecin généraliste de mon frère qui n’a pas rechigné à établir un certificat médical selon lequel “il est possible que la maladie [de Denis] fut d’origine professionnelle”. Puis j’ai découvert que le cas de mon frère n’était pas isolé. »

Trois ans après l’ouverture de la procédure, la mauvaise nouvelle est tombée le 7 janvier dernier : d’après la justice, il n’y a pas de lien clairement établi entre la maladie de Denis Bibeyran et son travail. La raison ? Sa maladie n’est pas aujourd’hui reconnue comme une maladie professionnelle liée aux pesticides par le régime agricole. Dépitée, Marie-Lys Bibeyran ne baisse pas les bras pour autant et fait appel.

Pour l’heure, aucune date d’audience n’a été fixée. Elle devrait avoir lieu au courant de l’année 2015, selon Maître François Lafforgue, avocat de Marie-Lys Bibeyran, et dont le cabinet est spécialisé dans les dossiers d’exposition aux pesticides, à l’amiante, aux métaux lourds, aux rayonnements ionisants et autres catastrophes sanitaires.

Maître Lafforgue est plutôt confiant quant à l’issue de l’affaire Bibeyran, depuis la reconnaissance de faute inexcusable dans le cas de Sylvie Sorneau :

« C’est une décision dont nous pourrons faire état dans le dossier de Marie-Lys Bibeyran. Elle s’inscrit dans une évolution jurisprudentielle favorable à la reconnaissance de maladies professionnelles liées à l’utilisation de pesticides par les ouvriers et exploitants agricoles. Nous pourrons également nous prévaloir de différentes décisions récentes rendus par des tribunaux qui ont retenu le lien entre des maladies (Parkinson, lymphomes et autres hémopathies) contractées par des salariés agricoles et leur exposition potentielle aux pesticides. »

Menaces et intimidations

Quoi qu’il en soit, « ce sont des procédures extrêmement longues, il faut s’armer de patience », rappelle Marie-Lys Bibeyran. Et de beaucoup de courage. Car l’habitante de la petite commune de Listrac (Gironde) – où tous, y compris le maire, sont viticulteurs de père en fils – s’attire les foudres de nombreux riverains :

« Avec mon employeur, j’ai de la chance, cela se passe bien et il a conscience des dangers des pesticides : nous ne retournons sur les parcelles traitées qu’après un délai de 48h. En revanche, j’ai reçu des menaces et intimidations de personnes liées de près ou de loin à l’activité viticole. On m’a dit de faire attention car “un coup de fusil est vite parti” ! On a demandé à mon employeur de se libérer de moi. Les coups bas, je m’y étais préparée car je connais le milieu. Mais les menaces sur mon entourage proche, je ne les supporte pas : mon conjoint, également employé viticole, est l’objet de harcèlement, et ma fille Solenn, 9 ans, a de moins en moins de copines. »

Le récit de ses altercations, Marie-Lys les publie chaque jour sur une page Facebook, aiguisant en retour les critiques à son encontre.

« J’ai été isolée comme un(e) paria. Les autres parents, qui ont peur de vivre la même chose, n’osent pas parler, même s’ils sont plutôt satisfaits de ma démarche. C’est malheureux que la peur l’emporte sur la santé de leurs enfants », regrette-t-elle.

Elle déplore particulièrement l’inaction du maire de la commune, Christian Thomas, viticulteur à la retraite, et la faible mobilisation du corps médical : un seul médecin du Médoc a signé l’appel des 85 médecins du Limousin contre les pesticides…

La jeune femme n’a pas non plus pu compter sur le soutien de ses parents. Son père, aujourd’hui âgé de 82 ans, est un ancien maître de chai des grands châteaux de Listrac. « Pour lui, c’est difficile de remettre en cause ce qui a toujours constitué sa façon de travailler, et d’accuser les membres de son milieu, confie-t-elle. Quant à ma mère, elle est malade depuis le décès de mon frère. Elle a développé la maladie de Parkinson. » Pathologie pour laquelle il est officiellement admis depuis 2012 qu’elle peut être liée à une exposition aux pesticides. Or la mère de Marie-Lys a toujours vécu à proximité de parcelles de vignes et y a travaillé.

Pourquoi Marie-Lys Bibeyran continue à travailler dans une exploitation viticole ?

