Longtemps j’ai cru que la structure partidaire suffirait, grâce à l’engagement de si nombreux militants qui ne comptent pas leurs heures, à surmonter les trahisons de la gauche au pouvoir, à unir tous ceux qui disent la même chose dans des appareils différents.
Je me suis trompé. La cinquième République est étroitement lié au système des partis, quel que soit leur tendance. Croire que les citoyens vont émerger sur la scène politique parce que tel ou tel parti voulant renouveler les pratiques politiques leur en fera l’invitation est une illusion.
Une nouvelle méthode
D’élections en élections, des citoyens s’éloignent toujours un peu plus des bureaux de vote et des partis aux dérives immanquablement oligarchiques. Pire, ils abandonnent jusqu’à l’idée même de participer aux moments de vie commune d’une république dont ils jugent les principaux acteurs corrompus. Le système ne se décrit plus que comme verrouillé. L’écœurement envahit très largement les pensées. Les porteurs de haine sont encouragés et singés comme si chacun ignorait les périls d’une histoire qui bégaie.
Malgré le soleil et la bonne chère, notre région Aquitaine – Poitou-Charentes – Limousin, ne fait pas exception !
D’élections en élections, la politique se réduit à l’affrontement politicien de structures verticales, sans autre objectif que de conquérir le pouvoir… pour le pouvoir ou parfois simplement faire survivre un appareil. Ce constat déplorable est devenu d’une banalité affligeante à l’heure des scandales politico-financiers des uns et des autres. Et pourtant il est au cœur de la question qui se pose à tous ceux qui veulent faire de la politique autrement. Comment faire autrement quand on refait toujours incessamment la même chose ?
Ça suffit comme ça, il faut changer de méthode : la Vague Citoyenne en propose une nouvelle !
Démocratie, solidarité, écologie
La Vague Citoyenne est née en Aquitaine, de cette colère qui mine au quotidien l’existence de tous ceux qui misèrent en silence. Elle est mue par cette indignation partagée face à la trahison du trop petit nombre de ceux à qui l’on a confié le pouvoir de gouverner les affaires de la cité, et qui ont trop souvent confondu l’intérêt général et l’intérêt particulier. Elle croît avec la volonté de dépasser ces sentiments immédiats par l’action joyeuse et le rassemblement populaire. Elle ne croit plus en la simple représentation mais veut la participation concrète. Elle a des fondamentaux simples mais à dimension universelle et les affiche depuis le départ, sans se cacher : démocratie, solidarité, écologie.
Parce qu’il n’y a pas d’autre enjeu politique que celui de remettre le peuple au centre des décisions collectives, de redistribuer les richesses pour rendre l’existence de tous digne d’être vécue et de protéger notre écosystème pour qu’il continue à être le lieu commun de la vie sur terre.
Ni un parti ni une association
« L’union est un combat », disait-on il y a quelques décennies : elle est surtout aujourd’hui un combat qui depuis bien longtemps n’est plus mené. Quand l’espoir ne se projette plus, il ne reste plus qu’à se remonter les manches et à le recréer. Nous étions une poignée au départ, encartés ou pas, se répétant qu’il fallait mettre la politique entre les mains de tous autour de ces fondamentaux. Nous sommes 1000 à présent, nous serons des dizaines de milliers demain.
Les 3/4 des signataires ne se revendiquent d’aucun parti. Le dernier quart incarne déjà l’unité de toutes les forces de progrès qui n’ont pas renoncé à bousculer le désordre libéral. Ce mouvement tire sa force dans le fait de n’être ni un parti ni une association structurée, mais un collectif de citoyens qui, partis de la base, s’unissent pour agir sur des bases claires !
De tous âges, de tous horizons, de toutes conditions, La Vague Citoyenne accueille, sans exclusive, le plus grand nombre. Tous ceux qui veulent agir ici et maintenant, sans attendre la disposition d’un tel ou la gesticulation d’un autre, y sont bienvenus. Un seul principe méthodologique nous guide, avancer en commun, faire ensemble.
1 citoyen égale 1 voix
Bien sûr, il existe des partis qui se réclament de ces valeurs et de l’implication citoyenne. Mais ceux-ci n’annoncent pour l’instant celle-là que comme un slogan … et ne la pratiquent pas. En citoyens-faiseurs, nous les convions tous à rejoindre le mouvement et à passer ainsi de la parole aux actes pour (re)découvrir de près les vertus de l’action démocratique. A commencer par EELV, le Front de Gauche (PG, PCF, Ensemble) ou Nouvelle Donne, avec qui des contacts ont déjà eu lieu, mais qui peinent à dépasser le stade du cartel électoral ou du « tous derrière notre bannière » pour adopter le principe garant d’une démarche partagée par tous ceux qui s’y engagent, donc de l’implication concrète du plus grand nombre : 1 citoyen égale 1 voix !
