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Les élus locaux veulent contrôler l’aéroport de Bordeaux

Les actionnaires régionaux de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, les collectivités locales (région Aquitaine, Bordeaux Métropole, villes de Bordeaux et de Mérignac, département de la Gironde) et la CCI, demandent à l’État, détenteur de 60% du capital, de leur céder 10% plus une voix afin que cette infrastructure, dont ils soulignent la vocation militaire et l’intérêt économique, reste sous contrôle public.

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Les élus locaux veulent contrôler l’aéroport de Bordeaux

Les actionaires régionaux veulent garder le contrôle de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac (Martine/flickr/CC)
Les actionnaires régionaux veulent que l’aéroport de Bordeaux-Mérignac reste sous contrôle public (Martine/flickr/CC)

Alors que l’aéroport de Toulouse a été cédé au consortium chinois Symbiose et que la loi Macron prévoit la privatisation des aéroports de Nice et Lyon, les élus locaux et la CCI prennent les devants : le collectif d’actionnaires régionaux a adressé le 16 février dernier un courrier au Premier ministre demandant le rachat de 10% plus une voix des parts de l’Etat, ainsi qu’ils en ont informé la presse ce jeudi à Bordeaux.

« Nous n’avons pas nécessairement besoin d’un opérateur privé pour nous aider à manager cet aéroport, qui est déjà parfaitement managé », affirme Pierre Goguet, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux.

La CCI vient de réaliser une étude soulignant les retombées économiques de Bordeaux-Mérignac : 6,176 milliards d’euros, dont 8199 emplois directs. L’aéroport profite d’un nombre de passagers en augmentation constante depuis 6 ans (4,95 millions en 2014), et affiche une croissance de 7,3%, contre 1,8% pour la moyenne des aéroports français.

« L’aéroport est bien géré, et est en plein développement car il a anticipé l’arrivée de la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux et prend le virage de la diversification, multipliant les dessertes européennes et extra-européennes », rappelle Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole.

Confidentialité défense

Surtout, les élus rappellent que contrairement à d’autres aéroports régionaux, Bordeaux-Mérignac a une vocation militaire, hébergeant le commandement des forces aériennes, 3000 militaires, et des entreprises stratégiques (Dassault, Thales, Safran…) qui y font des essais. C’est donc l’union sacrée, d’Alain Rousset, « résolument contre la privatisation », à Alain Juppé :

« La dimension militaire justifie plus que partout ailleurs la maitrise publique de sa gestion, nous n’avons pas envie de perdre la main »,  le maire de Bordeaux, rejoignant la position déjà exprimée précédemment par Alain Anziani, maire de Mérignac.

Ce dernier rappelle que « l’aéroport exige la confidentialité défense aux entreprises qui s’installent dans la zone industrielle, avec de strictes conditions de sécurité. Il serait un étonnant qu’on ne s’impose pas à nous-mêmes ce que l’on impose aux autres ».

Le vice-président de Bordeaux Métropole ajoute que Mérignac est avec Euratlantique l’un des deux moteurs de la croissance du territoire, et qu’il est donc essentiel de garder la maîtrise publique pour « préserver le foncier autour de cette zone, au cas où un nouvel actionnaire ait d’autres objectifs ».

Les élus locaux et la CCI font front commun pour éviter la privatisation (SB/Rue89 Bordeaux)
Les élus locaux et la CCI font front commun pour éviter la privatisation (SB/Rue89 Bordeaux)

Comment et à quel prix les collectivités locales pourront-elles prendre le contrôle ? Sur les modalités, les élus pensent que la vente des 10% plus une voix pourrait se faire de gré à gré. Alain Rousset pense que le gouvernement aurait bien compris les arguments des élus locaux, et pourraient difficilement passer outre leur front unanime.

Sur la somme, le président de la région Aquitaine estime que ces 10% « ne vaudront pas 100 millions, plutôt 10 ou 20 millions, tout dépend de la façon dont l’aéroport va être valorisé ».

« Rester dans des sommes raisonnables »

C’est en effet « une inconnue qui va peser dans la suite de la discussion », signale Michel Goguet : les discussions s’engagent tout juste avec l’agence des participations de l’État, et aucune estimation de l’aéroport n’a été réalisée récemment.

« On espère rester dans des sommes raisonnables, mais la surenchère à Toulouse montre qu’on peut sortir du raisonnable », souligne le président de la CCI.

Les 49,9% de l’aéroport de Blagnac ont été vendus « plus du double d’une valorisation habituelle » (308 millions d’euros), sur la foi d’objectifs peu réalistes (passer de 7,5 millions aujourd’hui à 18 millions en 2030). Et d’après Michel Goguet, même avec près de 5 millions de passagers, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac pèse en effet moins que Nice (presque 12 millions) ou Lyon (8,5 millions).

Pour trouver du cash, les élus ne désespèrent pas d’associer les entreprises de l’aéroport :

« Il faut trouver des partenaires privés, affirme Alain Rousset. J’ai consulté de grandes entreprises, notamment Dassault. Elles ne souhaitent pas prendre de parts dans le capital mais elles s’associeront aux collectivités pour accompagner la maîtrise publique. Si l’État veut se retirer, on ne doit pas laisser le champ libre à une entreprise qui voudrait simplement regoudronner des pistes. On a actuellement l’impression que les contingences budgétaires sont plus importantes. »


#aéroport de Blagnac-Toulouse

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