Le groupe Europe Ecologie Les Verts Rive droite a fait parvenir ce mercredi 22 juin une lettre ouverte à Jean Touzeau, maire de Lormont. Objectif : provoquer le débat autour du projet balnéo-urbain « Les Cascades ». Le groupe estime que « la population sait peu de choses » et demande « l’organisation d’une réunion publique ».
« Nous n’avons aucune informations précises sur ce projet, dont les élus apprennent l’avancée par voie de presse. Nous refusons d’être mis devant le fait accompli », explique Gregoric Faucon, conseiller municipal EELV.
Gaspard de Tastes, directeur de cabinet du maire, se dit « très surpris » de la méthode :
« M. Faucon peut venir me poser toutes les questions qu’il veut, je lui répondrais. Mais je ne le laisserais pas dire que nous informons mal. C’est soit un manque de curiosité, soit un manque de compréhension : ce projet fait l’objet de réunions, il est sans arrêt repris dans la presse, et affiché partout dans la ville. »
« Tissu de mensonges »
Ce projet, qui devait aboutir en 2012, a deux volets. Un complexe aquatique avec piscine, jeux d’eau, hammam, sauna… sera construit sur les coteaux de la Garonne. Et un développement urbain dans le quartier Lissandre, où des logements, des commerces et une école d’ingénieur doivent voir le jour.
« C’est un très beau projet pour l’image de Lormont et son attractivité économique, mais le lieu est mal choisi », souligne Gregoric Faucon.
Les Cascades se situeraient pour l’essentiel sur une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
« Ce projet urbain tue le dernier poumon vert de la métropole », assure Laure Desvalois, secrétaire du groupe.
Si la ville manque de bassins aquatiques, selon les écologistes, la construction ne doit pas « se faire à n’importe quel prix ».
« C’est un tissu de mensonges, réagit le maire de Lormont, Jean Touzeau. Un permis de construire nous a été délivré il y a quelques mois. C’est bien la preuve que le projet ne se situait par sur la zone ZNIEFF. Il a depuis été modifié, il sera plus petit pour des raisons économiques. Donc je ne vois pas comment on pourrait nous interdire les travaux… »
Le complexe aquatique serait construit à 25 mètres en hauteur de la Garonne, et utiliserait un forage lui permettant d’exploiter de l’eau naturellement chaude, à 42°.
Mais la partie basse des coteaux, qui accueillera la partie urbaine du projet, est placée en zone inondable. Jean Touzeau assure cependant que « le risque d’inondation a été pris en compte », et que 4 000 m2 sont aménageables.
Montage financier opaque
Jean-Luc Lancelevee, porte-parole du groupe, s’interroge également sur le financement du projet. Alors que la ville « participe directement à sa réalisation », le montage financier reste opaque. Qui payera ? Quelle part la collectivité devra-t-elle assumer ? Des questions qui restent selon lui sans réponse.
« Nous ne finançons pas ce projet, qui est totalement privé », tranche Jean Touzeau.
La société d’économie mixte – le Mont des Lauriers (ville de Lormont et Domofrance) – qui portait initialement les Cascades, a en effet désigné en décembre dernier une nouvelle équipe de constructeurs-exploitants – Adim Sud Ouest (Vinci), l’agence d’architectes bordelais Brochet-Lajus-Pueyo, le spécialiste des équipements aquatiques Opalia, et Emergence, un fonds de capital. Le coût du projet est estimé à 18 millions d’euros.
Mais du fait de son potentiel touristique et économique, les Cascades de Garonne sont reconnues « d’intérêt métropolitain » par Bordeaux Métropole, et l’intercommunalité financera les travaux de voirie, de stationnement et d’accès en transports en commun.
EELV s’inquiète enfin d’un complexe réservé aux touristes et aux populations aisées – la tare principale du projet initial finalement retoqué. Le maire aurait reçu « des propositions tarifaires attractives » – il serait question de prix allant de de 4 euros environ pour le bassin de natation à une trentaine d’euros pour le secteur bien-être.
Mais il rappelle que ce complexe « touristique et familial » n’a pas vocation à être une piscine municipale – Lormont lorgnant plutôt du côté des Antilles de Jonzac (Charente-Maritime), qui attirent un public pouvant venir d’assez loin. « Est-ce que je compare la Cité du Vin avec la petite propriété d’un viticulteur ? », s’exclame le maire.
Pour autant, il accepte la demande de réunion publique. Alors que le dépôt du permis d’aménagement est imminent, les « Cascades de la Garonne » devraient sortir de terre en 2019.
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