Média local avec zéro milliardaire dedans

Roskilde, le festival danois où chacun fait ce qu’il lui plaît plaît plaît

C’est le plus vieux festival européen et il se trouve au Danemark. Roskilde réunit des amateurs de rock de tout genre, mais pas que. On y vient aussi pour des expos, faire du skate et participer à des jeux nordiques… Le récit d’une semaine électrifiée passée chez les Vikings.

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Roskilde, le festival danois où chacun fait ce qu’il lui plaît plaît plaît

Roskilde 2014 au Danemark (JL Séré)
Roskilde 2014 au Danemark (JL Séré)

Les festivals d’été…

Comme l’amour sans lendemain, les glaces en cornet, les coups de soleil et les saucisses carbonisées, l’été est aussi la saison des festivals de musique. Dès juin ils sont pléthore à proposer des programmes souvent très attractifs dans des domaines et styles allant du pré-baroque sur instruments oubliés au post-post punk néo-expérimental sur instruments amplifiés (dont nos tympans se souviennent parfois encore l’hiver venu).

En quelques années ce genre d’événements culturels a essaimé partout en Europe répondant à une attente du public ayant soif de découvertes et ayant soif tout court. Les marques de bière ont vite flairé la bonne affaire pour en devenir les principaux sponsors avec dans la plupart des cas une situation de monopole partout où elles ont remporté l’appel d’offre. C’est ainsi qu’il n’y a pas mieux par exemple qu’un festival espagnol pour déguster une marque célèbre de bière hollandaise.

La mondialisation ne respecte vraiment rien. Les spécialités locales, c’est pas son truc. Puisque, c’est bien connu, le vrai rockeur est un buveur de bière, les festivals de rock ont très vite été pensés pour ressembler à d’immenses bistrots à ciel ouvert où le délicieux breuvage glacé dévale en cascade les parois abruptes des gosiers addicts des admirateurs des Ramones, grands buveurs de bières désormais tous devant l’Eternel. (Good bye Tommy see you).

Les festivals de rock c’est un peu comme la fête de la bière de Munich mais dans une ambiance musicale plus pointue. Et avec infiniment moins de gros lourds torchés, aussi accessoirement…

… sont des festivals abordables

Un autre avantage du festival est de proposer une programmation riche et variée contre un prix de billet somme toute peu élevé. L’hébergement camping étant compris, payer en moyenne une centaine d’euros pour plusieurs jours de concerts où se bouscule le gratin du votre genre musical favori, ça reste une bonne affaire (Le Pass semaine complète à Roskilde est de 200 euros).

Une autre explication du succès des festivals est l’arrivée en force des tarifs de transports aériens low cost qui permettent au festivalier de consacrer l’essentiel de son budget à l’achat d’un pass (et des bières qui vont avec) sans ruiner ses relations avec son chargé de compte bancaire. (Ne pas oublier de manger aussi un peu).

Enfin du point de vue des artistes les festivals permettent à ces derniers d’organiser de lucratives tournées en attendant que le marché du disque retrouve ses couleurs d’antan et qu’un juriste génial et transfrontière trouve la parade au pillage des droits d’auteurs sur internet. Autant dire que les festivals ont de beaux jours devant eux.

La scène de Roskilde (JL Séré)
La scène de Roskilde (JL Séré)

Roskilde, plus vieux festival européen

A titre personnel, s’il y a bien un festival que j’affectionne plus particulièrement c’est celui de Roskilde au Danemark. Plus vieux festival européen puisque créé en 1971 par deux étudiants en communication dont l’un est toujours aux manettes aujourd’hui, ce festival « rock » au sens souple, attire chaque année toujours plus de fans de rock donc mais aussi de pop, rap, hip hop, metal, urban, indie, world et electro avec des passerelles sur toutes les scènes pour passer de l’un à l’autre.

Un certain savoir faire des organisateurs danois explique ce succès mérité. Un sens abouti de l’organisation et du service procure au festivalier de Roskilde un relatif confort pour l’hygiène de son corps meurtri par les nuits blanches (douches chaudes avec files d’attente de moins d’une heure sauf aux heures de pointe) et le rechargement si précieux de son portable ou de son appareil photo (délai d’attente de quelques minutes pour la prise en charge de vos batteries).

A cela s’ajoute une multitude d’activités n’ayant plus grand chose à voir avec la musique démontrant s’il en était encore besoin que le festivalier ne se sent pas obligé de coller aux horaires imposés par les enchaînements de concerts. A Roskilde plus qu’ailleurs chacun fait ce qu’il lui plaît plaît plaît, l’instant présent se vit pleinement car il est fait de décompression, de décontraction, de spontanéité de relâchement, de rencontres dans des lieux les plus divers : salles d’expos, piste de skate, ateliers de troc, de bricolage, cuisine, coiffure, sports en tout genre, musculation, massage, jeux nordiques, tatouages, il y a même un lac pour pêcher à la ligne, un autre pour se baigner, etc… à tel point qu’une partie non négligeable des festivaliers viennent pour cette ambiance de parc de loisirs décalés où chacun fait ce qu’il lui sied au rythme qui lui plaît et réciproquement.

