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Des emplois aidés contre le chômage en Aquitaine

En avril 2015, la région compte 284359 demandeurs d’emploi, 8,9% de plus qu’il y a un an. Une hausse plus importante que la moyenne nationale, et contre laquelle le préfet sonne le tocsin. L’Aquitaine pourrait compter sur 5000 des 100000 emplois aidés supplémentaires annoncés par l’État.

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Des emplois aidés contre le chômage en Aquitaine

L'occupation de l'agence Pôle emploi de la rive droite (DR)
L’occupation de l’agence Pôle emploi de la rive droite (DR)

En avril, Pôle Emploi a enregistré en Aquitaine une baisse de 0,4% du nombre d’inscrits en catégorie A, soit 705 personnes qui cherchent un emploi et déclarent n’avoir jamais travaillé le mois précédent. Une bonne nouvelle, car ce chiffre a encore augmenté en France.

Mais c’est bien la seule du baromètre mensuel régional : car sur un an, ce chiffre d’inscrits en catégorie A est en hausse de 6,7%, et même de 8,9% pour l’ensemble des catégories (les demandeurs d’emploi ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois pour la catégorie B, et ceux qui ont travaillé plus de 78 heures en catégorie C). Au total, l’Aquitaine compte 284359 chômeurs inscrits à Pôle Emploi. Près de la moitié d’entre eux (127702 personnes) le sont en Gironde.

Mardi, le préfet de la région Aquitaine a annoncé une « mobilisation » de ses services, notamment en faveur des publics les plus touchés : les jeunes (moins de 25 ans), parmi lesquels le chômage a augmenté de 4,2% sur un an, les seniors de plus de 50 ans (+9,7% d’inscrits à Pôle Emploi), et les chômeurs de longue durée, inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi, dont le nombre a bondi de 15%.

Des emplois aidés, mais pas assez d’employeurs

Ce sont les publics prioritaires des 100000 nouveaux emplois aidés annoncés lundi par le gouvernement. Si leur répartition n’a pas été encore arrêtée, Pierre Dartout déclare pouvoir compter sur 5000 contrats environ.

Ils s’ajouteront aux 7500 emplois aidés actuellement en cours dans la région, dont 4177 CAE (contrat d’accompagnement dans l’emploi, destinés au secteur non marchand), 2021 CIE (contrat initiative emploi, dans le secteur marchand) et 1317 Emplois d’avenir, dont 300 environ ont été contractés dans le secteur marchand.

Le hic, c’est qu’ils ne trouvent pas toujours preneurs, notamment dans les associations qui ont de moins en moins les moyens de payer le reste des salaires, et ce bien que le financement de l’Etat puisse aller jusqu’à 85% d’un smic. Ainsi, la préfecture n’a atteint que 33% de ses objectifs de signatures de CAE et 74% côté Emplois d’avenir.

« On doit prendre notre bâton de pèlerin, indique Pierre Dartout. Nous lançons un appel aux collectivités territoriales, et notamment aux 5 départements, pour qu’ils recrutent plus d’Emplois d’avenir. Des réunions ont commencé à se tenir dans les sous-préfectures avec des DRH, des entreprises, Pôle Emploi…  Il s’agit notamment de révéler les freins existants à l’embauche et de communiquer sur les dispositifs existants. Nous rappellerons que les Emplois d’avenir sont toujours en place, et que j’ai décidé d’assouplir les règles d’attribution : on peut désormais signer un emploi d’avenir pour un CDD de trois ans, et pas seulement pour un CDI. »

Au secours des « Neet »

Un autre dispositif, actuellement testé dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne, sera étendu en septembre à la Gironde et aux Landes : la Garantie Jeunes est destinée aux 18-25 ans non scolarisés, sans emploi ni formation, et sans ressource financière (surnommés les « Neet », Not in Education, Employment or Training) et subissant une grande précarité. Il octroie une allocation mensuelle de 433,75 euros, dans le cadre d’un parcours intensif d’accès à l’emploi et à la formation.

L’objectif est d’en faire bénéficier 770 personnes dès cette année en Gironde. Sont particulièrement concernés par ce dispositif des zones du département comme le Médoc ou le Libournais, où 25% des jeunes sont sans emploi ni formation, et éloignés des parcours classiques d’accompagnement. Pour l’Aquitaine, l’ambition est de toucher 3600 personnes en 2016, afin de ne pas laisser des jeunes durablement exclus du marché de l’emploi.

Pôle Emploi a de son côté annoncé la création en Aquitaine de 200 postes de conseillers. Ils s’occuperont exclusivement de la relation à l’entreprise, pour satisfaire les besoins de recrutement et accompagner vers l’emploi les publics qui en sont les plus éloignés.

Pierre Dartout, préfet de la région Aquitaine (les doigts levés) prend son bâton de pèlerin contre le chômage (SB/Rue89 Bordeaux)
Pierre Dartout, préfet de la région Aquitaine (les doigts levés) prend son bâton de pèlerin contre le chômage (SB/Rue89 Bordeaux)

Parer au plus pressé

Alors que la région a, contrairement au reste du pays, retrouvé le même nombre d’emplois qu’avant la déflagration économique de 2008, les créations de postes ne suivent pas celui de la croissance démographique d’un territoire très attractif.

Parallèlement, la politique d’allègements fiscaux en faveur des entreprises (Crédit d’impôt compétitivité emploi, Zéro charge sur les salaires au niveau du smic…) ne fait toujours pas sentir ses effets, malgré 750 millions d’euros dépensés en Aquitaine pour le CICE – plus que l’investissement dans les nouveaux emplois aidés au niveau national.

Selon la Direccte (direction régionale des entreprises , du travail et de l’emploi), ces mesures ont permis « d’arrêter la baisse des marges des sociétés, ce qui va leur permettre d’investir, d’innover, et d’aller chercher de nouveaux marchés. Mais elles ont pour l’instant plus un effet de protection de l’emploi que de création ».

En créant de nouveaux emplois aidés, le gouvernement pare donc au plus pressé, en attendant que cette fameuse « politique de l’offre » contribue un jour, peut-être, à inverser la courbe du chômage.


#CAE

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