« Parce que j’aime mon métier, je travaille dans les vignes depuis l’âge de 16 ans, d’abord ponctuellement, pour financer mes études, puis en permanence. Mais il m’est de plus en plus difficile d’exercer cette profession tout en continuant de militer : je vais finir schizophrène ! Et puis, j’ai un ras-le-bol du milieu », avoue-t-elle.

Viticulteurs et riverains contaminés

Souhaitant savoir à quel point les salariés viticoles et les riverains des vignes sont contaminés par les pesticides, elle a initié, dans le Médoc en octobre 2012, avec l’association de défense de l’environnement et de la santé Générations futures, l’enquête « APAChe » pour « analyse de pesticides agricoles dans les cheveux » – analyse des mèches de cheveux de 25 personnes salariées viticoles ou non, riverains de vignes ou non et témoins vivants loin des vignes.

Les résultats sont accablants : les salariés viticoles ont 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne que les non professionnels habitant loin des vignes, et les riverains ont 5 fois plus de résidus que les habitants éloignés ; par ailleurs, plus de 45 % des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux Etats-Unis et plus de 36 % d’entre elles sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens. Perturbateurs endocriniens dont on sait qu’ils peuvent augmenter les risques de cancers, d’obésité et provoquer des effets néfastes sur le développement neurologique, la sexualité ou la fertilité.

Les enfants pas épargnés

Forts de ces résultats, Marie-Lys Bibeyran et l’association Générations futures ont lancé en décembre dernier un autre volet à l’enquête : ils ont cette fois fait analyser la concentration en pesticides de mèches de cheveux de trente enfants vivant ou allant à l’école dans des zones agricoles – dont Solenn, la fille de Marie-Lys. Les résultats révélés en avril dernier sont tout aussi alarmants : plus de 21 résidus de pesticides perturbateurs endocriniens (PE) ont été retrouvés en moyenne par enfant – et 24 chez Solenn, dont les deux parents travaillent dans les vignes. Or ces substances sont nocives à des doses infimes.

Marie-Lys Bibeyran s’est également attelée à recenser dans la commune les personnes atteintes de cancers ces dix dernières années : « Il y a beaucoup de cas de cancers du poumon et tous sont viticulteurs ».

Autant d’enquêtes intéressantes, mais sans prétention scientifique comme l’admet Marie-Lys Bibeyran, qui déplore le manque d’études sur le sujet de la contamination.

« Qu’il y ait des pesticides chez les viticulteurs n’est pas une surprise. Est-ce que ces doses sont inquiétantes ? On ne peut pas le dire trop rapidement, tempère Isabelle Baldi, médecin épidémiologiste à l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (ISPED), à Bordeaux, qui dirige l’étude Cérénat sur l’exposition aux pesticides et l’apparition d’une tumeur cérébrale, dont les résultats devraient paraître avant fin 2014. De même, quels perturbateurs endocriniens ont des effets sur la santé et à quelles doses ? En l’état actuel des connaissances, c’est impossible à dire de manière définitive. »

L'Aquitaine est la région la plus touchée par la baisse de la concentration en spermatozoïdes du sperme entre 1989 et 2005 (Institut de veille sanitaire)
L’Aquitaine est la région la plus touchée par la baisse de la concentration en spermatozoïdes du sperme entre 1989 et 2005 (Institut de veille sanitaire)

Quand Bordeaux rime avec tumeur au cerveau

Mais les études montrant que l’exposition aux pesticides a des effets sur la santé sont nombreuses. En juin 2013, une expertise collective de l’Inserm a fait le point sur les connaissances en la matière, passant en revue toute la littérature scientifique internationale des 30 dernières années. Elle montre des liens entre l’exposition aux pesticides et l’augmentation du risque de certains cancers : le cancer, certains cancers hématopoïétiques et peut-être aussi les tumeurs du cerveau.

Sur ce dernier point, Isabelle Baldi a mis en place un enregistrement des tumeurs cérébrales en Gironde depuis 15 ans, qui montrent une augmentation de l’incidence de certaines d’entre elles au cours du temps.

Côté maladies neurodénégératives, cela n’est pas mieux : l’expertise Inserm rapporte un doublement du risque de maladie de Parkinson chez les personnes exposées professionnellement aux pesticides, particulièrement aux insecticides et aux herbicides (notamment les produits organophosphorés).

Produire du vin peut entraîner un effet cocktail

Toutefois, il est encore difficile de savoir exactement quels sont les mécanismes d’action en jeu dans les maladies pointées et quelles molécules pourraient être en cause.

