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La danse orientale loin des clichés

Artistique, bling-bling ou privilégiant le bien-être, la danse orientale offre un panel varié à Bordeaux. Mais qu’elles défendent une danse classique venue d’Egypte ou qu’elles mélangent les styles, les professionnelles qui l’enseignent ne veulent pas qu’on résume leur danse à une affaire de nombril. Petit tour d’horizon des cours bordelais.

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La danse orientale loin des clichés

Un cours de danse orientale (Photo Racha Rhd)
Un cours de danse orientale (Photo Racha Rhd)

Aujourd’hui à Bordeaux, on trouve presque autant de styles de danse orientale que de cours ; il y en a pour tous les goûts. A commencer par le style classique égyptien représenté par plusieurs pointures locales dont Caroline Châtel, une référence.

Plébiscitée aussi bien par ses élèves que par les autres enseignantes qui respectent son travail, c’est elle qui a fondé la première école de danse orientale de Bordeaux en 2002. Pied de fer dans un chausson de velours, elle a la réputation d’être à la fois douce et exigeante, notamment sur la technique. D’après elle, de nombreux clichés entourent la danse orientale :

« L’image de cette danse est galvaudée, mauvaise, alors que c’est une discipline exigeante qui nécessite du travail. Contrairement à ce que l’on croit, son apprentissage ne se limite pas aux mouvements de bassin. »

Parmi les autres figures bordelaises, Leyla Aidara et Acia Legras enseignent le même type de danse orientale et ont gagné le respect  en se confrontant à l’international. La première a participé à des concours et à des stages auprès de maîtres reconnus dans plusieurs pays.

La seconde a gagné en février 2014 un concours américain prestigieux, le Belly dancer of the universe competition. Toutes les deux enseignent une danse orientale classique où l’artistique prend le pas sur la performance. Leurs cours conviennent bien aux puristes.

La réputation et la reconnaissance font l’enseignante

La danse orientale  n’est pas réglementée comme peut l’être la danse classique par exemple même si la fédération françaises des danses orientales tente de devenir une référence réglementaire. Dans ce milieu, la réputation est un gage de qualité ; on gagne ses galons en pratiquant, en se formant auprès de maîtres et avec une certaine humilité.

Tout comme Caroline Châtel, Leyla Aidara défend une version classique de la danse orientale où les danseuses sont adoubées par leurs paires. Elle-même a mis longtemps avant d’ouvrir sa propre école à Ambarès et déplore le manque d’humilité et de patience de certaines :

« Des anciennes élèves ont ouvert leur propre école sans avoir toutes suffisamment d’expérience. Normalement avant de se décréter danseuse, on participe à des cours de maitres, on s’améliore et ce sont eux qui nous disent quand on sait vraiment danser. »

Cours de danse option Rihanna

Celles qui préfèrent les danses un peu plus spectaculaires opteront pour les cours de Souraya qui enseigne depuis 10 ans. Cet ancienne élève de Caroline Châtel vient d’ouvrir à Eysines un nouveau cours de fusion danse orientale et street jazz – le street jazz étant lui-même un mélange de hip-hop et de modern jazz.

Une formule peut-être plus punchy où l’on joue à Beyoncé pour se faire plaisir mais sans se prendre au sérieux. La recette plait en tous cas énormément à Sandrine, secrétaire pratiquant la danse en amateur depuis presque vingt ans :

« J’avais déjà fait de la danse orientale avec Souraya mais il me manquait quelque-chose. Cette rentrée, elle nous a proposé ce cours de fusion. C’est plus moderne qu’un cours de danse orientale classique ; c’est la recette parfaite. »

Voila à quoi ressemble la danse orientale fusion:

Danse orientale tribale : Hello Kitty, passe ton chemin

Loin, très loin des puristes : les cours orientés tribal ascendant amazones. Leur « prof-gourou », Angélique Julia, reconnait elle-même que ce cours attire plutôt un public « underground ; des graphistes, dessinatrices et des gens dans le développement personnel ».

Et on la croit volontiers : armées de sagattes – petites percussions de mains –, on les imagine bien avancer en rang pour combattre des orques.

Parmi ses inconditionnelles, Elizabeth Guillot, graphiste à la recherche d’un emploi, a découvert la danse orientale tribale dans un festival :

« J’ai eu un vrai coup de cœur pour les costumes, la gestuelle et le charisme dégagé par les danseurs. »

Après 3 ans de pratique, elle en tire un bilan positif :

« Cela m’a appris à avoir plus confiance en moi. On se sent plus jolie, on apprend la maîtrise du corps et c’est plus sportif que ça en a l’air. »

Entre yoga et danses orientales

Aux antipodes des danses précédentes, Zélia Cherpentier donne des cours dans le quartier Victor-Hugo à Bordeaux et à Langon. Après avoir vécu en Algérie, en Tunisie et en Turquie, elle a posé ses valises dans la région et propose des cours nourris de ses voyages.

A la croisée du yoga et de diverses danses orientales, Zélia enseigne en préalable  des techniques de relaxation et de respiration pour être bien dans son corps, en harmonie avec les autres, et trouver son propre langage corporel.

Elle propose en complément un cours sur le périnée ouvert aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Ses cours tout en douceur sont également agrémentés d’explications sur les mouvements et leurs origines.

Un mélange qui plaît beaucoup à Claudie Monterro, rédactrice principale dans une collectivité territoriale :

« J’aime beaucoup sa douceur et sa manière d’enseigner. On n’est pas dans la compétition ni dans le bling-bling à tout prix. Ici on est plus dans une recherche intérieure. »

La danse orientale pour toutes

Eléonore Eve, qui donne des cours à Cenon, défend de son côté la danse orientale pour toutes, que l’on soit maghrébine ou pas :

« Cette danse fait appel à des techniques où c’est le corps qui parle. C’est faux de penser que les filles maghrébines ont plus de facilités que les autres. On a pas besoin d’avoir été bercé par de la musique orientale pour pouvoir la pratiquer. »

Cette professeure arrivée de Paris en 2009 et qui se forme actuellement à la sophrologie propose des cours sans miroir. Un parti pris assez déroutant et qu’elle explique ainsi :

« Le miroir te détourne de toi, il ne te montre pas ce qu’il y a à l’intérieur de toi. Or danser c’est aussi rentrer à l’intérieur de soi. »

Elle prône une danse plus intuitive car « aujourd’hui avec la danse orientale, on a l’image de filles avec des seins refaits, des cheveux longs et on sort du cadre artistique ».

Ses cours privilégient la technique et l’expérimentation. Des aspects qu’apprécient Emeline Deymar-Guari, intérimaire dans le secteur de la petite enfance et qui vient de se mettre à la danse  orientale:

« Son enseignement est ludique. Elle nous montre des pas et nous laissent les reproduire librement dans un premier temps. Et si on n’y arrive pas, elle décortique les mouvements et nous corrige si besoin est. »

Qu’ils soient plus axé sur la tradition, le spectaculaire ou l’expérimentation, pour trouver son bonheur en matière de danse orientale, mieux vaut donc tester les cours avant de s’y inscrire. Les approches et les enseignements sont en effet vraiment différents d’un cours à l’autre, tout comme la personnalité de chaque enseignante.

Y aller

Caroline Châtel, Madrasat el Fann

Leyla Aidara, page facebook association danse en corps

Acia Legras, site internet

Zélia Cherpentier, association zananda

Souraya, sourayadanse

Angélique Julia, Au satin rouge

Eléonore Eve, association Loubna corps en mouvement


#Acia Legras

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