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Les Potagers Natures poussent à La Manufacture Atlantique

Les Potagers Natures, ça n’est pas une Amap, mais pas loin ! Ce label de musique bordelais fondé en 2000 sur un coup de tête assume sa ligne – la musique hors des sentiers battus –, et donne rendez-vous ce vendredi soir à La Manufacture Atlantique avec Api Uiz et The Ex.

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Les Potagers Natures poussent à La Manufacture Atlantique

Visuel Api Uiz - Les Potagers Natures (DR)
Visuel Api Uiz – Les Potagers Natures (DR)

Sur la route entre Le Presbyt’Hair à Beauregard (12) et Les Pavillons Sauvages à Toulouse (31), les deux fondateurs du label Les Potagers Natures sont en tournée avec leur groupe Api Uiz. Attrapés au vol entre 150 km de route et une balance, les deux musiciens sont au taquet. Au bout du fil, Ian Saboya et Enrique Vega ont les voix qui se mêlent pour défendre leurs convictions et répondre aux questions de Rue89 Bordeaux.

« Le label a démarré sans savoir »

Car au fond, ce label intrigue. Ni trop voyant ni quelconque, Les Potagers Natures ne passe pas inaperçu dans le paysage rock bordelais déjà chargé comme une mule. La raison en est simple : leur démarche est unique et a la fraîcheur de l’époque où en matière de rock punk, tout était possible. Spontanés et sincères, les deux compagnons de route n’ont pas oublié d’où ils viennent et ne savent toujours pas où ils vont, mais ils y vont :

« On ne peut pas parler des 15 ans de ce label. On ne peut pas dire pourquoi et comment il a démarré, insiste Enrique Vega. Ça n’aura pas de sens ! Le projet a démarré sans idée. Tout est parti sans savoir, comme ça d’une façon informelle. C’est après que ça se cristallise. On l’a finalement assumé après, bien après ! »

Difficile de dissocier le label Les Potagers Natures du groupe Api Uiz. Certes, c’est les mêmes personnes qui sont derrière, mais le premier n’aurait peut-être pas existé sans le deuxième, et vice versa. Le groupe faisait une musique qu’aucun label voulait bien signer. Parfois même les labels incontournables, ou a priori faits pour, « n’étaient pas dans l’esprit ».

« On a d’abord commencé par faire notre musique, précise Enrique Vega. Tu ne te poses pas la question de savoir si elle correspond à telle ou à telle tendance. On a approché quelques labels et puis on est vite redescendu sur terre. A partir de ce moment, on a commencé à avoir notre autonomie. »

« Le rock est une image d’Épinal »

Api Uiz ont vite compris qu’ils ne seront pas mieux servis que par eux-mêmes. Ils enregistrent leur premier album « chez un ami ». Ils entendent parler du pressage en République-Tchèque à un prix raisonnable. Ils finissent par en produire 100 exemplaires et appliquent le DIY (Do It Yourself) en production de musique française :

« Dans le milieu rock alternatif américain, le DIY s’est imposé logiquement, ajoute Ian Saboya. Il est en opposition avec ce qui se fait de propre et de formaté. Le label a été lancé pour nous permettre de produire notre musique. Ensuite, on a produit des compilations pour promouvoir des groupes qui nous plaisaient et qui n’avaient pas de labels… des groupes de premières parties. »

Les Potagers Natures ouvre alors des portes à ces formations « hors calibre » et qui ne correspondent pas à l’esprit de certains labels pour qui « le rock est une image d’Épinal ».

« La forme musicale ne nous bloque pas, c’est l’intention qui nous intéresse. On a voulu rendre à ces initiatives leurs lettres de noblesse. Les plus intéressantes se trouvent en dehors des circuits balisés, dans le milieu de la musique populaire où les propositions sont pertinentes. On a voulu redynamiser ces milieux comme c’était le cas dans les années 1980. »

C’était mieux avant ?

Les années 1980 et les premières structures indépendantes servent de modèles pour Ian Saboya et Enrique Vega qui ont vécu l’avènement d’une génération foisonnante de groupes rock avec leurs yeux d’adolescents : Bérurier noir, les Sheriff, les VRP… Ils évoquent les labels indépendants français qui tracent de nouvelles voies parallèles à l’industrie du disque. Alors ? C’était mieux avant ?

« En quelques sortes !, reconnaît Enrique Vega. Mais il faut souligner que dans les années 1990, tout s’est écroulé. Beaucoup de groupes, comme la Mano Negra, se sont tournés vers les gros labels. D’autres ont disparu parce qu’ils ont mal supporté le virage. Depuis, le rock s’est lissé. Les producteurs ont calibré leurs groupes, les médias ne sont plus disponibles pour les idées marginales et les salles de spectacle proposent des concerts à l’heure du goûter pour ne plus faire de bruit après 22 h ! »

Pour défendre ses convictions, le label Les Potagers Natures veut inverser la tendance et se défaire de ce qui a travesti la force de la création musicale. Ian Saboya et Enrique Vega bannissent donc l’héritage des années 1990 et 2000 :

« Il fallait une démo, un pressbook et une présentation de soi pour contacter les labels ou les salles de concert. Il fallait toujours partir de haut ! Aujourd’hui on corrige, il faut partir de nous, de ce qu’on fait. Il faut en finir avec ce côté pédant de la musique… »

Un partenariat avec La Manufacture Atlantique

Vendredi soir, Les Potagers Natures proposent une soirée à La Manufacture Atlantique dans le cadre de leur partenariat sur la saison. Après avoir organisé plusieurs concerts dans ces lieux qui en accueillaient peu et particulièrement dédiés au théâtre, cette soirée sera l’occasion d’occuper la grande salle avec Api Uiz, version 2.0 customisée avec deux membres de Chocolat Billy, et l’inoxydable The Ex, groupe néerlandais formé en 1979.

« Faire de la musique avec le cœur et l’âme, loin des considérations commerciales, des tendances et des espérances » est le terrain d’entente de cette affiche. The Ex est un emblème dans le circuit de la musique alternative qui illustre la philosophie du label avec « leur vision indépendante de gérer le groupe et la manière dont ils organisent leurs concerts, réalisent et distribuent eux-même leurs productions ».

Les Potagers Natures présente par ailleurs une résidence autour d’un projet poésie sonore à La Manufacture avec des textes d’Isabelle Lassignardie et une musique de Julia Hanadi Al Abed et Mathias Pontevia. Le rendez-vous à retenir est pour le 27 juin. Une initiative qui confirme la liberté revendiquée et indiscutable de ce label bordelais.

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