La première université d’été du Mouvement Français pour un Revenu de Base s’est tenue les 21, 22 et 23 août à Coulounieix-Chamiers en Dordogne. Dans ce cadre, une rencontre atelier a eu lieu à Bordeaux pendant les journées d’Europe Écologie-Les Verts. Entretien avec son animateur, Marc Morisset.
Et si chaque citoyen recevait un revenu inconditionnel, qu’il soit pauvre ou riche, actif ou chômeur ? Un revenu de base, qui sera le même pour tout le monde, cumulable même avec d’autres revenus. L’idée détonne et étonne !
Marc Morisset, élu EELV à Saint-Médard-en-Jalles, est défenseur de ce projet. Il a animé une rencontre atelier qui a réuni, entre autres, Karima Delli (députée européenne) et Jean Desessard (sénateur) dans le cadre des Journées d’été d’Europe Écologie-Les Verts en liaison avec la première université d’été du Mouvement Français pour un Revenu de Base qui s’est tenue à Coulounieix-Chamiers (24).
Il y a deux ans, Marc Morisset s’est impliqué dans la question du revenu de base avec une conviction personnelle qui l’a amené à investir dans un matériel de base : une banderole, des T-shirts et des pins. Il y a vu un changement indispensable aux paradigmes dominants qui correspond à ses idées écologiques.
« L’EELV avait déjà une idée semblable dans son programme, celle de réserver aux jeunes entre 18 et 25 ans un revenu qui permettrait leur lancement dans la vie active. Une idée qui était défendue par Eva Joly pendant la dernière présidentielle. »
Il s’est retrouvé propulsé par son parti à la défense de cette question. Persuadé que cette idée est entrain de faire sa place dans la politique européenne, voire internationale, il nous explique ses bienfaits dans une société « fatiguée de courir après le profit ».
Rue89 Bordeaux : Le revenu de base inconditionnel, c’est quoi ?
Marc Morisset : Je me réfère à sa définition officielle sur le site :
« Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. »
J’ajouterai que c’est un revenu qui se veut émancipateur et permettrait d’assurer une existence dans la dignité et une participation dans la société. Il sous-tendrai à extraire la société de ses références monétaires.
Comment le Revenu de base peut-il être financé ?
Il y a plusieurs propositions qui ont été définies depuis une trentaine d’années. Elles prouvent que l’idée est réalisable. Le plus dur évidemment est de tester.
Il y a trois sources possibles. La première se trouve dans la théorie de Yoland Bresson, décédé malheureusement le lendemain de notre atelier. Il évoque la mise en place d’un pourcentage du PIB sur trois ans pour amorcer un premier financement.
La deuxième source est la simplification des aides déjà en place. Cette révision est également nécessaire. Toutes les dépenses en ce sens devraient être réunies pour alimenter le revenu de base et faire en sorte que les contrôles pour le droit aux aides existantes soient supprimés. Ce qui constitue en soit des économies.
La troisième source est l’impôt sur le patrimoine.
On retient donc qu’il faut supprimer des aides pour financer le revenu de base…
Il faut permettre surtout à chaque personne de se détacher de l’emploi. Si le revenu de base suffit à un certain niveau de vie pour elle, elle se consacre à autre chose. Elle peut ainsi aider son entourage. Ce qui permettra de réduire les dépenses dans certains secteurs et aspirer par là à une société moins consumériste.
Pourquoi le revenu de base doit être inconditionnel sachant que certains n’en auraient pas besoin ?
C’est un principe important. Le revenu de base devrait être un droit constitutionnel. Les personnes qui n’en ont pas besoin et qui y accèdent malgré tout comprendront la notion de partage et ne se sentent pas exclues ou en position injuste de payer pour les autres. C’est un changement de paradigme auquel les personnes aisées participent.
Les trois piliers de la République se trouvent ainsi honorés :
– La liberté : des individus de la société se retrouvent détachés de l’emploi et pourront ainsi se consacrer à d’autres contributions comme je l’ai évoqué, à savoir le bénévolat, les tâches d’intérêt commun…
– L’égalité : le caractère inconditionnel du revenu de base illustre bien ce point.
– La fraternité : c’est le moteur de cette idée qui a pour objet de recréer une société moins marchande.
Mais il reste l’ambition, c’est dans la nature humaine !
