La rumeur est cependant étayée, par des démarches entamées par Laurent Marti, le président de l’UBB, auprès d’agents, afin de trouver à son club un manager de haut niveau. Le président du club girondin, qui sur l’Equipe en octobre dernier, aiguillait le président de la FFR, en présentant Raphaël Ibanez, comme un « candidat crédible« .
Une rumeur tout au plus, pour l’instant, comme l’a indiqué Pierre Camou, qui ne souhaite pas évoquer l’après Saint-André avant la Coupe du Monde. Une rumeur qui cependant met en avant la nouvelle dimension prise par l’UBB et son manager. Pour autant, l’hypothèse Ibanez est-elle la plus crédible pour le poste de manager de l’équipe de France ?
Un manager jeune, sans grande expérience
Manager des Bordelos-Béglais depuis 2012, en remplacement de Marc Delpoux, Raphaël Ibanez est un entraineur au palmarès inexistant, par rapport à celui qu’il pouvait afficher comme joueur. Loin d’être une tare au haut niveau, la FFR a régulièrement fait appel à des néophytes pour gérer leur équipe nationale.
De Jacques Fouroux à Pierre Berbizier, l’histoire de l’équipe de France est jalonnée de manager sans expérience. Ou d’autres avec une expérience très faible comme marc Lièvremont qui n’avait que deux saisons de Pro D2 avec Dax comme entraîneur d’une équipe première, avant de prendre les rênes de l’équipe de France.
Le manque d’expérience n’est pas forcément rédhibitoire, en atteste le Grand Chelem inaugural de Fouroux en 1981 et la finale de la Coupe du Monde de Marc Lièvremont en 2011. Mais il sonne comme un discrédit pour les managers confirmés du Top 14 aux multiples titres, tel Guy Novès ou encore Bernard Laporte dont les résultats actuels à la tête de Toulon pourrait le mettre en tête de liste pour un revival en Bleu.
Raphaël Ibanez a été un joueur et un capitaine du XV de France respecté et présente un profil qui est apprécié par la fédération. Celui d’une personnalité consensuelle proche de la fédération, qui ne vitupère jamais contre les périodes de trêve internationale à l’inverse de techniciens comme Laurent Labit ou Bernard Laporte, coutumiers des saillies verbales.
Sa jeunesse dans le métier ne semble pas être un handicap, et sa rondeur de caractère semble plutôt lui être favorable. Le jeu proposé par l’UBB depuis plusieurs saisons est à même de faire saliver les amateurs de ballon ovale français.
Cependant la présence de Raphaël Ibanez à la tête de l’équipe de France n’augure pas forcément d’un jeu aussi vif et spectaculaire que celui que propose l’UBB.
Jouer comme l’UBB en bleu ?
Car derrière le manager, il y a un travail de fond mené depuis de nombreuses années pour le jeu d’arrière par Vincent Etcheto. Un travail récompensé par la présence de Camille Lopez au poste de demi d’ouverture du XV de France et la convocation en novembre de Pierre Bernard, actuel titulaire du poste à l’UBB.
Quant au jeu d’avants, il a pris à Bordeaux une envergue supérieure avec le travail de Régis Sonnes qui, avec l’apport de quelques grognards comme Jean-Baptiste Poux, a transformé une mêlée indigente en une pile solide.
L’embellie et l’orgie de jeu proposé par les Bordelos-Béglais est plus le résultat du travail de l’ombre de ces techniciens, et en amont du centre de formation dirigé par David Ortiz, que celui d’un manager médiatique arrivé depuis 2012.
Aussi au sein de l’équipe de France, si le charisme indéniable de Raphaël Ibanez donnerait un coup de « boost » à une équipe atone habituée aux atermoiements d’un manager hésitant – surtout s’il se trouve accompagné par son ancien partenaire Fabien Pelous, comme les rumeurs le laissent entendre – cela ne signifierait pas pour autant le retour du « french flair ».
Un départ à envisager qui ne doit pas handicaper les Bordelos-Béglais
Il faut souligner que le jeu de l’UBB s’est créé en symbiose avec Vincent Etcheto. Il n’est donc pas évident de retrouver cette alchimie avec les autres techniciens de la fédération. À moins que Raphaël Ibanez ne s’invite avec le bouillant entraîneur des lignes arrières bordelaises.
Pas sûr que Laurent Marti, s’il semble accepter l’hypothèse d’un départ de son manager, soit prêt à accepter le départ des techniciens qui ont fait le jeu bordelais. Peu probable également, que le public le souhaite habitué qu’il est aux spectaculaires envolées de l’UBB. Surtout qu’avec les recrues annoncées, le club girondin prévoit une montée en puissance pour les années à venir.
Pour l’instant au stade de la rumeur, cette pseudo info lancée par RMC montre l’estime que le monde du rugby porte à l’UBB, et l’envergure nouvelle que prend le club. Un nouveau regard porté vers la Gironde redevenu une place forte du rugby, qui cherche à s’inviter aux demi-finales jouées dans le futur stade de Bordeaux, et qui pourrait voir son manager à la tête de l’équipe de France en novembre.
Reste à espérer pour les supporters bordelais, que si la rumeur se fait vrai, elle ne s’accompagne pas d’un pillage du « savoir faire » bordelo-bèglais, et qu’un départ du manager de l’UBB ne se traduise pas par la fin d’une idée de jeu. Car c’est bien là les dangers de séduire : qu’à trop plaire le club en vienne, faute de pouvoir conserver ses cadres, à se faire piller son identité.
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