

Adèle Haenel et Kévin Azaïs dans « Les combattants », film tourné en Gironde et dans les Landes, nominé 9 fois aux Césars (DR)
La cérémonie des Césars pourrait mettre ce vendredi le cinéma aquitain sous les projecteurs : 4 films soutenus par la région sont nominés 15 fois, dont un duel dans la catégorie meilleur film entre « Les Combattants » et « Eastern Boys ». Les raisons d’une réussite inédite.
Que « Les combattants » en repartent couverts de gloire ou bredouilles, la 40e cérémonie des Césars sera quoiqu’il en soit historique pour ce film tourné en Aquitaine (dans la forêt des Landes, à Lacanau, Mimizan…). Il est en effet nominé 9 fois, et dans les catégories les plus prestigieuses : meilleurs film, premier film, réalisateur (Thomas Cailley), scénario original, meilleur actrice (Adèle Haenel)…
Au total, trois long-métrages soutenus financièrement par la région Aquitaine cumulent 15 nominations, dont « Eastern Boys », de Robin Campillo, dans la catégorie meilleur film, « Fidélio, l’Odyssée d’Alice », en lice pour le César du meilleur premier film. A ces films s’ajoute « Inupiluk » de Sébastien Betbeder, nominé dans la catégorie meilleur court-métrage.
« D’habitude, on avait une ou deux nominations, mais là 15 autour de plusieurs films, c’est exceptionnel, souligne Frédéric Vilcocq, conseiller technique en charge de la culture à la région Aquitaine. Cela récompense notre travail de soutien à des nouvelles générations de réalisateurs, on est plutôt fiers. Surtout que ce sont de vraies réussites, public et critiques : alors que les films que la région soutient franchissent la barre des 100 000 spectateurs quand ils marchent bien, “Les combattants” en a rassemblé 400 000, et pourrait ressortir en salle s’il est primé aux Césars. »
Quatrième région du cinéma français
Comme le rappelle dans un communiqué Alain Rousset, président de la Région, l’Aquitaine a été « la première des régions françaises à mettre en place un fonds de soutien, dès 1986 ». Résultat, elle est aujourd’hui la quatrième région pour le nombre de tournages (derrière l’Île-de-France, PACA et Rhône-Alpes) : 12 long-métrages ont été tournés en 2014 en Aquitaine, dont 5 soutenus par la région, également 4e pour l’aide financière accordée au cinéma (Nord-Pas de-Calais remplaçant PACA sur le podium dans cette catégorie).
Avec 3,7 millions d’euros de soutien à la filière audiovisuelle, dont 800 000 destinés à la création de long-métrages, l’Aquitaine reste toutefois loin de la région francilienne, qui y consacre 15 millions d’euros.
Mais elle dispose d’outils reconnus, comme Ecla et les Bureaux d’accueil des tournages, financés par les conseils généraux, et présents dans tous les départements aquitains.
« L’argent public ne doit pas financer les blockbusters »
Et « depuis 5 ans, poursuit Alain Rousset, la Région a éditorialisé son fonds de soutien, par une sélectivité orientée vers des premiers et deuxièmes films de jeunes réalisateurs garantissant l’engagement en faveur d’une création plurielle et identifiant l’Aquitaine comme un territoire favorisant l’émergence de nouveaux talents. »
« On considère que l’argent public ne doit pas servir à financer les blockbusters, précise Frédéric Vilcocq. Des films à 6 ou 7 millions d’euros de budget comme “Camping” ou “Les petits mouchoirs”, également tournés dans la région, n’ont pas besoin de nous pour voir le jour. »
Le coup de pouce peut atteindre 200 000 euros sur un budget de près de 2 millions dans le cas des Combattants, par exemple. Une aide minoritaire, mais décisive, comme l’explique Frédéric Vilcocq :
« Les premier et deuxième long sont très difficiles à monter financièrement. Souvent, quand une région s’est positionnée, cela fait effet de levier, et aide à boucler les budgets en incitant le CNC (centre national du cinéma) et les chaines de télé (Canal+, Arte, France télévisions) à miser aussi dessus. En outre nous avons choisi de maintenir l’aide à l’écriture, dont a bénéficié “Les combattants”. Il est essentiel d’être présent sur cette phase pour découvrir des jeunes scénaristes, et aider les projets à voir le jour : un film mal écrit aura du mal à se défendre devant les commissions. »

