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Un fonds régional d’investissement pour la transition énergétique

Un fonds régional d’investissement de plus de 8 millions d’euros dédié aux énergies renouvelables vient d’être crée par la nouvelle Grande Région. Le projet, présenté lundi 11 avril à Bordeaux, a pour but d’agir en faveur de la transition énergétique.

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Un fonds régional d’investissement pour la transition énergétique

Le fonds régional d'investissement a été présenté par Alain Rousset et Françoise Coutant, vice-présidente en charge de la transition énergétique (DR)
Le fonds régional d’investissement a été présenté par Alain Rousset et Françoise Coutant, vice-présidente en charge de la transition énergétique (DR)

Terra Energies, c’est le nom de ce fonds régional d’investissement de 8 millions d’euros initié par le Conseil régional. Présenté lundi 11 avril, il vise à investir dans des projets d’énergie renouvelable et cela dans des secteurs divers comme la méthanisation, l’éolien, la biomasse, le photovoltaïque, l’hydroélectricité, la géothermie, les énergies marines ou encore le stockage d’énergie.

L’objectif selon le président du Conseil Régional d’Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, Alain Rousset :

« Anticiper les besoins de demain et agir en faveur de la transition énergétique. »

En effet, depuis l’adoption de la loi sur la transition énergétique du 22 juillet 2015, les énergies renouvelables sont un tournant en France. Dans cette perspective, l’ex-Région Aquitaine a mis en place une politique énergie climat ambitieuse : atteindre l’objectif de 32% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie, et cela, avant la fin de la mandature. Actuellement, le chiffre s’élève à 19% sur l’ensemble de la Grande Région.

Premier projet de la Grande Région

Déjà en juin 2015, le projet de ce fonds avait reçu le soutien des ex-Régions Poitou-Charentes et Limousin. Aujourd’hui, il s’agit donc du premier projet du Conseil régional d’Aquitaine Poitou-Charentes Limousin. Son territoire d’intervention concerne bien celui de la Grande Région, comme le souligne Françoise Coutant, vice-présidente en charge de la transition énergétique.

Une Grande Région qui a d’ailleurs de nouveaux enjeux. ALPC se revendique en effet comme la première région productrice d’électricité solaire en France avec un parc solaire qui s’est accru de 40% par rapport 2014. Le réseau de transport d’électricité (RTE) a d’ailleurs investi 120 M€ l’an dernier sur le périmètre Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et a annoncé 630 millions d’euros d’investissements d’ici à 2020.

La Grande Région constitue également le deuxième parc de bioénergie de France avec une puissance de 282 MW installée (bois, bio-combustibles renouvelables…). Enfin, elle possède d’énormes potentiels en géothermie et méthanisation, des domaines sur lesquels la Région est en pointe.

« La région ALPC compte un tissu d’entreprises assez conséquent en matière de géothermie, d’énergie bois, d’énergies marines… Ce tissu attend des projets. Une des difficultés de leur déploiement, ce sont les fonds propres », analyse Alain Rousset.

La région actionnaire

Pour faire émerger ces projets d’énergie renouvelable, la région ALPC sera donc actionnaire du fonds à 49%, soit 4 millions d’euros et mobilisera d’autres investisseurs privés. La taille initiale du fonds s’élève donc pour l’heure à 8,2 millions d’euros avec un objectif à terme de 15 millions d’euros. Terra Energies sera ouvert sur une période de quatre ans et se positionnera à plus ou moins long terme selon les projets.

Ce fonds devrait permettre plus de 120 millions d’investissement en faveur des énergies renouvelables sur la région. L’objet de ce fonds est donc de répondre aux besoins en fonds propres des projets de production d’énergies renouvelable qui rencontrent des difficultés à se financer.  En cela, il offre à la région ALPC, un véritable effet de levier en apportant des fonds propres et des capacités de gouvernance accrus. Il fédère également les acteurs financiers et les industriels régionaux.

« L’objectif est de booster les projets d’énergie renouvelable sur le territoire. Il faut que l’on aille sur toutes les possibilités si on veut respecter l’objectif que l’on s’est fixé avant la fin du mandat. J’ai envie de dire, il n’y a jamais assez de projets. Actuellement, nous ne sommes qu’à 19% d’énergie renouvelable sur l’ensemble de la Grande Région », explique Françoise Coutant.