Prenons pour exemple un jeune à la recherche d’emploi. Il est tenu donc de vivre en ville, lieu où les emplois sont plus faciles à trouver. Il trouve un travail. Pour s’y rendre, il doit se trouver un moyen de transport qui constitue une dépense. Dans certain cas, il se retrouve dans le cadre de son travail à participer à une urbanisation et une extension de la ville.
Pour pousser l’exemple, un terrain qui appartient à sa famille dans le village d’où il est natif se retrouve soit sur la tracé d’une autoroute, soit sur les plans d’un supermarché. Il participe alors à sa disparition.
Si on repart à zéro et que ce jeune ne soit pas dans la survie et dans l’urgence de trouver une source de revenus, le terrain en question lui aurait peut-être donner envie d’un projet : la création d’une amap ou autre.
De ce côté, le revenu de base déverrouille des envies comme celle de participer à une société avec des projets utiles, en opposition aux grands projets inutiles.
Sachant qu’il va attirer les convoitises, comment peut on rendre ce revenu européen voire international ?
Il y a déjà un mouvement mondial qui défend cette idée : le BIEN. Il a d’abord été le Basic Income European Network en 1986 avant de devenir le Basic Income Earth Network en 2004. Ce mouvement compte parmi ses fondateurs Yoland Bresson.
A l’échelle européenne, le Revenu de base concourt au statut de l’Initiation citoyenne européenne (ICE). Pour 2014, 285 000 signatures ont été récoltées alors qu’il en fallait un million. Pour 2015, les modalités de l’ICE sont à revoir, nous sommes en attente.
A l’échelle mondiale, c’est un mouvement qui se greffe sur les flux financiers. Tous les pays sont concernés. Il y a différents niveaux de vie dans différents pays. Le revenu de base permettra un rééquilibrage de ces niveaux.
Son développement dans certains pays pourrait même contribuer à la lutte contre la corruption.
Concrètement, puisque vous dites qu’il y a des calculs qui rendent le revenu de base possible, quel pourrait être son montant ?
Il est estimé environ à 500 € dans un premier temps, comme une amorce de la dynamique. C’est une somme qui peut paraître dérisoire dans certaines villes, mais suffisantes dans d’autres, notamment dans les zones rurales. Ce qui permettrait une redensification de ces zones.
Il faut miser aussi sur le temps libre des personnes qui ne seront plus dans la contrainte de l’emploi. Ces personnes pourraient mettre en place une nouvelle économie basée sur le partage et l’échange. Je rappelle que ce pourrait être aussi une solution pour débarrasser notre société de ses impératifs marchands.
Comment a été développée cette idée lors de votre atelier ?
Il a été question d’autonomie dans l’application du Revenu de base. Cette autonomie permet aussi bien à l’individu de s’émanciper dans notre société comme dans d’autres sociétés et dans d’autres pays. Ce qui aide à la lutte contre l’immigration en général, et l’immigration clandestine en particulier, dans la mesure où les populations pauvres retrouvent de quoi subvenir à leurs besoins.
Nous avons également abordé une des théories de Pierre Rabhi : celle de satisfaire nos besoins sans pour autant détruire les ressources de nos enfants.
Ces ateliers reprendront pour la semaine européenne du Revenu de base qui aura lieu entre le 15 et le 21 septembre un peu partout en Europe. Dans le cadre de cette semaine, des plans d’actions s’y préparent à Bordeaux. Affaire à suivre…
L'ensemble des aides sociales distribuées + leurs coûts de fonctionnement doivent déjà représenter un pactole, commençons par là en réformant les allocations familiales et la retraite au passage ...
Dans la question de coût il faut intégrer aussi tout ce qui est coût de la pauvretés en terme de conséquence. Augmentation des maladies, de la violence, des vols et autres problèmes de sécurité, ça coûte très cher ! Diminution de la capacité de s’émanciper, de réfléchir, de créer, bref de produire la richesse (peu importe sa forme) de demain
« Les mots, nous leur mettons des masques, un bâillon sur la tronche
A l'encyclopédie, les mots!
Et nous partons avec nos cris!
Et voilà! » - Léo Ferré.
Voici maintenant neuf ans que j'observe les différents courants qui prennent position sur l'idée d'une apaisante « base vitale pour tous, sans condition » – chaque greffon ayant sa propre teinte idéologique, les productivistes, les marchands, les décroissants, les travailleurs de gauche de droite, partis et partisans, etc. , amène un potentiel de réflexions certes mais tellement disparates de quant à soi que le résultat espéré par beaucoup risque de se terminer encore tel le serpent qui se mord la queue.... mais, le sujet dont j'aimerais vous entretenir n'est pas là, puis, les craintes...comme le dit Solon : « Si tout est incertain, pourquoi craindre quelque chose ? »...
