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Plonger en Aquitaine : 5 spots pour mettre la tête sous l’eau

Avec ses eaux froides, agitées et souvent turbides, le littoral aquitain n’offre peut-être pas les plus beaux fonds marins de la planète ni les meilleures conditions pour plonger. Néanmoins, on peut y faire de belles découvertes. Voici cinq endroits insolites où plonger, pour débutants ou confirmés.

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Plonger en Aquitaine : 5 spots pour mettre la tête sous l’eau

La plongée sous-marine en Aquitaine a ses adpetes (DR)
Entre le Gouf, le Chariot et les bunkers sous-marins, la plongée en Aquitaine a ses adeptes (DR)

Anémones de toutes les couleurs, herbiers où se cachent les hippocampes… Les fonds sous-marins du bassin d’Arcachon cachent bien des surprises. Même si les côtes sableuses de l’Aquitaine limitent la vie aquatique, celle-ci peut se développer sur des rochers et épaves. Et si vous profitiez de cette fin d’été pour chausser les palmes ?

1 – On fait plouf au « Gouf »

A 300 m du rivage de Capbreton (Landes) se trouve une curiosité géologique méconnue et qui passionne les océanographes du monde entier : la fosse du « Gouf », un canyon océanique – de la taille de celui du Colorado ! – qui pourrait atteindre 3400 m de profondeur, témoin des vastes mouvements des plaques tectoniques qui ont éloigné la péninsule ibérique de la France.

Pour les plongeurs, la descente dans ces vallées sous-marines sinueuses et étroites s’opère le long de pentes abruptes à ne pas heurter. Bien sûr, ils n’explorent que la tête du canyon, qui se trouve à des profondeurs accessibles à des plongeurs en bouteille, pas les abysses. Cette zone préservée des courants abrite de nombreux poissons et quelques mammifères marins comme des dauphins, qui vivent entre 30 et 60 m de profondeur. Attention : le Gouf est réservé aux plongeurs chevronnés.

2 – On tente le « Chariot » à Pyla

A l’extérieur du bassin d’Arcachon, à environ 3 km des côtes, se trouve par 30 m de fond un étonnant engin sous-marin à chenilles : un « traîneau d’ensouillage » qui a servi au début des années 70 à des travaux d’assainissement du bassin d’Arcachon et a été abandonné là, suite à la faillite de l’entreprise allemande.

Depuis, il fait le bonheur des plongeurs. Car on peut y rencontrer de nombreux poissons : des congres (anguilles de mer pouvant atteindre jusqu’à 3 m de long), des tacauds et des bars de grande taille… « J’en garde un bon souvenir », raconte Daniel Choquet, plongeur mérignacais aguerri davantage habitué aux mers chaudes et plus limpides du Sud.

Petits bémols : pour plonger au Chariot, il faut une météo parfaite et être titulaire au minimum d’un niveau 2 pour franchir les passes du bassin d’Arcachon. Sinon, le bassin réserve d’autres plongées, comme celle du « grand banc » par exemple, où l’on pourra observer des hippocampes dans les herbiers ou de nombreux lièvres de mer (aplysies) ou seiches. Un site allant de 4 à 7 m, très prisé par les naturalistes et idéal pour faire découvrir le monde sous-marin aux enfants, qui en sortiront émerveillés.

3 – On visite les bunkers sous-marins à Gaillouneys et Sabloneys

Situés à l’entrée du bassin d’Arcachon, à proximité de l’emblématique dune du Pyla, des blockhaus construits pendant la seconde guerre mondiale ont été totalement immergés dans l’océan. A l’origine, ils se situaient au haut de la dune. Les garnisons allemandes y surveillaient les arrivées aux passes du bassin d’Arcachon – porte d’entrée de Bordeaux en cas de débarquement – avec pour mission de signaler tout navire suspect.

Mais la dune reculant de quelques mètres chaque année, certains blockhaus ont été engloutis. Ces vestiges du « Mur de l’Atlantique » ravissent désormais les plongeurs qui traversent les casemates, car la faune marine y a proliféré : on peut y voir des corynactis (petites anémones) fixées, mais aussi des congres, crustacés (araignées de mer, étrilles…) et des poulpes. Les blockhaus de Sabloneys, ancienne station radar de la marine allemande, se trouvent entre -6 et -18 m, et sont les plus riches en faune.

  • Sélection de clubs qui y vont :
    Pyla plongée à La Teste-de-Buch

4 – On explore le « Capitano Tarantini »

Au large de l’embouchure de la Gironde repose à 36 m de fond le « Capitano Tarantini », un sous-marin italien de 77 m d’envergure, coulé le 9 décembre 1940 avec ses 52 sous-mariniers. Pour découvrir l’épave, il faut accepter de plonger dans des eaux verdâtres, à la visibilité changeante et avoir été formé à la plongée au Nitrox, un mélange d’air suroxygéné.