« Lamb », un film tourné en Ethiopie, mais monté à Bordeaux, et soutenu par la région Aquitaine (DR)
Parcours des Combattants
Celles-ci se multiplient avec l’afflux de demandes de subventions, poursuit Frédéric Vilcocq :
« Quand une région est accueillante, les demandes explosent. Nous avions 50 dossiers de long-métrages par an il y a quelques temps, on dépasse aujourd’hui les 150. Cela nous a obligé à modifier nos comités de sélection, composés d’experts payés ayant un double regard, artistique et économique sur la viabilité des budgets. Les films présélectionnés sont ensuite auditionnés par un jury. »
Un vrai parcours des Combattants… Mais il peut garantir l’appui des pouvoirs publics de A à Z, de l’écriture à la défense du film à sa sortie, en passant bien sûr par l’aide logistique sur les tournages. Celle-ci s’avère précieuse dans une région très prisée des cinéastes
« Il y a tout ce qu’il faut ici comme décors naturels : le Bassin, les plages, la forêt, les châteaux et vignobles, l’architecture XVIIIe à Bordeaux… rappelle Frédérique Kohler, responsable du Bureau d’accueil des tournages de la Gironde. Le tout proche de Paris, et avec une mise à disposition d’une base de données de techniciens sur tous les postes. Au début, les équipes de tournages prenaient tout le monde avec elles, y compris des assistants. Aujourd’hui, nous avons sur place des gens de bon niveau y compris à des postes importants comme la régie ou les décors. »
De 4 à 12 euros de retours sur investissement
La filière du cinéma fait vivre 3000 personnes dans la région. En 2011, une étude d’Ecla montrait les retombées économiques importantes d’un tournage, indique Frédéric Vilcocq :
« On estime que le retour réel en cash est en gros de 12 euros pour un euro investi dans une fiction télé récurrente, comme “Mongeville”, “Famille d’accueil”, “Section de recherche” ou “Vestiaires” (tournée à Bègles), parce que cela nécessite une filière structurée sur place. Le retour n’est que de 4 ou 5 euros pour les long-métrages, car les réalisateurs ont souvent une équipe déjà constituée, avec leurs chefs opérateurs et leurs caméramans, et embauchent plutôt des deuxièmes cercles de techniciens et d’assistants. C’est presque le retour image qui est le plus important. »
Beaucoup de curieux viennent en effet visiter les lieux de tournages, comme a pu le vérifier Frédérique Kohler après la sortie de “La bicyclette bleue” réalisé autour de Bordeaux, ou celle des “Petits mouchoirs” filmé sur le Bassin d’Arcachon.
Ces questions d’image intéressent vivement des départements comme la Dordogne ou le Pays-Basque, qui soutiennent directement la création cinématographique : avec 100 000 euros d’aide en 2014, le Lot-et-Garonne a obtenu le tournage de deux long-métrages l’an dernier (« Les ogres » et « Coup de chaud »). Les Landes, elles, se positionnent sur les court-métrages, avec des résidences à Contis.
Attirer les coproductions étrangères
Et la région Aquitaine espère désormais attirer des tournages de films coproduits à l’étranger, dans la ligne de son soutien au « Pasolini », d’Abel Ferrara, puis à « Lamb », de Dublin Films, basée à Bordeaux. Pour cela, elle va lancer une étude sur leurs besoins techniques sur place, signale Frédéric Vilcocq :
« Une coproduction étrangère a besoin de pouvoir faire de la postproduction sur le territoire, et il faut qu’on réussisse à investir ce champ là. Nous n’avons par exemple pas d’entreprises assez équipées pour faire le mixage son. Mais ces technologies coûtent cher, et si on met de l’argent public il faut être sûr que ces investissements tiennent la route. D’autres ont essayé sans succès de le faire par le passé, comme Toulouse, qui devait accueillir un des plus grands studios au monde. »
Pour l’Aquitaine, l’animation est un autre axe de développement qui s’impose : la fusion prochaine de la région avec Poitou-Charentes va rapprocher les studios d’Angoulême des sociétés locales, comme I can fly, à Bègles. En matière de cinéma, la région peut désormais se projeter.
La guerre est déclarée. Et vous savez pour faire la guerre, des cons, il n'y a rien de mieux.
Après cinq ans et une trentaine de films subventionnés il était temps que l'un deux soit récompensé au Césars. Pas de quoi s'en vanter !!!