En fait, certains termes de langage entendus avant et lors de ce première université me semblent incertains voire fort ambiguës et peuvent entraîner multiples mé-compréhensions et provoquer de maintes mésusages. Or, comme le dit un ami :
« Les mots du pouvoir prouvent bien le pouvoir des mots. Ce n’est pas un slogan. Ou alors l’apprentissage de la formule qui formule (la solution). D’où graves manquements au respect des autres de qui piétine « ce ne sont que des mots », il devrait être beaucoup plus attentif car, à y regarder de très près, c’est le seul domaine où le capitalisme dépense sans compter, sans jamais regarder, calculer, chipoter, etc…A flux tendus, il fonce et déverse sa vénéneuse propagande irrationnelle et si irréaliste, sans cesse, sur nous – ses otages captifs. Ce n’est donc pas en dévalorisant les mots que nous nous en sortirons – mais bien en reprenant tous les mots de leurs mains indignes…(merci, pour nous c’est déjà fait !!!)…oui oui, ce système est vraiment à la merci des mots….quel mot va l’abolir ? »
Revenu...jamais venu, comment pourrait-il revenir et abolir puisque nous ne l'avons jamais tenu ni obtenu, ni d'ailleurs vu venir ? Je n'en reviens pas ! *<;o})
Salaire, i.e. la somme donnée au soldat pour acheter leur sel... Salé pour les salariés avariés de la guerre actuelle à l'économique – non ?
Allocation, dividendes, dotations, DIA, RMA, RDB du MFRB, etc, etc, etc...
Mon voisinage - voire moi-même - se perd dans ce verbiage qui ne sort pas du giron du paradigme actuel de la technocratie machiniste et de son système totalitaire marchand et globalisant, j 'oserai même dire - nous y maintient. Il m'apparaît grave et dommage que le potentiel d'apaisement qu'un tel changement de paradigme renferme ne puisse transpirer, comme il le devrait, de tout ce flot de concepts. Pourtant, notre langue nous le permet, nous en fait présent - Payer c’est apaiser, c'est instituer la Paix, chacun sa PAYE et c'est la PAIX. Une PAYE citoyenne c'est la PAIX dans la cité. Une PAYE sociale offre la PAIX sociale...
« Cette simplicité très accessible et compréhensible par tout le monde à la fois…fait que nous ne supporterons plus que les cancres capitalistes, ces fouteurs de merde planétaire égale à l'image négative de l'anarchie qu'ils osent promouvoir de leurs thuriféraireries médiatiques, ces insurgés du bon sens, ces émeutiers face à toute raison, réalité ou vérité, que ces malsains factieux de la sagesse mondiale viennent perturber cette chance incroyable (ils n'ont rien à proposer d'aussi décisif et d'aussi valable: ce n'aura toujours été que de déplorables bricoleurs!), non, nous ne l'accepterons pas » - me délivre notre ami !!!
Voilà, j'espère ne pas avoir été trop brouillon pour un autodidacte diversitaire, diversiforme... qui, grâce à des êtres comme Étienne, Patrick, Frédéric, Franck, François et maintes autres parmi vous, peut progresser et œuvrer à l'avènement de la « CIVILisation » (i.e. CIVIL, hors calice et épée). Imposer économiquement la rareté par obsolescence décidée ou spéculation est la marque d'un monde qui n'est pas encore sorti de sa barbarie. Marx ne parlait-il pas « du passage du règne de la nécessité au règne de la liberté » ? Smith qui était dans le même registre ne disait-il pas : « une fois le problème économique [la rareté] sera réglé, on pourra s’atteler à l’essentiel (…) [la construction] de la République philosophique », qui est la rencontre des questions premières qui se posent à l’humain (étymologie : humus, ce qui fait de nous des fruits de la Terre) à savoir « la question du vivre ensemble », « la question amoureuse » et « la question du rapport au sens ». ? Keynes, lui, parlait de son côté « de l’au-delà de l’économie » et il allait jusqu’à inciter ces collègues économistes à l’humilité [on y revient, humble humain] en disant qu’un économiste n’aura pas plus d’importance qu’un dentiste ». P. Viveret, lui, ajoutant non sans humour que tout en ayant de la considération pour les dentistes, « nul ne songerait à fonder le lien social sur la dentisterie », comparaison implicite avec l’économie a laquelle on assigne absurdement ce rôle.
