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Pierre Wetzel, photographe chasseur de spectres

Photographe indépendant, Pierre Wetzel s’est récemment attaché aux procédés du collodion humide, un ancêtre du polaroid monté sur pied en 1851. Sous le titre « Dysmorphophobia », il expose dans l’ancienne prison de La Réole du 12 au 20 mars. Par Edgar Sabatier (avec Walid Salem).

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Pierre Wetzel, photographe chasseur de spectres

Pierre Witzel et son Collodion humide
Pierre Wetzel (DR)

« C’est un travail sur l’image de soi, l’image que l’on renvoie aux autres, le dédoublement de personnalité, la schizophrénie. »

Pierre Wetzel débarque là où on ne l’attend pas. Ce photographe bordelais, grand habitué des portraits de rockeurs de passage à Bordeaux, ouvre les portes de l’ancienne prison de La Réole pour y installer une série de photos sous le titre de « Dysmorphophobia » du 12 au 20 mars.

« 13 cellules, 13 portraits », précise-t-il, sur des plaques originales au collodion humide, format 24×30 cm. Chaque cellule aura son portrait dans l’encadrement derrière le passe-plat qu’ « il faudra ouvrir pour découvrir la photo ».

Le collodion humide

La carrière de Pierre Wetzel est déjà bien accomplie lorsqu’il tombe sur la splendeur grise des clichés du collodion humide. Un choc submerge le photographe et annonce les débuts d’un nouveau genre. Avec son confrère Thomas Larue, lui aussi attiré par cette griffe archaïque, ils se procurent l’instrument à trois pieds et commencent une longue période d’apprentissage qui, en réalité, ne connait aucune limite.

Avec cette imposante machine, ses multiples étapes et accidents, la perfection pigmentaire n’est pas chose simple. Ça tombe bien, c’est en partie pour le charme de ces bavures picturales que s’éprend le portraitiste bordelais. Et il n’est pas le seul ! Séduit par le rendu époustouflant de cet engin suranné, le directeur du Krakatoa désire immortaliser la venue de chaque vedette sur les plaques de verre de la fameuse chambre noire. L’opportunité immanquable pour Pierre, féru de musique depuis son âge tendre, de concilier à nouveau ses deux passions.

Une nouvelle expérience

Un laboratoire est établi dans les coulisses de la salle pour habiliter le développement immédiat des images. Le photographe y transporte l’un de ses appareils et propose aux artistes de se faire tirer le portrait entre deux répétitions. D’Arthur H aux Eagles of Metal, Pierre Wetzel accumule les belles rencontres, les œuvres, les expositions.

En octobre dernier, il s’installe sur la place Saint-Michel, dans une boutique en rez-de-chaussée garnie de larges portes vitrées. Le lieu propose également une collocation créative et se nomme « Maison Spectre ». Pierre Wetzel y expose ses réalisations, photographie ses clients, et dispose même d’une cave en guise de laboratoire.

Portrait serré au Collodion humide
Portrait serré au Collodion humide (Photo Pierre Wetzel / DR)

Un photographe humaniste

Entre icônes musicales et demandeurs inconnus, Pierre Wetzel saisit l’humeur de ses modèles avec une subtilité paradoxale. Le mélange de l’imperfection picturale à la finesse des traits donne à ses images une dimension intemporelle. Le charme des estampes cendreuses intrigue tant les amateurs de photographie que les promeneurs curieux.

Le photographe privilégie les portraits, car c’est avant tout la relation humaine entre lui et son sujet qui l’inspire. Il y révèle avec précision tout de la sensibilité du photographié : son humeur, la profondeur de son regard, ses moindres rides et détails corporels.

Deux ans à peine que l’artiste s’est emparé du collodion humide et les murs de la maison manqueront bientôt d’espace. Les appareils photo sont toujours opérationnels après un siècle d’existence. Pierre Wetzel n’en est même pas à la moitié. L’histoire a donc toutes les raisons de continuer.

Edgar Sabatier (EFJ), avec Walid Salem

Expositions

  • Du 12 au 20 mars : exposition « Dysmorphophobia » dans l’ancienne prison de La Réole (33).
  • Mars à avril : 3 semaines de résidence à la Maison de la photographie des Landes (Espace Félix Arnaudin) pour une exposition prévue de juillet à novembre 2016.
  • Du 9 avril au 2 mai : exposition à Lacanau (33)
  • Du 25 mai au 28 août : exposition au Musée de L’Elysée, Lausanne (Suisse)

Site internet de Pierre Wetzel


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