Glotin a parfaitement décrit les petits arrangements entre amis au sein de l'agence ecla, mis en place par son directeur du cinéma démissionnaire.
S'il est vrai qu'il y a eu un choix éditorial vers la création, ça c'est fait souvent en dehors du cadre des critères légaux d'éligibilité, plus pour satisfaire les besoins des petits camarades producteurs ou les ambitions personnelles que dans l'intérêt de la profession, en particulier locale.
Glotin parle du documentaire, combien de documentaire de création d'auteurs/réalisateurs aquitains ont été aidés par la région ces cinq dernières années. Peu, très peu. On en fait venir d'ailleurs présentés par des sociétés locales qui servent de boîtes aux lettres. Ou, pour soutenir économiquement des structures aquitaines on subventionne des produits de flux télévisuel sans intérêt culturel.
Et puisque monsieur Vilcocq évoque le cas Pasolini, il est utile de rappeler que sur ce film les retombées économiques ont été réduites au minimum. Sur les 200.000 € de subvention, seuls ont été dépensés en Aquitaine les coûts d'une salle montage et les défraiements de monsieur Ferrara et de son monteur (et les indemnités de stage d'un ou deux aquitains). Le soi-disant producteur Aquitain n'étant qu'un prestataire de service de post-production. Il faut préciser que le producteur du film est un ancien collègue et ami du directeur du cinéma d'Ecla.
Et l'opération est renouvelée avec “Lamb“ sous prétexte d'installer une filière de post production qui existe déjà.
Et pour finir, s'il est vrai qu'il y a eu des retombée économiques sur les tournage de “Section de recherche“, est-ce que c'est sur le budget culture qu'on doit prendre de l'argent public pour financer du sous-produit de TF1 pour, comme disait monsieur LeLay, rendre du temps de cerveau disponible pour la publicité ?
M. Vilcocq aurait – il le même plaisir à communiquer sur le montant global des aides accordées [un extrait de ce commentaire a été supprimé parce qu'il ne correspond pas à la Charte des commentaires. La rédaction] et celui du chiffre des dépenses diverses et variées qui reviennent à financer la communication de cette même société par ECLA et la Région ? Qu’en est il des retombées économiques sur les aides aux entreprises tombées dans le même panier des petits arrangements entre amis depuis 2011? Qu’en est il de la diffusion des films produits sur le territoire ?? Qu’en dit M. Vilcocq, ce grand communiquant de la paillette ?
L'ultra concentration des sociétés de production de long métrages à Paris (et par cela même des professionnels), ne permet d'offrir que des postes subalternes et très éphémères aux techniciens provinciaux.
Il s'agit plutôt d’une intéressante politique de marketing touristique, car si les retombées financières n’impactent que très peu le tissus professionnel et industriel audiovisuel, à l'instar des propos de M. Frédéric Vilcocq, elles ne sont pas négligeables pour le tourisme.
Si vous n'en êtes pas convaincu, parlons du développement de la création théâtrale intrinsèquement avignonnaise, vs les retombées du Festival... ou encore de la création musicale à Carhaix…
L’idée que la production culturelle soit génératrice de richesses ne doit pas être un tabou, car ce serait se tirer une balle dans le pied en allant à l’encontre de son développement.
Par contre, que des responsables politiques confondent une politique avec une autre pose un problème de compétence, ou peut-être d’intégrité intellectuelle…
Il n’est jamais très loin, Monsieur Jourdain : « Quoi ! quand je dis : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit », c’est de la prose ?
Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien…»
L’information majeure étant qu’il quitte son poste de directeur du département Cinéma et Audiovisuel d'Ecla pour des divergences de vues avec la gouvernance de l’Agence…
Donc de précises explications techniques ont éclaircis certains points me prouvant bien l’utilité de la concertation.
Bien sûr des divergences demeurent comme par exemple, l’aide à la production exécutive à l’étranger en terme d’emploi local.
Nous sommes par contre bien plus en phase sur la nécessité de préserver le caractère artisanal de la filière locale et du court-métrage face a la mutation du « tout numérique ».
Nous voici donc orphelins…à la porte d’une tour d’ivoire dont Mr Vilcocq n’a pas trop l’intention de sortir.
On peu comprendre car il fait froid dehors et que même des fois il pleut.
A moins que le scrutin de 2015 ne le déloge ou ne le reloge?
Rendez vous dans 9 mois…à la maternité.. !!