Loin des crispations partisanes identitaires, la Vague génère un espoir collectif : celui de l’unité citoyenne la plus large, afin de proposer un contenu politique collectivement élaboré et partagé. La méthode se décline ainsi : nous votons pour tout car toutes les décisions sont prises par tous les signataires ; une plateforme programmatique électronique va être mise en place pour la contribution du plus grand nombre ; des citoyens relais irriguent la région pour intégrer les nouveaux venus dans la démarche participative ; un jury de 50 citoyens à parité va être tiré au sort parmi les volontaires pour constituer la liste dans l’hypothèse d’une participation à l’élection régionale en Aquitaine – Poitou-Charentes – Limousin…
L’humain au centre
Commencer et se trouver déjà face à une échéance électorale, les régionales de décembre 2015, avec la perspective désolante d’une reproduction du même n’aide pas lorsqu’on veut inscrire un mouvement dans la durée. Il faut pourtant avancer sans ignorer les obstacles.
La Vague Citoyenne se déterminera ce samedi à Tyrosse lors de son second rencard citoyen régional pour savoir si elle s’y présente sur ses fondamentaux en Aquitaine – Poitou-Charentes – Limousin. Je défendrai l’idée que face à ceux qui rêvaient qu’il y ait un grand suspense entre libéralisme élégant et libéralisme raffiné, elle propose le seul plan B qui vaille : celui qui met l’humain au centre et non la haine. Sa présence est à mes yeux indispensable.
Rassembler pour faire et non pour commenter
La campagne va être très courte ? Mais des milliers de citoyens sont déjà au quotidien engagés autour des mêmes valeurs et prêts à construire un programme alternatif basé sur leur expérience et leur engagement : lanceurs d’alerte, défenseurs des droits humains chaque jour bafoués, de terres menacées par les grands projets inutiles, des services publics de proximité broyés par le dogme libéral, faucheurs volontaires, généreux hébergeurs dits « illégaux », heureux promoteurs de l’hétérodoxie en économie, de l’éthique en politique, innovateurs et partageux, solidaires et créatifs, radicaux et concrets.
C’est sur eux, sur leurs propositions et leurs expériences que l’on doit s’appuyer. Financer une campagne électorale est compliqué quand on ne part de rien ? Mais nous en ferons le cœur de notre démarche : l’indépendance absolue par rapport au système parce que nous ne vivons pas de la politique ! A l’ère numérique, le financement participatif et collectif peut dépasser les logiques habtiuelles de domination.
Elu communal de terrain, à Sauveterre-de-Guyenne, au cœur de l’Entre-deux-Mers, je sais le ravage que sera une région technocratique au périmètre monstrueux, sans autre identité que la contrainte administrative de réunir des citoyens éloignés de Guéret à Hendaye, centré autour de sa métropole et ayant un bref regard pour quelques grandes villes, et qui ne manquera pas de laisser ses territoires ruraux à l’abandon, si nous ne prenons pas les choses en main. A chacun de voir s’il est prêt à continuer comme ça ou à s’impliquer : stop ou encore ?
Agir pour l’humanité
Mais la Vague Citoyenne ne tient pas à réduire sa dynamique aux seules échéances électorales. Tous les jours, des initiatives s’enchaînent et incarnent concrètement les potentialités d’action de ce mouvement inédit. Le dernier en date : le lancement le 1er septembre d’une pétition destinée à affirmer que nous voulons accueillir les réfugiés .
En quelques jours, près de 40 000 signataires ont rejoint la démarche. Et des milliers pourraient suivre dans les jours qui viennent. Parce que la générosité, l’hospitalité, restent les principes de vie du plus grand nombre, ceux qui nous permettent d’accéder concrètement à l’universel. Parce que l’humanité, tout simplement, c’est de ne pas supporter et d’agir !
Face à l’urgence absolue, la seule position digne est celle de l’accueil, et de la mise en place d’actions concrètes pour recenser les logements vides et autres lieux d’accueil potentiels, solliciter les collectivités et les élus, prendre contact avec les associations locales, etc.
Faire pression sur notre gouvernement
Mais il ne s’agit pas de substituer une action de charité à l’impuissance volontaire de l’Etat à faire son travail. La question est politique et doit se régler politiquement. La solution des quotas et l’institution de tri entre les êtres humains est tout simplement honteuse et déshonorante pour l’idéal de fraternité que la République défend universellement. Cibler les causes, faire pression sur nos gouvernants pour qu’ils agissent au plan international en respectant un mandat du peuple, voilà notre tâche.
Sur tous les sujets, l’implication citoyenne peut être la solution, à condition de prendre au sérieux ce que cela veut dire. Que tous ceux qui n’ont pas renoncé à construire quelque chose qui nous dépasse et vise enfin le bien commun, du local au global, sortent de leur zone de confort et nous rejoignent. Tous sont les bienvenus. La joyeuse déferlante participative de la Vague pourrait bien alors redessiner le paysage régional d’ici l’hiver prochain.
Christophe Miqueu
Membre du Comité d’animation de La Vague Citoyenne
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