« Des pesticides, il en existe des milliers (NDLR : 100 familles chimiques, 1000 molécules et près de 10 000 formulations commerciales), souligne Isabelle Baldi. Nous avons des soupçons spécifiques sur certains, mais de nombreux autres n’ont pas fait l’objet d’études épidémiologiques. En outre, les conséquences sur la santé du mélange de pesticides, appelé « effet cocktail », ne sont pas évaluées aujourd’hui. »

Pour l’heure, que faire lorsque l’on est ouvrier ou exploitant viticole ? Se barder de combinaison de protection, masques, n’utiliser que des cabines étanches et autres matériels de dernier cri homologués aux prix rédhibitoires ? Inutile, dit en substance Alain Garrigou, enseignant chercheur au département Hygiène, sécurité et environnement à l’IUT de Bordeaux 1, auditionné en 2012 lors d’une mission parlementaire d’information sur les pesticides :

« Pour certains produits, il n’existe pas de combinaison efficace. (…) Aujourd’hui, les industriels ne savent filtrer que des grosses particules et ne sont pas capables de fabriquer des systèmes de filtration pour des fines particules ou des aérosols. Or les techniques de pulvérisation actuelles vont produire des particules et aérosols qui ont quasiment un comportement physico-chimique de gaz. Un agriculteur qui achètera une cabine avec un système de filtration sera davantage protégé que sans cabine, mais sera néanmoins contaminé à terme. »

On est les champions

Alors que la France est le premier utilisateur de pesticides en Europe (et troisième mondial après les Etats-Unis et le Japon) avec 62 700 tonnes de substances actives vendues en 2011, dont 20 % pour la seule viticulture, ces questions se posent d’autant plus.

Le plan « Ecophyto » lancé en 2008, suite au Grenelle de l’environnement, vise à réduire de moitié le recours aux pesticides d’ici 2018 et à exclure les substances dangereuses. Si l’on en croit le ministère de l’agriculture, une révolution est en marche : Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, a en effet annoncé en décembre dernier une baisse substantielle de l’usage des pesticides entre 2011 et 2012 : le NODU (nombre de doses unités) a diminué de 5,7 % entre ces deux années. Une victoire qui ne tiendrait néanmoins qu’à l’utilisation de données obsolètes, selon Le Monde.

En Aquitaine, les indicateurs montrent eux aussi une baisse du recours à ces substances : entre 2010 et 2012, la quantité de substances actives (QSA) à usage agricole vendues est passée de 5681 tonnes à 4594 tonnes ; de même, entre 2006 et 2010, les indicateurs de fréquence de traitement (IFT, qui comptabilisent le nombre de doses homologuées appliquées par hectare pendant une campagne culturale) auraient diminué de 30 %.

Des chiffres à prendre avec précaution toutefois, prévient la DRAAF, car 2006 fut marquée par une forte pression de mildiou tandis qu’en 2010, il n’y avait aucune menace sanitaire particulière.

« Le nombre de traitements va bien sûr dépendre de la présence ou non de maladies et ravageurs, mais aussi des conditions météo, souligne Patrick Vasseur, viticulteur et responsable du dossier Ecophyto à la Chambre régionale d’agriculture Aquitaine. Il y a en moyenne entre 15 et 16 traitements par an dans la vigne en Aquitaine. C’est certes plus qu’en Languedoc-Roussillon où ils ont plus de soleil, mais c’est moins qu’en Champagne où ils ne prennent aucun risque. La vigne, nous sommes obligés de la traiter si l’on souhaite qu’elle produise ! Toutefois, les pratiques ont beaucoup évolué en vingt ans et nous sommes passés de l’usage de 800 matières actives à 350. Aujourd’hui, dans le cadre d’une agriculture raisonnée, on ne pulvérise plus systématiquement et on utilise moins de matières actives à l’hectare. »

Les traitements aériens ont eux aussi diminué en Aquitaine : les accords de dérogations sont passés de 141 (sur 141 demandes) en 2011 à 7 (sur 18 demandes) en 2012, faisant chuter la surface des parcelles traitées par voies aériennes de 20 203 hectares à 1916 hectares.

Le changement des modes de production serait-il en marche ? Le monde agricole peut en tout cas compter sur les pesticides pour lui rappeler que ces substances sont destinées à… tuer.

A LIRE
Enquête « La vigne dans le sang » de Michel Bessaguet dans la revue « XXI », 15,50 €. Actuellement en kiosque.


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