Média local avec zéro milliardaire dedans

Rue89 Bordeaux a 1 an : c’est à vous !

Il y a un an, quatre Bordelais lancent Rue89 Bordeaux dans le paysage de l’info locale. Créer un nouveau média, a fortiori gratuit, est risqué alors que la situation de la presse en particulier, et de l’économie en général, continuent de se dégrader. Éditorialement, c’est un succès. Bilans et perspectives moraux et financiers.

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Rue89 Bordeaux a 1 an : c’est à vous !

Simon Barthélemy et Pierre France (rédacteurs en chef de Rue89 Bordeaux et de Rue89 Strasbourg), à quelques minutes du lancement de Rue89 Bordeaux, le 31 janvier 2014 (WS/Rue89 Bordeaux)

Le 31 janvier 2014 à 18h, est mis en ligne le site d’information consacrée à la métropole bordelaise : Rue89 Bordeaux. Cette émanation locale de Rue89 national rejoint alors les « antennes » locales de Lyon et de Strasbourg. L’objectif : poser un regard de proximité et décalé sur le territoire, dans le flot d’une information tenue par l’actualité et sa dimension mondiale. La première une, et le premier article au long cours, traite de l’éco-quartier Ginko et de ses habitants.

« Un nouveau média, ce n’est pas rien »

L’aventure de ce nouveau « pure player » local n’a pas été des plus simples. Aussitôt le projet bordelais formalisé avec la rédaction parisienne, l’absorption de Rue89 par Le Nouvel Obs, en décembre 2013, a fait planer les premiers doutes sur l’avenir de l’initiative. Les pourparlers avec les investisseurs sont devenus difficiles. Le lancement de Rue89 Bordeaux n’était plus si certain. La petite communauté réunie sur la page Facebook multipliait alors les messages d’encouragements et de soutiens. Un commentaire formulait les choses simplement : « Un nouveau média, ce n’est pas rien. »

Nous sommes finalement quatre Bordelais fermement décidés à tenir et à porter financièrement l’initiative : Simon Barthélemy à la tête de la rédaction, Jean-François Belhomme à la régie publicité, Adrien Soland à la logistique de lancement et Walid Salem à la direction de la publication. Les quatre co-fondateurs sont les uniques actionnaires et actifs de Rue89 Bordeaux, qui voit donc le jour sans aucun soutien financier extérieur, aucun investissement spéculatif. Seuls 30 000 € de fonds personnels ont été réunis pour assurer le démarrage.

Autour d’une ligne éditoriale précise, nous réunissons une quinzaine de pigistes et établissons les premières missions. Flotte alors l’effervescence d’une entreprise humaine, soucieuse des préoccupations de la société qui l’entoure sur les questions des politiques urbaines, sociales, écologiques, culturelles et économiques.

Le pari éditorial est gagné. Nous soufflons aujourd’hui notre première bougie. L’audience du site ne cesse d’augmenter, les commentaires saluant notre travail aussi.

700 articles lus 1 million de fois !

Durant cette année d’existence, le site de Rue89 Bordeaux a connu plus d’1 million de pages lues grâce à 450 000 visiteurs uniques dont la moitié est fidèle et assidue. Merci pour votre fidélité qui nous a accompagnés tout au long de l’année et nous a motivés à produire plus de 700 articles !

Vous ne les avez pas tous lus ? Ils sont tous encore en ligne et consultables gratuitement. Nous vous avons tout de même préparé une sélection qui pourrait prendre à tort l’allure d’un « Best of » alors que, au fond, tous nos articles ont reçu la même attention et la même rigueur. Vous trouverez cette sélection sous une forme chronologique en bas de l’article.

Cette première année a été marquée par les élections municipales, sujet sur lequel nous avons tenté de porter un regard décalé. Après un décorticage de la campagne via les réseaux sociaux, l’analyse d’un bilan d’Alain Juppé qui se révèle plutôt « à gauche » a été approuvée de la même manière par plusieurs médias nationaux. Enfin le billet de l’historien Hubert Bonin sur l’implosion de la gauche girondine, perdante des municipales, a été sans concession et prouve bien la liberté d’expression offerte par Rue89 Bordeaux.

En sortant des infos, en décryptant les grands enjeux, en donnant la parole aux Bordelais, directement ou via nos reportages, nous avons rapidement trouvé notre place et prouvé notre utilité.

Cette même liberté d’expression a également été le tremplin d’une tribune qui a eu un retentissement national voire plus. Rue89 Bordeaux a été le premier média à publier la pétition de la lycéenne bordelaise Ariane Baillon, pour donner à des philosophes ou des auteurs femmes la place qu’elles méritent dans les programmes scolaires. Libération, Le Monde, France info et bien d’autres ont repris l’information quelques semaines plus tard.

