Enquêtes et actualités gavé locales

Pour les 10 ans de votre média : objectif 2000 abonné⋅es

30/04/2024 date de fin
730 abonné⋅es sur 2 000
Pour ses 10 ans, Rue89 Bordeaux propose un abonnement à 10€/an et vise les 2000 abonné.es

Pesticides : Mamère largue la mission de la « bonne conscience »

« Pourquoi je ne souhaite plus être associé à la démarche engagée avec neuf autres députés de Gironde pour la création d’une mission d’information parlementaire sur l’usage des pesticides en agriculture ? » Noël Mamère s’explique.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Pesticides : Mamère largue la mission de la « bonne conscience »

Noël Mamère à Darwin, pendant la campagne des européennes (WS/Rue89 Bordeaux)
Noël Mamère à Darwin, député de la 3e circonscription de Gironde ne veut plus d’une « énième » enquête (WS/Rue89 Bordeaux)

Dans un communiqué confidentiel, que Rue89 Bordeaux dévoile en exclusivité, le député écologiste Noël Mamère enclenche la marche arrière après le courrier du 17 février dernier co-signé avec neuf députés PS de Gironde et adressé au Président de la Commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, Jean-Paul Chanteguet. Le texte demandait la création d’une mission d’information parlementaire sur l’effet de l’utilisation des biocides en agriculture sur la santé, la région bordelaise et sa vigne étant particulièrement concernées.

Une « énième » enquête pour se donner bonne conscience

« Si je ne remets pas en cause l’objectivité de cette démarche, nous ne pouvons nous contenter aujourd’hui d’invoquer la mise en place d’une “énième” enquête dans le but de nous donner bonne conscience, écrit le député. Les effets néfastes de l’utilisation des pesticides sont bien trop connus et ce, depuis longtemps, pour ne pas prévenir ces risques dès à présent. »

Noël Mamère semble donner raison aux organismes, co-signataires d’une tribune sur notre site, qui pointaient l’inutilité de cette mission et qui réclamaient de l’action immédiate, faisant valoir un rapport voté au Sénat en 2012 sur l’impact sanitaire des pesticides.

Le député écologiste fait également référence aux diverses enquêtes épidémiologiques, depuis 1980, qui évoque « l’implication des pesticides dans plusieurs pathologies chez des personnes exposées professionnellement à ces substances (cancers, troubles de la fertilité, etc.) ».

Des cas de figure girondins

Noël Mamère s’appuie sur les deux cas de figure girondins « certes médiatisés » mais qui « ne sont certainement pas des épiphénomènes » :

« Le 5 mai 2014, vingt-trois enfants et une institutrice de l’école de Villeneuve, établissement entouré de vignes, sont hospitalisés en urgence après avoir ressenti des migraines, nausées et étourdissements. Le matin même, les parcelles viticoles environnantes ont été aspergées de pesticides. Une plainte est déposée par la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le sud ouest (Sepanso) pour déterminer les causes de l’accident, plainte classée sans suite en juin 2015 par le parquet de Libourne.

 

Le 5 août 2015, l’Agence Régionale de la Santé (ARS) et l’Institut de veille sanitaire (Invs) publient un rapport sur l’excès constaté de cas de cancers pédiatriques sur la commune de Preignac, toujours en Gironde. Quatre cas sont en effet recensés entre 1999 et 2012 sur cette commune qui ne totalise que deux mille habitants. Si ce rapport ne peut démontrer le lien entre cancers et pesticides sur un effectif si réduit, il estime toutefois que le facteur de risque est connu. »

Prenant soin de préciser qu’il « n’incrimine pas ici les vignerons, mais bien les pesticides », le maire de Bègles regrette que certains de ses collègues députés girondins « continuent d’occulter ces faits, par souci certainement de préserver une profession qui se sait en danger ». Il souligne que le poids du secteur viticole en Gironde « ne peut justifier un tel laxisme de la part des pouvoirs publics » et sa « production viticole, mondialement reconnue, sera d’autant plus appréciée pour avoir su évoluer en intégrant les notions de respect de l’environnement et de santé publique ».

A bon entendeur, salut !


#écologie

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options