Avec 44,1% des suffrages, le socialiste Alain Rousset devance nettement sa rivale de droite Virginie Calmels, l’adjointe d’Alain Juppé (34,2%). La gauche conserve ainsi la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Jacques Colombier, le candidat Front national, obtient 21,7% des voix, un score inférieur à celui obtenu au premier tour.
« C’est un moment très émouvant pour moi, a déclaré le président sortant de l’Aquitaine lors de son arrivée à son QG bordelais, un peu avant 21h ce dimanche. C’est l’An 1 d’une nouvelle région, d’une nouvelle structuration des pouvoirs publics en France. C’est une immense responsabilité. »
Dans ce local exigu il a été accueilli par une trentaine de militants et d’élus enthousiastes, dont le sénateur Philippe Madrelle, à qui Alain Rousset peut espérer disputer quelques records de longévité.
Le député PS de Gironde a salué le « sursaut » des électeurs – la participation a grimpé de 6 points par rapport au premier tour, atteignant 51,21% ; et le PS, allié aux écologistes, a amélioré son score de 10 points.
En France, cette mobilisation a permis à la gauche de remporter 5 régions, et de barrer la route au Front national, qui n’en décroche aucune. Un contexte tendu qu’a souligné Alain Rousset :
« Ce que nous venons de vivre suppose de repenser nos méthodes, que nous arrêtions avec nos certitudes grotesques, et que nous pensions à celles et ceux qui sont exclus du gâteau de la croissance, qui n’ont ni statut ni contrat à durée indéterminée. Il faut qu’on se remette en cause. »
« Une joie marquée d’un bandeau noir »
Comment ? Alain Rousset estime que les responsables politiques doivent avancer sur « deux pieds, l’entreprise sur laquelle repose la création de richesse, et le modèle social, qui accompagne par la formation ou la santé ceux qui sont exclus du gâteau ».
Il a rappelé qu’un mois jour pour jour après les attentats de Paris, « cette joie qui est la [sienne] ne peut qu’être marquée d’un bandeau noir. » Le président de l’Association des régions de France demande à l’État de « se regrouper sur ses compétences régaliennes, et que les territoires se responsabilisent. »
L’élu girondin a par ailleurs déploré la campagne de sa rivale, Virginie Calmels, « pas toujours digne ».
Pour Anne-Laure Bedu, colistière d’Alain Rousset, et chef d’entreprise (d’un cabinet de conseil en développement durable), engagée depuis 3 ans en politique, l’adjointe d’Alain Juppé est, avec son discours virulent, « passée à côté du tempérament de modération, pragmatique et terre à terre des Aquitains. »
Dans un message adressé à ses alliés EELV, Alain Rousset a également rappelé qu’après la COP21, le pays allait ‘devoir s’engager dans la transition énergétique et écologique ».
La gauche aura 107 siège (dont 17 écologistes) dans la nouvelle assemblée, la droite, 47, le FN, 29. Le président de la nouvelle région sera élu le 3 janvier.
« Nous allons devoir désormais travailler sur l’harmonisation des politiques publiques, souligne Naïma Charaï, conseillère régionale d’Aquitaine, réélue. Poitou-Charentes est en avance sur l’écologie et le développement durable, le Limousin sur l’agriculture, en particulier la bio et les circuits de proximité, nous avons une appétence pour le développement économique et les entreprises… Nous allons mutualiser ces politiques. »
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