Un intérêt pour des entreprises locales

Le groupe Valorem par exemple, basé à Bègles, assure à la fois la construction, l’exploitation et la maintenance de sites de production d’énergies renouvelables, principalement de parcs éoliens, mais aussi de centrales photovoltaïques, pour le compte du groupe ou de tiers. Camille Girard, responsable de la communication dans l’entreprise, se félicite que les institutions publiques mettent en place de telles initiatives :

« Aujourd’hui, nous ne savons pas du tout si nous allons être concernés par ce fonds. Nous venons tout juste d’apprendre son existence. Mais si l’occasion se présente, nous aurions de nombreux projets à soumettre, notamment dans le domaine de l’éolien, du solaire ou encore de la biomasse. »

A l’heure actuelle, cette entreprise « entreprise locale depuis maintenant 22 ans » ne bénéficie d’aucun soutien de l’état :

« Notre financement se fait principalement par fonds propres mais également par emprunt. Des projets donc, dont la viabilité économique peut effectivement évoluer en fonction des fonds externes perçus. Nous avons déjà proposés de notre propre initiative, des financements citoyens et cela marche plutôt bien. C’était le cas avec le financement participatif lancé pour le chantier du parc éolien de Soulanes de Nore à Albine dans le Tarn. Nous avons récolté un montant de plus de 540 000 € prêtés par 368 personnes ! La chantier pourra donc démarrer cet été. »

Malgré une période difficile entre 2013 et 2014, le groupe se porte aujourd’hui plutôt bien et s’apprête à « inaugurer de nouveaux parcs situés sur la commune d’Adrets en juin 2016 » et a « un autre projet en cours concernant les voies littorales dans le médoc ». Il espère que ce fonds lui permette de développer l’éolien en Aquitaine ; dernière région à ne pas posséder de parcs éoliens, même si Valorem regroupe actuellement 600 MW dans la Grande Région, avec beaucoup de parcs situés en Poitou-Charentes.

Appel aux citoyens

Autre spécificité de ce fonds, il offre aux territoires et aux citoyens la possibilité d’y participer via des plateformes de financement participatifs comme Wiseed en Poitou-Charentes ou encore Lumo à la Rochelle. Une façon de récolter davantage d’argent mais aussi de promouvoir les énergies renouvelables au niveau local en associant le citoyen au projet.

Certaines entreprises n’ont pas attendues le lancement de ce fonds pour faire appel aux dons des citoyens et ont lancé des projets participatifs à leur propre initiative. La plate-forme Lumo par exemple, recense déjà des projets locaux en cours comme le projet d‘extension du parc éolien de Rochereau qui a pour objectif de collecter 500 000 euros pour sa mise en œuvre. Le groupe SERGIES prévoit en effet d’ajouter au parc éolien déjà composé de quatre éoliennes, quatre éoliennes supplémentaires. L’extension du parc produira donc chaque année 17 GWh, qui viendront s’ajouter aux 16 GWh du parc existant. Au final, l’ensemble des huit machines produira l’équivalent de la consommation électrique d’environ 12 000 foyers (électricité spécifique, hors eau chaude et chauffage).

Le projet éolien des grands clos en Dordogne lancé par la filiale française du groupe ABO Wind à quant à lui atteint son objectif en douze jours. Hébergée sur la plateforme Lendosphere, la campagne de financement participatif s’élève aujourd’hui à 70 000 euros grâce à plus de 160 prêteurs. Ce parc, qui comprend cinq éoliennes produira environ 27 millions de Kwh par an, soit la consommation électrique de 5600 foyers et évitera ainsi les émissions de 2430 tonnes de CO2 par an.

Energie renouvelable et emploi

Autre exemple, le projet Methalayou : un projet de méthanisation territorial qui vise à traiter les fumiers et lisiers d’une quinzaine d’agriculteurs ainsi que des déchets locaux et qui permettra la production d’énergie et d’engrais stabilisé pour nourrir les plantes et le sol. Ce projet, dont le coût s’élève à plus de 5 millions d’euros, a été initié en 2010 et n’est toujours pas abouti en 2016 :

« Les projets de méthanisation en France sont compliqués à mettre en place. Nous avons mis plus d’un an à débloquer notre financement. […] En ce qui concerne Terra Energies, on a trouvé la démarche super, encore faut-il cibler les bons projets. En tout cas pour nous, nous sommes en phase de finalisation de l’offre bancaire. Nous avons obtenu les derniers feux verts des deux banques qui nous soutiennent », explique Thierry Aurisset, agriculteur et co-gérant du projet.

Sur la plateforme en ligne Energie Partagée, le projet Methalayou espère également récolter des fonds citoyens :

« Nous avons choisi la plateforme Energie Partagée car elle collait à notre politique, poursuit le co-gérant. Nous souhaitions rendre le projet local et l’ancrer sur le territoire. Les fonds citoyens récoltés nous permettront de faire perdurer le projet, de l’entretenir. »

Pour Alain Rousset, ce projet permet aussi de créer de l’emploi :

« Derrière ce projet, il y a des entreprises. Pour créer un méthaniseur par exemple, il faut du personnel. On est dans de l’action économique rentable. »

En effet, d’après Françoise Coutant, 150 00 emplois pourraient être crées d’ici la fin du mandat grâce à la transition énergétique au sens large, notamment dans le bâtiment, le transport et la production de matériaux divers comme les panneaux photovoltaïques. La transition énergétique est d’ors et déjà le secteur le plus créateur d’emploi sur le territoire. Il permet également la création d’emplois locaux non délocalisables.


#Alain Rousset

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