Aimer le camping et passer ses vacances en ville, profiter du CAPC, du miroir d’eau et du quai de Paludate, avant de dormir dans une tente. Le camping Beausoleil et le Village du Lac, les seuls sites d’hébergement de plein air de l’agglomération, accueillent chaque année de plus en plus de touristes qui délaissent la côte. Reportage à Bordeaux Lac.
Calé entre la rocade, le chantier du grand stade et le centre commercial Bordeaux-Lac, le camping international de Bordeaux fait office d’oasis. Depuis 2009, le lieu accueille tour à tour exposants, professionnels du vin, ouvriers, étudiants… et touristes. Un succès qui a engendré un agrandissement rapide du site. En cinq ans il a doublé son nombre de places totales et est passé de 92 hébergements locatifs à 240.
« Notre clientèle a toujours été à 50% professionnelle et à 50% touristique, mais depuis un ou deux ans, nous avons une clientèle familiale qui arrive », explique Marc Tanguy, le directeur du site.
Suivant les professionnels qui ont adopté ce lieu, proche du Parc des expositions, les touristes s’y intéressent de plus en plus.
« On fait 50% du chiffre d’affaires sur le mois, mais nous sommes en progression, précise le directeur, en juillet nous avons fait 20% de plus que l’an dernier sur le locatif et 10 % sur le camping ».
« La mer ? Nous y allons toute l’année ! »
La tendance est donc l’inverse de celle observée sur le littoral médocain, où les professionnels du tourisme sont 47% à déclarer que leur activité est en baisse par rapport à l’an dernier.
Catherine et Olivier, des Calaisiens, accompagnés de leurs quatre enfants et du petit ami de leur fille, n’ont pas hésité à prendre possession d’un cottage près de Bordeaux pour dix jours. Pour eux, les vacances se passent en ville.
« Chaque année, nous choisissons une ville. La mer ? Nous y allons toute l’année! lâche la mère de famille, un brin blasé. Ce que nous aimons ici, c’est de pouvoir profiter de la ville et de ses alentours, et se détendre l’après-midi au camping ».
Alors, pendant qu’elle s’affaire dans le chalet, sa fille prend le soleil au bord du lac et son fils fait connaissance avec d’autres adolescents sur le terrain de jeux. Une vie de camping, en somme. A la fois proche et loin de l’effervescence urbaine.
Esprit camping, y es-tu ?
Cette clientèle, Marc Tanguy ne pensait pas qu’elle arriverait aussi massivement et selon lui, il s’agit plus d’un mode de vie que d’un choix économique.
« En pleine saison, ce n’est pas beaucoup moins cher que l’hôtel, reconnaît-il, ici il faut compter 32 € la nuit pour un emplacement de tente avec une voiture, contre 39 € pour un hôtel premier prix ».
Et pour un cottage de quatre personnes, il faut compter entre 700 et 900 € la semaine. Ce qui attire ici, c’est la possibilité d’être dans un environnement calme et vert à deux pas de l’animation de la ville.
Le camping, c’est l’unique raison pour laquelle Marie-Geneviève et Céline ont atterri à Bordeaux pour une semaine.
« Nos maris rénovent un appartement à Bordeaux, alors nous on en profite pour prendre des vacances », explique l’un des deux Vendéennes.
Mais pour elles, Bordeaux Lac ne mérite pas ses 4 étoiles. Elles regrettent le manque d’animation. Pas de club pour enfants, pas d’animations le soir… Malgré la piscine et une structure gonflable, l’esprit camping n’y est pas, estiment-elles.
Pas de concours de T-shirts mouillés
Si Marc Tanguy assure que l’an prochain des animations pour enfants verront le jour, pour répondre à la demande, il n’ira pas plus loin.
» Pas de concours de t-shirts mouillés, ironise-t-il, mais peut-être des dégustations de vin… »
Ici, ne comptez donc pas sur une ambiance dareladirladada. L’attraction, c’est Bordeaux, les vignobles et le bassin d’Arcachon. Le site bénéficie d’une station VCub et d’une ligne de bus régulière (avant, il s’agissait d’un bus à la demande). Les résidents peuvent laisser leurs voitures sur place. Ceux qui adhèrent à ce nouveau mode de tourisme sont pleinement satisfaits du fonctionnement.
Jennifer, Gérard et Aurélien viennent ici depuis trois ans. Ils ont totalement adopté le mode de vie que l’on peut qualifier de « camping urbain » : pétanque le matin, ballades à Bordeaux l’après-midi.
« On est tout le temps à Bordeaux et quand on veut aller à la mer, ce n’est pas compliqué », commente le jeune homme avant de terminer sa partie de pétanque.
Bordeaux n’est plus une étape, mais une destination
Cet attrait pour le camping urbain n’étonne pas l’office du tourisme. Les gens souhaitent de plus en plus être basés à Bordeaux, même s’ils continuent à découvrir les alentours. Un phénomène relativement récent : en 10 ans, la ville a enregistré une hausse de 65% du nombre de nuitées taxées et a multiplié par cinq le nombre de consultations sur son site internet.
Bordeaux est devenue un city break (une ville où l’on passe entre deux et cinq jours), au même titre que les grandes villes européennes. Un succès qui a même donné lieu cette année à un nouveau titre de transport adapté aux touristes urbains : le Bordeaux City pass. Vendu pour un, deux ou trois jours, il donne accès aux transports en commun, à 20 musées et monuments, à une visite en visiobus et aux visites guidées du Bordeaux Unesco. Oui : on peut vivre sous une tente Quechua et aimer l’architecture classique XVIIIe siècle.
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