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L’écaillé du cinéma : Trash Times Redux

Editée à Bordeaux de 1995 à 2005, la publication Trash Times s’est imposée comme une référence auprès des fondus de films de série B et de cinéma d’exploitation. Après dix ans d’interruption, le magnat du fanzinat Guillaume Richard reprend du service, et dévoile ce jeudi 11 juin un quinzième numéro. Story.

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L’écaillé du cinéma : Trash Times Redux

Trash Times numéro 15 en promenade provocatrice devant la Cinémathèque Française à Paris (photo Trash Times)
Trash Times numéro 15 en promenade provocatrice devant la Cinémathèque Française à Paris (photo Trash Times)

Sa prime jeunesse, Guillaume Richard l’a passée à faire des sessions de skate avec ses potes et à aller voir des concerts au Jimmy, au Théâtre Barbey ou à la Mac… Et aussi à voir des films, énormément de films. A Bordeaux, il ne fréquente que les bouquinistes et les vidéo-clubs. A Bègles, il hante les rayonnages du loueur Ciné-World, et consacre même l’intégralité d’un été de vacances à y faire l’inventaire du stock de cassettes VHS.

Nous sommes au début des années 90. En ces temps pré-Internet, Guillaume Richard pratique assidûment « l’échange de vidéos dupliquées entre collectionneurs, et l’import grâce à certaines distributeurs par correspondance comme Video 2000 Maniacs, ou Fabrice Lambot, futur éditeur de Metaluna, grâce à qui on pouvait déjà choper des vidéos de Something Weird ».

Fanzine de série Z

Vivant sous perfusion de métrages de série Z, Guillaume Richard a naturellement voulu écrire sur sa passion, en montant son propre « fanzine », publication amateur éditée à l’attention de fanatiques toujours avides de nouvelles chroniques et d’analyses thématiques aventureuses.

« Je fréquentais une boutique de comics aux Capus, où j’ai découvert les fanzines américains Psychotronic Video, Filmfax, ou encore Cult Movies… »

Cette influence digérée, il publie un premier fanzine en 1995, intitulé It’s Alive, qui lui sert en quelque sorte de numéro zéro.

« Les textes étaient tapés à la machine, et les photos grossièrement découpées et collées au stick UHU. J’étais déçu du résultat, et l’unique numéro n’a pas connu de réelle distribution en dehors du cadre des potes. »

Video Junkies

Le jeune éditeur entreprend alors de franchir une étape :

« J’ai économisé, et me suis offert mon premier PC, avec lequel j’ai réalisé les premiers numéros de Trash Times au format A5. Je tirais mes exemplaires quand je faisais des remplacements nocturnes au local à photocopieuse de la rédaction de Sud Ouest. Je faisais l’assemblage à la maison, avec une agrafeuse de chantier. Au début, j’écrivais tous les articles, je m’occupais de la maquette, et la diffusion restait essentiellement régionale. »

La méthode est artisanale, mais des magazines reconnus comme Starfix, Toxic, L’Ecran Fantastique ou Mad Movies saluent l’effort de Trash Times dans leurs colonnes, et le lectorat grossit. Certains lecteurs proposent leur aide et viennent renforcer l’équipe rédactionnelle. Le numéro 7 annonce fièrement en couverture : « Plus de pages et plus de trash pour les video junkies. »

A partir du numéro 9, paru en octobre 2001, Trash Times, pratiquement devenu un magazine, a trouvé son rythme. Les parutions sont moins espacées, la mise en page est professionnelle, les rubriques sont définies et les collaborateurs réguliers. Les horizons cinéphiliques s’étendent : kung fu, films d’espions, cinéma japonais, érotisme déviant, polars italiens, dystopies post-apocalyptiques… Trash Times a véritablement explosé.

Director’s Cut

Couverture du numéro 14
Couverture du numéro 14

Pourtant, Guillaume Richard stoppe la publication au quatorzième numéro, à l’apogée de Trash Times, au cours de l’été 2005. Seul aux commandes, le jeune homme s’était mis à ressentir le besoin de reprendre le contrôle de sa vie sociale. Il ne se range toutefois pas totalement des voitures. Il signe quelques piges dans Mad Movies. Il s’occupe des livrets d’un éditeur DVD. Il tient un blog en ligne. Il collabore à l’aventure du magazine parisien Metaluna : neuf numéros sortis dans tous les kiosques entre 2013 et 2014.

« Dommage que ça ait échoué, c’était un chouette projet. Les délais serrés, le calibrage des textes… Que du bonheur ! »

Et puis, revient à lui cette évidence :

« On est quand même plus relax dans le fanzinat. Moins d’impératifs, pas les mêmes enjeux non plus… »

Un aperçu des pages intérieures de Trash Times numéro 15
Un aperçu des pages intérieures de Trash Times numéro 15

L’envie d’écrire sur sa passion reprend le dessus. Guillaume Richard annonce la sortie d’un nouveau Trash Times, après un break de dix ans, pour un nouveau numéro daté « été 2015 ».

C’est cette nouvelle version de Trash Times dite « Redux » que Guillaume Richard présente cette semaine au public bordelais. Un numéro avec une ligne éditoriale étendue à d’autres passions du fanéditeur et d’autres branches de la sous-culture vintage, notamment la musique et l’illustration. Au sommaire, on retrouve par exemple un dossier consacré au label vidéo culte américain Something Weird, à la sulfureuse pin-up Bettie Page ou au catcheur justicier mexicain Santo. Et nul contenu disponible en ligne sur quelque site web :

« Je n’ai ni l’envie ni le temps de me consacrer au support virtuel, déclare l’activiste. Je préfère me concentrer sur le fanzine papier. »

Avant de conclure avec un sourire complice :

« On a du retard à rattraper ! »

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