Blogs et témoins

Fidèle à son principe de l’information à 3 voix, Rue89 Bordeaux s’est aussi ouvert à des blogueurs qui ont partagé leurs sensibilités sur bien des domaines, souvent avec précision et justesse.

11 blogs nous ont ainsi permis de découvrir les projets cinématographiques locaux, de porter un autre regard sur le rugby de l’élite et celui des petits clubs, de pénétrer les lieux où l’art contemporain s’expose en dehors des institutions, de suivre le navigateur Clément Salzes durant la solitaire du Figaro 2014, ou le poète Donatien Garnier sur les traces de Robert Louis Stevenson…

Rue89 Bordeaux a également accueilli des témoignages de riverains, qui font eux aussi l’information : une habitante de la Benauge face à la revalorisation du quartier et le délogement de ses habitants, une salariée de la Fnac pendant le rush des courses de Noël

Un des derniers livrés évoque l’impact de la tragédie de Charlie Hebdo sur la direction, les professeurs et les élèves de l’école des Beaux-Arts d’Angoulême. Certaines victimes de la fusillade étaient d’anciens élèves restés en contact avec l’école.

Cette horrible nouvelle n’a pas manqué de mobiliser nos dessinateurs dans un élan spontané, eux qui ont tout au long de l’année traduit l’information par la malice du dessin.

Pour écrire de nouvelles pages

La transition est toute faite pour dire encore une fois le chagrin qui nous a frappé à l’annonce de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo ; une atteinte abjecte à la liberté d’expression qui nous est chère et que nous défendons chaque jour à notre échelle. Nos principes sont fondés sur cette valeur et rien d’autre. Nous menons notre métier de journaliste sur l’unique voie intransigeante de l’investigation, du reportage et de l’honnêteté des sources. Tout autre chemin n’est que concession et relation publique.

Ces choix nous les avons faits dans une totale indépendance. Mais celle-ci se paye au prix fort dans l’économie où nous évoluons.

C’est pour cela, et voyant que les recettes publicitaires attendues pour supporter le fonctionnement de notre site et assurer la rémunération de nos journalistes ne sont pas à la hauteur de nos espérances, que nous avons créé la Société des riverains bordelais. Un appel à contribution pour maintenir l’indépendance du site et la gratuité de son contenu.

Une Amap culturelle

Nous avons reçu des souscriptions, mais il nous en faut plus, beaucoup plus pour assurer la survie de Rue89 Bordeaux au-delà des quelques mois de trésorerie qui sont devant nous. Nous espérons que vous serez nombreux à y souscrire, pour une mensualité de 3€ ou pour un don dont vous choisirez le montant.

Le soutien de tous les Bordelais, en tant que riverains, mécènes, annonceurs…  nous permettra de continuer. Sans lui, nous devrons rapidement en tirer des conséquences.

Nous avons également entrepris la création d’un coffret culturel : ColisCulture. Notre démarche est simple, instaurer une passerelle entre les artistes, les acteurs culturels et le public. Un genre de panier Amap culturel : notre sélection surprise de livres, de musiques, d’expositions et de spectacles est faite pour guider les Bordelais vers les créations locales et régionales.

ColisCulture espère ainsi œuvrer au rapprochement du public et des artistes de la région, constituer un coup de pouce à la création et la diffusion. Mais le premier n’a pas eu le succès escompté. Nous réfléchissons à sa reconduite après une concertation avec nos partenaires. Vos retours ont été très encourageants et le résultat du sondage que nous avions lancé nous donne envie de persévérer. A vous de répondre présent lors de la prochaine édition prévue dans les mois qui viennent.

Une aventure à suivre

Ainsi s’achève cette première année, avec un appel à soutien certes, mais aussi avec une énorme conviction qu’il faut continuer. Nous avons trop de retours positifs, venus de tous bords et de tous horizons, pour imaginer baisser le rideau.

Enfin, cette aventure ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans l’aide et le soutien de plusieurs personnes, en particulier Pierre Haski, cofondateur de Rue89, ainsi que celui de la rédaction nationale ; big up à Pierre France, fondateur de Rue89 Strasbourg et supporter de la première heure ; ainsi que Dalya Daoud et l’équipe de Rue89 Lyon.

La liste des personnes à remercier serait longue, nous n’omettrons pas cependant de remercier tous nos lecteurs fidèles et exigeants, sans qui Rue89 Bordeaux n’existerait pas.

Rue89 Bordeaux, c’est à vous ! Que l’aventure continue…

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