En bas, on découvre l’épave du submersible qui est devenue un support pour la faune fixée et un abri pour poissons et autres crustacés : tourteaux, tacauds et congres… Sur le côté tribord, on peut observer l’ancre du sous-marin enchâssée dans son écubier. Elle est colonisée par des œillets de mer. On découvre aussi le support d’un canon sans la pièce d’artillerie qui a dû chavirer. Au-dessus de l’épave s’érige l’imposant kiosque de l’engin, sur lequel trônent deux imposants périscopes. Une plongée saisissante mais confidentielle, réservée à une poignée de plongeurs confirmés.

Au stade nautique de La Teste-de-Buch, on peut contempler des œuvres d'art sous l'eau, dans la fosse de plongée (DR).
Au stade nautique de La Teste-de-Buch, on peut contempler des œuvres d’art sous l’eau, dans la fosse de plongée (DR).

5 – On plonge dans le Grand Bleu à La Teste-de-Buch

La toute nouvelle fosse de La Teste-de-Buch (Gironde), inaugurée en décembre 2013, se livre à une expérience unique : l’une des toutes premières expositions mondiales sous-marines. Baptisée Zoom exp’eau 33 (et organisée par le Groupe Equalia), elle présente jusqu’au 31 août prochain des œuvres de l’artiste parisien Jacques Hirou. Architecte de métier ayant travaillé sur des projets de maisons sous-marines, il a réalisé sur bois 180 tableaux de paysages surréalistes aux formes fascinantes sorties de son imagination, tous en bleu de cobalt.

Quarante-deux des œuvres de Jacques Hirou ont été reproduites en grand format sur des plaques de PVC avant d’être immergées dans l’unique fosse de plongée d’Aquitaine, celle de La Teste-de-Buch. Celle-ci mesure 6 m de diamètre et 20 m de profondeur – dont 3 m enterrés et 17 m hors sol, telle un château d’eau.

Les tableaux présentés sur quatre colonnes distinctes, à différentes profondeurs, sont accompagnés de quelques citations d’auteurs (Rousseau, Orsenna…). Elles sont éclairées par la lumière du jour grâce à deux hublots et par des lumières artificielles.

« Le meilleur moment pour la visiter se situe aux alentours de 16h, quand les rayons du soleil passent à travers les hulots », conseille Patrick Mevel, responsable du développement plongée du stade nautique.

Les visiteurs admirent les œuvres munis de palmes, d’un masque, d’un gilet de stabilisation et d’une bouteille d’air, détendeur à la bouche.

« C’est la seule exposition où l’on peut admirer un tableau la tête en bas, et sous toutes ses coutures. C’est très original », s’enthousiasme Jean-Baptiste Sibarita, plongeur aquitain de niveau 2 depuis une dizaine d’années.

Dix-neuf plongeurs seulement sont tolérés à la fois. Au-delà, « c’est une usine à bulles », souligne Patrick Mevel.

Et pour l’instant, seule une vingtaine de plongeurs ou apnéistes sont venus exprès pour la visiter. Ils voient dans les formes représentées toutes sortes de choses : méduses, crustacés, petits personnages, matrices, ovules ou spermatozoïdes… L’artiste – qui n’est pas plongeur – parle, lui, d’ « une porte vers un autre réel ».

Les visiteurs restent 40 à 45 minutes sous l’eau, chauffée au bois et au gaz naturel – des énergies renouvelables – à 28°C. « C’est la température de l’eau en Asie du Sud-Est », s’amuse Patrick Mevel. De quoi motiver les plus récalcitrants.

Pour visiter l’exposition subaquatique, il faut être titulaire au minimum d’un niveau 1 de plongée et dans ce cas être accompagné d’un moniteur du stade nautique. Les niveaux 2 peuvent s’y « promener » en binôme sans accompagnement spécifique. On n’oublie pas de s’y rendre avec un certificat de plongée (FFESSM ou PADI).

Le stade nautique offre la possibilité de passer le niveau 1. Au prix de trois jours de formation et 400 euros. Option plus simple et moins onéreuse : faire un baptême de plongée (dès 8 ans) pour 25 euros (au lieu de 35 euros habituellement). On peut alors admirer les œuvres jusqu’à 8 m de profondeur, ce qui donne un petit aperçu.

En outre, pour les non plongeurs, d’autres tableaux au bleu de cobalt de Jacques Hirou sont exposés en milieu aérien dans les centres aquatiques d’Arcachon et de Gujan-Mestras. Un voyage pictural hors du commun entre eau et air à découvrir seul ou en famille.


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