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Franck Bondoux : « Le Festival d’Angoulême a été instrumentalisé »

Le Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême vient de prendre une nouvelle décision suite à la polémique l’accusant de sexisme dans le choix des nominés au Grand Prix 2016. Il invite les auteur.e.s à voter librement. Entretien avec Franck Bondoux, le directeur délégué général du festival.

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Franck Bondoux : « Le Festival d’Angoulême a été instrumentalisé »

Franck Bondoux, directeur délégué génral deu FIBD Angoulême (ActuaLitté)
Franck Bondoux, directeur délégué général du FIBD d’Angoulême (ActuaLitté)

Il n’y aura finalement pas de liste de nominés pour le Grand prix du festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Dans un communiqué publié ce jeudi, la direction du festival a pris « la décision d’inviter l’ensemble des auteur.e.s de bande dessinée à voter librement pour désigner comme lauréat.e l’auteur.e de leur choix » :

« Le Festival soumet donc au libre arbitre absolu des auteur.e.s l’élection du lauréat/ de la lauréate, et ce, dès cette édition 2016. Aucune liste de noms de créateurs/créatrices du 9e Art ne sera, par conséquent, proposée à leur vote, et il leur reviendra de choisir, en toute liberté, le nom du confrère ou de la consœur qu’ils/elles souhaitent élire en tant que Grand Prix. »

Voter librement, un procédé définitif

Pour comprendre cette décision, prise au lendemain d’une polémique soulevée ce mardi 5 janvier par le Collectif des créatrices de bandes dessinées contre le sexisme, qui a eu pour conséquences le désistement de plusieurs auteurs de la liste, Franck Bondoux, directeur délégué général du festival, a bien voulu répondre aux questions de Rue89 Bordeaux.

Rue89 Bordeaux : Pourquoi avoir décidé d’ouvrir le vote pour l’élection du Grand Prix du FIBD Angoulême ?

Franck Bondoux : Avec l’équipe du festival, nous avions déjà amorcé des réformes depuis 2013. Jusqu’à cette date, c’était une académie, composée d’anciens Grands Prix, qui choisissait le nouveau Grand Prix. Nous avons voulu changer ce procédé pour faire en sorte que les auteur.e.s soit concerné.e.s. Nous avons d’abord opté pour un système que nous avons vite abandonné. Il consistait à faire établir une liste d’une quinzaine d’auteur.e.s choisi.e.s par des professionnels de la BD et ensuite la soumettre à l’Académie.

Nous avons ensuite inversé le processus et voulu établir nous-même une liste pour la soumettre aux auteur.e.s. C’est la fameuse liste de 30 noms qui était une manière d’aider les votants à faire leur choix. La liste de 2016 a provoqué une polémique qui a accéléré les choses et nous a amené à ouvrir totalement le vote.

Ce sera donc un procédé définitif et pérenne, et non pas pour éteindre la polémique ?

Exactement. Cette polémique a juste accéléré sa mise en place.

Deux tours de vote pour élire le Grand Prix

Pourquoi avoir hésité puisque le festival avait publié ce mercredi après la polémique, un communiqué proposant de rajouter des noms de femmes à la liste des 30 ?

Parce que nous étions en pleine réflexion. Cette liste existait et on a cru bon de la garder comme base de travail. Aujourd’hui cette polémique nous conforte dans l’idée que les auteur.e.s sont impliqué.e.s et mobilisé.e.s. Ce qui nous a permis d’écarter le risque de ne pas avoir des votants dans le cadre d’un vote libre.

Comment va se dérouler concrètement ce vote libre ?

Ce vote sera réservé aux seul.e.s auteur.e.s de BD. Il sera possible dès la mise en place, d’ici le début de semaine prochaine, d’un processus de vote adapté sur le site du festival pour garantir les meilleures conditions possibles.

Avec un groupe de travail, nous sommes en train de réfléchir aux modalités et à leurs applications techniques. Nous allons probablement demander un choix de trois noms lors d’un premier tour. Un deuxième tour, toujours ouvert aux auteur.e.s, permettra d’élire parmi les trois noms les plus cités le Grand Prix 2016.

« Le festival sert de caisse de résonance »

Comment avez-vous vécu cette polémique ?

Je pense qu’il y eut une vision du Festival par un prisme qui n’est pas le bon. On a jugé le festival à l’aune de ce Grand Prix qui distingue une carrière passée et non pas à l’aune des efforts pour la promotion des jeunes et des créations féminines.

Le FIBD d’Angoulême est devenu un événement majeur, qui va être labellisé Grand Tour au même titre que le Festival de photographie à Arles ou le Festival de cinéma de Cannes. Il a grandi et sert aujourd’hui de caisse de résonance qui permet de faire entendre des causes. On est très surveillé et je pense qu’on a été instrumentalisé dans cette histoire. Surtout que beaucoup de fausses informations circulent, comme ce que j’ai pu entendre sur France Inter ce matin : un animateur a soutenu qu’aucun album d’auteure femme est dans la Sélection Officielle. C’est faux ! Il y en a dix.

Nous acceptons de bonne grâce qu’on nous dise que nous avons tort, mais il ne faut pas oublier ce que le festival a fait pour des auteures femmes. Quoi qu’il en soit, j’espère que cette polémique aura fait avancer leur cause.


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