C’est un plat bien concocté qui a été servi ce lundi par les adjoints d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux. Si on peut résumer la recette à un Sauté de culture à la sauce sociale, certains ingrédients sont pour le moins inattendus.
A côté des délocalisations de concerts dans les quartiers bordelais de l’Orchestre d’harmonie municipale ou du Chœur de l’opéra national de Bordeaux-Aquitaine qui assurent un délicieux goût local, on est pour le moins surpris pas le goût épicé et oriental d’une mission secrète menée par les établissements culturels de la Ville pour acheminer 40 m3 de matériel de protection et de stockage d’œuvres menacées dans les musées syriens en février 2016.
Plat convivial par excellence, l’équité culturelle saura avec ces 17 actions et chantiers régaler les amateurs du bien vivre-ensemble, en manque au lendemain « des événements tragiques de 2015 » cités par Fabien Robert, adjoint à la culture ; « la culture ayant un rôle déterminant dans cette actualité », dixit Alexandra Siarri, adjointe à la cohésion sociale.
A commencer par les tout-petits
Il y en aura pour tout le monde et pour tous les âges. A commencer par les tout-petits, se réjouit Brigitte Collet, adjointe en charge de la petite enfance et de la famille. La pédiatre rappelle que « les enfants sont sensibles à la musique depuis leurs vies intra-utérines au rythme des battements du cœur de leurs mères ». Ainsi les actions d’éducation artistique dans les crèches seront renforcées grâce à un budget qui va plus que doubler, passant de 17000 € à 36000 €.
Pour les plus grands, dans toutes les classes de CM1 et CM2, des ateliers seront menés par l’association Charnière afin de les sensibiliser aux dérives d’internet et les risques de radicalisation. Emmanuelle Cuny, adjointe en charge de l’éducation, a, en conséquence, insisté sur la volonté de « favoriser l’innovation et la culture au sein de l’éducation ».
La fête de la musique sous contrôle
La fête de la musique 2016 fait aussi partie du plan par la décentralisation de son programme. Le calendrier de l’Euro 2016 comporte une rencontre entre la Croatie et l’Espagne au Stade Matmut Atlantique, situé au nord de Bordeaux, qui sera suivie également par le public sur écran géant dans la fan zone dans le centre ville, place des Quinconces. De ce fait, les concerts se dérouleront dans les quartiers de l’est, l’ouest et le sud de la ville.
« Nous allons privilégier les enceintes fermées pour les concerts, comme les salles municipales ou les cours intérieures des bâtiments, répond Fabien Robert, interrogé par Rue89 Bordeaux. Ceci afin de faciliter les contrôles dans le cadre du plan Vigipirate. »
C’est donc l’occasion qui fait le larron ? La décentralisation de la fête de la musique en 2016 est une contrainte imposée par le match de foot, celle-ci retrouvera-t-elle sa formule habituelle les années suivantes ?
« Aucune idée, précise Fabien Robert. Cette édition sera un test. Mais en 2017, si elle reste décentralisée, elle devra aussi couvrir le centre et le nord de Bordeaux. »
Cette volonté est déjà affichée avec l’idée de proposer systématiquement un déploiement des événements culturels dans les quartiers, à l’image du « Festival des arts de Bordeaux » (ex-Novart), du « Festival du Quatuor à cordes » ou de « L’Esprit du piano », qui organisent des concerts décentralisés à Nansouty, Caudéran et La Bastide pour la deuxième année consécutive.
Renforcer la cohésion sociale, « Amen »
Au rayon soutien, le plan vient au secours du collectif Bordonor aujourd’hui menacé par les désengagements de certains partenaires, et s’associe à l’opération « Classique aux balcons » organisée par le bailleur social In Cité au Grand Parc en juin.
Au rayon encouragement, il œuvre pour des collaborations entre des acteurs sociaux et des acteurs culturels. A noter également, la poursuite de la « Fabrique du citoyen » à la bibliothèque de Bordeaux et la venue à Bordeaux de l’association nationale, « Le Labo des histoires », qui a déjà proposé pas loin de 3000 ateliers d’écriture gratuits pour les moins de 25 ans, mais aussi la mise en œuvre de la plateforme nationale de financement participatif « ProArti » pour soutenir des projets culturels et socioculturels.
L’attention de la Ville pour le Street Art s’affirme avec une saison allant du lancement en juin de l’exposition Transfert #6 dans l’ex-Virgin Megastore à Bordeaux, au festival Vibrations urbaines en octobre à Pessac, en passant par la cour du Palais Rohan où une soirée des « Scènes en ville » sera dédiée à la pratique du Hip Hop et des démonstrations de graff.
Avec un déploiement qui dépasse souvent le cadre de la ville de Bordeaux, l’ambition d’une culture métropolitaine est lisible entre les lignes du plan, qui a tourné clairement ses priorités vers l’occupation des terrains, jusqu’aux plus défavorisés. Le but étant de « mettre en œuvre des actions pour préserver et renforcer la cohésion sociale » insiste Fabien Robert. « Amen », consent Alexandra Siarri.
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