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Intermittents et précaires occupent le TnBA

La CIP Gironde (coordination des intermittents et précaires) occupe depuis ce mardi le TnBA (théâtre national de Bordeaux Atlantique). L’action coup de poing dénonce les économies que veut réaliser le Medef sur l’indemnisation chômage des intermittents du spectacle.

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Intermittents et précaires occupent le TnBA

Les militants de la CIP devant le TnBA (SB/Rue89 Bordeaux)
Les militants de la CIP devant le TnBA (SB/Rue89 Bordeaux)

Mardi après-midi, les militants de la CIP Gironde (coordination des intermittents et précaires) entrent dans les locaux du TnBA, ouvert au public à cette heure-ci. Le théâtre avait servi en 2014 de QG aux intermittents, et accueillait lundi une assemblée générale de la Coordination. Mais cette fois-ci, après un vote lors de cette même AG, à laquelle ont participé environ 90 personnes, le mouvement a décidé de rester, au moins pour 24 heures. Une quinzaine de militants s’apprêtent à passer la nuit.

Alors ils s’installent, préparent une banderole qui sera déployée sur la façade du théâtre, copient un poème de René Char sur une affiche, et invitent la presse. Ils lisent alors un communiqué expliquant leur action :

« Nous, chômeurs, intermittents, précaires, décidons d’occuper cette maison nationale du peuple, de la culture et de la parole.
 Respectueux de l’outil de travail et de ceux qui nous reçoivent, nous n’empêcherons pas les spectacles, ni l’accueil du public.
 Par cette occupation, alors que de nouvelles négociations sur l’assurance chômage prévoient encore des économies sur le dos des plus fragiles, nous interpellons le gouvernement. »

La CIP Gironde aussi repris les termes de son homologue de Languedoc-Roussillon, qui a occupé le 12 avril dernier le Centre dramatique national de Montpellier. Le TnBA est ainsi le deuxième théâtre national investi par la Coordination, attestant de sa volonté d’agir de concert, et d’amplifier le mouvement contre le patronat.

Avec la CGT, la CIP dénonce en effet le projet de « cadrage financier » du régime des intermittents du spectacle, proposé par le Medef et signé par les syndicats minoritaires du spectacle (CFDT, CFTC et la CFE-CGC). Ce texte, qui sera présenté les 25 et 28 avril lors des négociations sur l’assurance chômage, impose aux intermittents un effort global de 185 millions d’euros d’économies en année pleine d’ici à 2018, et suggère que l’État en compense une partie, à hauteur de 80 millions.

« Pas d’évacuation par la force »

Cette lettre de cadrage a été qualifiée de « provocation » par la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, et de « chantage au gouvernement » par Fabien Robert. L’adjoint à la culture du maire de Bordeaux, interrogé par Rue89 Bordeaux, dit « comprendre » l’action de la CIP, estimant « qu’il ne faut pas appeler des économies ce qui serait la fin du régime des intermittents ».

Pas question donc pour la Ville, propriétaire du théâtre loué au TnBA, de demander l’évacuation du théâtre. « Je ne ferai pas d’évacuation par la force », indique également Catherine Marnas. Mais la directrice du TnBA, avoue cependant se retrouver « dans une position très inconfortable » :

« Affilié au Syndeac (syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), le TnBA est plutôt dans sa ligne, selon laquelle nous ne manifestons pas notre soutien aux intermittents tant que nous en sommes au stade des pré-négociations, que le bras de fer n’a pas commencé. On saura vraiment le 28 avril quel est le rapport de force. Mais à ma grande surprise, nous sommes le deuxième théâtre occupé en France, et cela nous pénalise doublement. Nous sommes en effet obligés d’assurer la sécurité, et de payer deux agents pour rester toute la nuit. Car s’il y a un problème, un incendie, je serai la seule responsable, au pénal et au civil. Si l’occupation dure, ce deviendra un gros souci financier. »

A la CIP, on fait valoir que les sacrifices faits aujourd’hui par le TnBA lui permettront peut-être dans quelques années de continuer à recevoir des troupes, si le régime des intermittents est sauvé. Pour l’heure, le mouvement ne veut pas entraver le bon déroulement des spectacles et des festivals, ni même des répétitions. « S’envoler », la prochaine pièce jouée au TnBA, le 26 avril prochain, est donc toujours à l’affiche.


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