On y rencontre une certaine éthique aussi. Roskilde est un festival qui reverse l’intégralité de ses bénéfices (autour de 2 millions d’euros) à des organisations caritatives. Les Danois sont aussi passés maîtres dans le recyclage des tonnes de déchets charriés par les festivaliers par un système ingénieux de consigne qui fait l’affaire des roms de la région et de tous ceux qui veulent se faire un peu d’argent pendant le festival.

Des activités extravagantes sont proposées au festivaliers (JL Séré)
Des activités extravagantes sont proposées au festivaliers (JL Séré)

Là où l’enfer peut venir s’installer

Cette année encore pas moins de 100000 entrées payantes se sont entassées dans les campings spartiates du site pour participer au plus près à l’événement rock de l’année dans cette région de l’Europe. Dans ces campings de l’extrême, chacun est tenu de planter sa tente au plus prés de celle du voisin afin que tout le monde loge. Si votre voisin a décidé de faire la fête toutes les nuits avec ses potes vous êtes mort. Il convient donc de bien observer l’équipement des uns et des autres avant de planter ses sardines.

Et si par malchance la pluie se met de la party, vous vous ferez très vite une idée plus précise de l’enfer sur terre. Le sol champêtre pouvant à tout moment se transformer en boue, il est plus que conseillé de prévoir des vêtements de pluie, un bonnet chaud et surtout des bottes en caoutchouc. Bien sûr vous trouverez tout sur place dans les boutiques en cas de besoin mais attention les couronnes danoises sont dures en affaire.

Cette année il y a eu un seul jour de pluie en début de semaine, ce qui fait de 2014 un très bon cru météo. Quand il perce, le soleil danois cogne fort, prévoyez des lunettes de soleil, plutôt délirantes de préférence.

Malgré ces conditions d’hébergement précaire, la jeunesse des principaux pays d’Europe du Nord ne raterait pour rien au monde ce rendez-vous pour lequel elle se prépare avec soin longtemps à l’avance (déguisements, grosse déconnade à thème, accueil ciblé de certains artistes…). On ne devrait fréquenter que les festivals où l’on peut (mal) camper… Pour échapper au confort ennuyeux de l’hôtel. Pour le bonheur absolu de retrouver ce confort après 6 nuits passées dans le chaos… A chaque fois on se dit « mais qu’est ce que je suis venu foutre dans cette galère viking ? » Et à la fin on se dit « vivement la prochaine fois » tant les moments magiques sont nombreux au fil de la semaine.

Les Rolling Stones étaient à l'édition 2014 du festival (JL Séré)
Les Rolling Stones étaient à l’édition 2014 du festival (JL Séré)

ZE Rolling Stones au programme

Cette année comme tous les ans une prog éclectique réunissait pas moins de 150 groupes d’une trentaine de pays sur 7 jours et 8 scènes répartis comme suit : une poignée de très grosses têtes d’affiche stars planétaires (ZE Rolling Stones ou Stevie Wonder par exemple cette année), une trentaine de groupes de cylindrées moindres mais reconnus pour leurs qualités artististiques et mobilisatrices et enfin le reste de la prog dévolu aux artistes en devenir.

C’est aussi cette part belle à la découverte qui fait le charme de Roskilde sachant que les groupes de la scène scandinave forcément bien représentée sont souvent d’une meilleure tenue que les groupes espagnols ou français (mais c’est un avis personnel).

Une autre bonne raison de vous rendre à Roskilde est l’ambiance bon enfant qui y règne, l’absence d’agressivité et le spectacle continu dont on ne se lasse pas de cette foule joyeuse qui va et qui vient dans l’insouciance la plus totale. L’ambiance est celle d’une fête gigantesque. Surtout n’oubliez pas votre appareil photo pour garder un souvenir de toute les scènes déjantées que vous croiserez en vous baladant sur le site des campings, des chapiteaux magnifiques, de la « dream city » où chacun peut s’improviser en s’y prenant à partir de mars, architecte-bâtisseur de la ville de ses rêves…

L’aventure en voiture

Cette année une envie d’autoroutes allemandes (entièrement gratuites) nous avait poussé mes amis et moi même à tenter l’aventure en voiture depuis Bordeaux. Le GPS nous indiquant la distance de 2100 kilomètres, nous avions programmé deux jours pour parvenir au Ferry du port allemand de Puttgarden qui en une petite heure de plus nous assurait la traversée jusqu’au côtes danoises.

Tout se passa comme prévu sauf pour les deux derniers kilomètres que nous avons parcouru en… 5 heures tant les bouchons aux différentes entrées du site étaient inextricables, seul point noir à mettre au passif de l’organisation. Accéder aux 250 hectares du site n’est donc pas une mince affaire et une fois récupéré notre bracelet « Roskilde 2014 » nous avons pu planter notre tente autour de minuit le dimanche soir. Dès lors notre semaine de festival et la découverte du site pouvaient commencer ! Yeah !!!


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