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A Bacalan, l’école Labarde s’ouvre aux parents

Un nouveau dispositif est expérimenté à l’école Labarde, à Bordeaux, qui a pour but d’intégrer les parents dans un projet pédagogique. Il a été officialisé ce vendredi dans le cadre de la signature de la « Politique de la Ville » qui a eu lieu dans l’établissement du quartier de Bacalan.

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A Bacalan, l’école Labarde s’ouvre aux parents

L'école Labarde à Bacalan (Google Street)
L’école Labarde à Bacalan (Google Street)

L’initiative est naturellement venue du terrain. Elle a croisé le chemin du Pacte de cohésion sociale et territoriale de la mairie de Bordeaux qui l’a prise sous son aile :

« C’est aussi ça le Pacte, précise Alexandra Siarri. C’est des actions transversales connectées à sa dynamique et qui reposent sur les mêmes principes : favoriser la médiation, faire avec les habitants et construire les actions dont ils ont besoin. »

Lancé au sein de l’école Labarde à Bacalan, le dispositif « Ecole ouverte sur mon quartier » a été présenté par l’adjointe au maire en charge de la cohésion sociale et territoriale, accompagnée d’Emmanuelle Cuny, adjointe en charge de l’éducation. Elles ont expliqué avoir « fait de la maïeutique » en insistant sur l’important travail de l’équipe pédagogique et le tissu associatif du quartier de Bacalan.

Ce dispositif a été officialisé ce vendredi avec la signature, à l’école même, de la « Politique de la Ville » en présence d’Alain Juppé, maire de Bordeaux, Pierre Dartout, Préfet de région, et François Coux, DASEN de la Gironde.

Des parents reconnectés

C’est au Café des parents que l’idée a germé. Ce rendez-vous, donné à l’école Labarde tous les lundi matin à 8h30 et à l’école maternelle voisine Point du jour le vendredi matin à 8h30, est mis en place par la Régie de quartier Habiter Bacalan et l’Association familiale laïque. C’est ici que l’équipe pédagogique, avec à leur tête Marine De Broca-Célérier, a pu établir un diagnostic :

« Souvent la relation entre l’école et les parents s’arrête au portail, là où ils laissent les enfants le matin et les récupèrent le soir, explique la directrice. En dehors de l’école, les mots ne sont pas lus, les évaluations ne sont pas contrôlées, et les rendez-vous ne sont pas honorés. L’école, pour certains parents, ne fait pas sens. Ce qui entraine très souvent un problème d’absentéisme. »

Nichée au pied du pont d’Aquitaine, l’école Labarde est sur la liste des écoles et des établissements scolaires publics participant au programme Réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) censé réduire l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire. Elle bénéficie également du Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) destiné à apporter une aide renforcée aux enfants en difficulté au sein des écoles maternelles et des écoles élémentaires.

Celle-ci accueille 149 élèves dont le tiers est issu de la communauté du voyage, le reste venant de milieux défavorisés. Selon Marine de Broca-Célérier, il y a très peu de mixité sociale entre les parents d’origines diverses. Il est donc urgent de « lutter contre ces problèmes, en créant des temps qui permettent aux parents d’identifier l’école comme un lieu d’éducation ».

Alphabétisation, informatique et nutrition

L’école est la seule de Bordeaux à bénéficier de l’aide d’un médiateur, Othmane Belemhouar. Grâce à lui et au travail des associations – l’Amicale laïque, l’Association familiale laïque, et l’association La Maison du diabète et de la nutrition –, les besoins des parents ont été identifiés. Trois ateliers ont ainsi été mis en place sous le dispositif « Ecole ouverte sur mon quartier », accessibles également aux habitants du quartier. Il s’agit d’apporter un soutien dans l’apprentissage de la langue française, dans l’utilisation de l’informatique et « manger malin » avec des notions sur la nutrition.

De ces ateliers, celui de l’alphabétisation est le plus long à lancer concède la directrice de l’école. « Il faut aller au contact des parents en difficulté » grâce à ceux qui font le lien avec le quartier. Laurence Vimbaye, de l’Association familiale laïque, est de ceux-là. Cette médiatrice socio-culturelle, déjà opérationnelle au Café des parents, fait « du porte à porte avec beaucoup de patience » :

« Nous avons déjà trois personnes intéressées par l’atelier d’alphabétisation et on devrait en avoir huit en tout. Les demandes émanent de personnes d’origines différentes, que ce soit les gens du voyages, l’Europe de l’est, l’Afrique… Chaque personne est un cas à part. Nous réfléchissons à mettre un parcours personnalisé selon le niveau. »

Un dispositif adapté à chaque quartier

« C’est important pour nous que ce dispositif prenne forme en premier lieu à l’école Labarde, souligne Alexandra Siarri. Parce que c’est Bacalan, un quartier souvent évoqué comme une zone de non droit où il ne se passerait rien. Sans vouloir stigmatiser le quartier et sa population, il y a un travail à mener sur la mixité sociale, éviter les rencontres frontales, faciliter les dialogues. Ce travail doit également être mené avec les bailleurs. »

Prochainement, ce dispositif sera étendu à l’ensemble des quartiers de Bordeaux assure Emmanuelle Cuny :

« Nous avons un projet à Saint-Augustin, à la maternelle Alphonse-Dupeux. Il y en aura d’autres à La Bastide, à Nansouty, à Bordeaux-Centre, à Caudéran… Il faut envisager un dispositif adapté à chaque quartier, avec sa sociologie et sa spécificité. »

Il ne s’agit donc pas seulement de quartiers sensibles comme tient à le souligner Alexandra Siarri :

« La notion de quartier sensible est à relativiser. Il y a des quartiers où la jeunesse est en souffrance dans d’autres problématiques. Cette séparation est assez théorique. Il y a des écoles où il y a des problèmes de nutrition, d’autorité, d’usage de stupéfiants, ou de violence. Et peu importe le quartier. »

Récolter les fruits

Fruit du travail des associations, chaque dispositif sera « construit avec des réunions de concertation », précise Emmanuelle Cuny, « inscrites dans le projet éducatif de Bordeaux (personnalisation du PEDT – Projet éducatif territorial, NDLR) et dans le cadre de l’application des réformes scolaires ».

L’apport de la mairie de Bordeaux réside dans l’amélioration de la visibilité des initiatives et aussi dans l’augmentation des budgets alloués aux associations. La définition de l’ « Ecole ouverte sur mon quartier » sera emmenée à évoluer, non seulement en fonction des quartiers mais aussi avec de nouvelles idées.

L’école Labarde prévoit déjà d’étoffer son propre dispositif même si « l’expérimentation de celui-ci attend la fin de l’année pour l’évaluation du travail » comme le précise Marine De Broca-Célérier. La directrice lorgne le terrain en friche à proximité de son école :

« Il y a un gros potentiel d’espaces verts. On a lancé l’idée d’un jardin pédagogique où les élèves vont cultiver une parcelle dans la cour visible par les parents. Dans un deuxième temps, nous allons lancer une étude pour le terrain voisin, budgétiser le projet, et lancer un chantier éducatif pour sa transformation en jardin partagé dédié aux parents. »

Il s’agit de semer maintenant pour pouvoir en récolter les fruits plus tard.


#Alexandra Siarri

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