*** Précisions de présentations.
Vous avez dû noter l'émergence d'un mot nouveau – « diversitaire ». En effet, nettement plus progressiste et scientifique est le diversiforme « diversitaire ». Désormais, il prend la place « d'universitaire » puisque le dessèchement affectif et le refus inargumenté de l'usage de la sensibilité, des intuitions, des sentiments et des émotions comme disciplines de savoir – a rétréci par trop le champ réel de ses exigences. Universitaire c'est le risque du savoir étriqué, diminué, contracté à une seule dimension. Plat comme une feuille de papier en deux dimensions.
Quant à la parole d'expert ? Souvent, de parole excellente, la chute survient, pourtant, dans l'incapacité de l'expert à replacer son savoir extrêmement pointu dans l'étendue du savoir complet. Un expert n'ignore pas, qu'après HEGEL et Auguste COMTE, par méthodologie par rapport à la vastitude de la connaissance, le savoir a été divisé en disciplines intellectuelles séparées, disjointes, dissociées comme le droit, l'économie, la politique, le social, toutes les sciences etc etc. mais sans n'oublier jamais que le réel mélange, mêle, unifie, assemble toutes ces disciplines. Il n'y a pas la politique et le social, le réel ne sépare rien, les deux (et tout) restent toujours liés. Vous vous devez à la nécessaire union de tous les éléments (un moment détachés) du savoir. De se permettre de l'oublier aboutit à des discours en boucles comme « les Bourses sont un mal nécessaire, elles ne sont pas une fin en soi ». Mais aucun mal n'est nécessaire et de poser le but des Bourses ne peut parvenir qu'à « les Bourses sont un mal nécessaire, elles ne sont pas une fin en soi » sans fin (qu'elles ne sont pas une fin) sans fin un m...nécessaire…Un discours auto-effaçant que celui d’expert ? Juste pour empêcher que n’émergent les discours de bon sens ? Expert sur un domina minuscule et crétin sur l’immensité du reste ?
C'est quand les diversités d'hiver ou d'été de la PAYE sociale et citoyenne - « une fondamentale PAYE pour fonder la PAIX » ? *<;o})
Ps : vous pouvez trouver, aussi, un complément à cette réflexion sur le site internet à téléchargements gratuits freethewords.org, onglet 4 "Nul n'est nul", onglet 3 "Légalité de l'égalité", onglet 4 "La démagogie n'est utile et utilisée que par qui est déjà au pouvoir ". Et, surtout, RIEN DE PLUS SOLIDE QUE LE SOLIDAIRE, onglet 3, LA QUESTE DES QUESTIONS (qui a démuni les démunis ? qui a déshérité les déshérités ? etc), onglet 2, ainsi que LA DICTION DU DICTIONNAIRE (ou comment rendre tous les mots physiques !), onglet 3.
Bien à vous tous.
Loic Mathey je vois bien où ton rêve te mène, mais je pense qu'une fois la buée dissipée tu/vous va/allez comprendre que peux de gens en Europe ont envie de vivre comme les amérindiens avant l'arrivée des pilgrims...
Ne serait ce que pour continuer à manger, il faut dans l'état actuel des choses, amener les denrées de l'autre bout du monde (ton cafe du matin) par bateau et camion !
"Les travailleurs potentiels ne manque pas et il n'y a donc aucun problème de coût" J'aimerais que tu m'explique en détails comment tu vois les choses se passer, à terme bien sûr, mais surtout pendant la période de transition!
Puis aussi bien voir que notre niveau de vie on le doit à l'exploitation d'autres pays, esclavagisme moderne qui après en voir profité maintenant arrive de plus en plus chez nous "oui vous comprenez, la concurrence, il faut être flexible comme eux".
Dans les 2 sens on est dans la merde... je dis on, car ne vous croyez pas être du bon côté avec le deuxième partie...
Alors oui il est vraiment temps de changer de paradigme, le rêve c'est de penser au contraire que l'on va pouvoir continuer avec le même système et que ça va bien se passer ! Il va en effet falloir changer notre façon de consommer, et la meilleur façon c'est dans faire sentir les coûts au lieu de les externaliser ou même de les faire peser sur les génération future. Au même titre que l'agriculture intensive il faut arrêter de faire de l'économie intensive nous sommes dans un système dégénératif.