C’est un moment qu’Alain Rousset a voulu solennel. Aux journalistes invités ce dimanche au Club de la presse de Bordeaux, et à ceux suivant son intervention par visioconférence, le président de la région a confirmé sa candidature à la tête du nouvel ensemble Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Plus précisément à la primaire socialiste qui départagera les candidats en lice avant le scrutin, prévu en décembre 2015.
Un « moment grave et exaltant », estime Alain Rousset, car après les attentats qui ont frappé le pays, « la formidable levée en masse du peuple de France (…) impose aux responsables publics de revoir chacune de leurs politiques pour anticiper l’avenir ».
Président de la région depuis 1998, Alain Rousset n’a pas voulu passer à côté de ce nouveau challenge « passionnant » :
« C’est difficile pour un président de région d’être connu, il faut beaucoup de temps. Je crois être celui qui a le plus de chance de défendre des idées, un bilan (…). J’avance avec un système qui a fait ses preuves : si le conseil régional n’avait pas pris les choses en main, il n’y aurait pas de centre formation à Thiviers (le “Pôle d’excellence aquitain des métiers du cuir et du luxe”, en Dordogne, où 13 entreprises, dont Hermès et Repetto forment des chômeurs pour l’artisanat local). Ni d’Institut des sciences de la vigne, ni d’Institut supérieur d’optique. »
Un aménageur du territoire
A priori favori de la primaire, Alain Rousset ne souhaite pas, contrairement à son concurrent principal, le président de Poitou-Charentes Jean-François Macaire, que le vote des militants socialistes, prévu le 6 février, soit décalé :
« C’est paradoxal de demander un report du vote alors que nous avons très peu de temps pour nous faire connaître dans la nouvelle structure qu’est la grande région. Plus on retarde la campagne, plus on se tire une balle dans le pied. »
Alain Rousset est en revanche sur la même ligne que son homologue picto-charentais, qui plaide pour une gouvernance décentralisée. Se présentant comme un « décentralisateur », engagé dans « l’aménagement du territoire » depuis ses responsabilités chez Elf Aquitaine pour l’industrialisation du bassin de Lacq (entre 1988 et 1998), le président de l’Association des régions de France (ARF) estime qu’il « faudra innover en matière d’organisation » pour « montrer que la région est au plus près des territoires, des bassins d’emploi, des entreprises, de la formation ».
Du point de vue de l’administration, le patron de la région Aquitaine estime que les équipes devraient dans un premier temps rester en place à Bordeaux, Poitiers et Limoges, mais que la région devra évoluer pour se rapprocher du terrain. Mais ce sans augmentation des effectifs, prévient-il d’emblée :
« Il n’y aura pas d’augmentation de la masse salariale, il faudra savoir mutualiser. »
Pour « une marque qui claque »
Comme pour balayer les craintes de tentation hégémoniste de Bordeaux et de l’Aquitaine, Alain Rousset a énuméré les richesses des régions (la race de vache limousine, le cognac et l’armagnac, le festival de BD d’Angoulême…), souligné les complémentarités (notamment sur l’industrie aéronautique), et promis un développement équilibré :
« Il ne s’agit pas de nier la puissance et l’attractivité de Bordeaux, Limoges, Bayonne ou Poitiers, mais nous devons être attentifs à ce que Guéret, Tulle, La Rochelle, attirent des entreprises ou permettent à celles qui existent de se développer. »
Pour se faire, Alain Rousset croit dur comme fer aux projets de LGV (Paris-Limoges, Paris-Espagne), qui doivent notamment permettre, selon lui, de libérer des voies pour le fret entre Bordeaux et l’Espagne, et mettre ainsi les camions sur des rails.
Souvent lyrique sur l’histoire et la géographie communes des trois régions (Aliénor, les chemins de Saint-Jacques, l’océan…), le président de la région Aquitaine n’a pas fait de proposition sur le nom du nouvel ensemble :
« Il appartiendra à la future assemblée de décider mais il faut une vraie marque qui claque, que ce soit un nom connu pour faciliter l’attractivité et la vente des produits. Aquitains et Charentais sont plutôt pour garder le nom d’Aquitaine, peut-être faudra-t-il en inventer un. Il est en revanche peut-être difficile d’utiliser le nom “Sud Ouest Atlantique”, proposé par Jean-François Macaire », car le terme Sud Ouest pourrait être utilisé par la fusion Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
Selon nos informations, la proposition Apoil (Aquitaine, Poitou-Charentes-Limousin) a peu de chances d’être retenue.
Chargement des commentaires…