Dix jours avant le coup d’envoi du FIFIB, les bureaux de l’association sont en pleine effervescence. Après la conférence de presse à l’Utopia dans une salle pleine, l’équipe organisatrice est au complet pour régler les derniers détails, et non des moindres, comme le programme du festival en cours de bouclage.
L’année précédente le festival avait frappé un grand coup pour son deuxième anniversaire. Les têtes d’affiche s’étaient bousculées au portillon : Abdellatif Kechiche avait présenté « La vie d’Adèle » en ouverture ; après une Masterclass, Roman Polanski clôturait avec « La Vénus à la fourrure », Abel Ferrara livrait un hommage à Pasolini, préambule de son dernier film. Mais l’actualité florissante de la rentrée 2013 ne s’est pas tout à fait représentée en 2014.
« Tous les films de Cannes sont déjà sortis en salle. Et nous n’invitons pas des stars pour inviter des stars. Nous voulons être dans l’actualité », précisent les deux directrices.
Ainsi cette édition ne présentera dans le registre des films attendus de la rentrée que le dernier Mia Hansen-Løve sur la french touch, « Eden » en soirée de clôture et en présence de la réalisatrice.
La liberté de programmation
Et qu’importe au fond puisque le FIFIB est bien plus que l’antichambre du festival cannois et réaffirme toute son identité de festival indépendant d’un art majeur :
« Le cinéma est un art puissant. Comme Rebecca Zlotowski (membre du jury) nous pensons que notre rapport au monde est formé par notre expérience artistique. En une heure et demi on peut avoir une idée différente sur un fait, il faut accepter d’être bousculé. »
L’envie donc est de faire découvrir des films d’ici et surtout d’ailleurs, des invités prestigieux dont « on ne connait pas forcément le nom mais toujours les films », d’aller parfois même au delà du cinéma. Ainsi en réponse à la Palme d’Or 2012, la programmation en ouverture d’un coup de cœur, « Love is strange » d’Ira Sachs, une histoire d’amour interdite aux Etats-Unis au moins de 18 ans, sonne aussi comme un message politique. L’amour serait étrange peut-être, mais dangereux, non.
Audacieuse aussi l’invitation d’un grand directeur de photo, manière de parler d’une profession qu’on entend bien peu, Peter Suschitzky, partenaire privilégié des plus grands réalisateurs américains Tim Burton, David Cronenberg et d’autres. Sans oublier dans le camp français, la présence in extremis de Jacques Doillon pour une Masterclass et quelques projections. Une autre nouveauté cette année, une compétition de courts métrages pour découvrir de jeunes talents.
L’année de la pérennisation
Mais la programmation du FIFIB ne se « cantonne » pas aux salles obscures. C’est aussi, et plus encore d’année en année, un moment de partage, de fête et de convivialité. Ainsi, installé depuis l’an dernier dans la magique Cour Mably, le festival s’y déploie encore un peu plus avec un « café cœur », des heures joyeuses, l’occasion de rencontre avec les équipes des films et des concerts.
« On essaie de faire vivre ce lieu avec de la musique et du cinéma tous les soirs, par exemple la Nuit blanche de Pégase qui a réalisé la musique du teaser avec la projection de projection de “La Planète Sauvage” de René Laloux, suivie d’un concert de Len Parrot, d’un DJ Set de Pégase et d’un concert de Favien Berger. »
2014 sera donc l’année de la pérennisation. « On voulait stabiliser le festival. Garder la même structure avec toujours autant d’invités, de projections mais resserrer les lieux : le TNBA, l’Utopia, l’UGC et la Cour Mably. » Un choix facilité par une équipe fidèle. Les partenariats ont été renforcés avec des institutions et société de production locale comme Dublin Films et Ecla Aquitaine pour les thématiques et l’organisation du forum professionnel et le programme d’éducation à l’image avec le jeune public. L’agence d’évènementiel Côte Ouest est toujours partenaire du festival et Sophie Guichard a été chargée de la scénographie du Village Mably.
Un appel aux dons
Seule ombre au tableau, avec 300 000 euros de budget pas tout à fait bouclé, le festival cherche encore des partenariats et a lancé une campagne de crowfunding. Il a aussi fallu accepter de renommer le prix du jury, Prix Clarence Dillon « qui n’agit qu’en mécène et n’a aucune incidence sur le choix du film ».
Ainsi le rêve de deux copines en 2011 lancé à la terrasse d’un café est devenu une réalité. Pauline et Johanna ont monté le festival qu’elles imaginaient, chacune dans son domaine de compétence.
« Un festival à la fois pro et public sans thématique restrictive. On voulait défendre une liberté de ton, une indépendance d’esprit artistique sans impératifs commerciaux. »
Un festival qui a même trouvé ses mascottes, Love et Forever FIFIB (et oui, ça ne s’invente pas) deux adorables chatons recueillis par l’équipe !
Tout le programme et les infos sur le site.
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