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Vivre à l’espagnole dans Bordeaux

Ce mardi 21 juin, l’Espagne est à Bordeaux pour affronter la Croatie en match de poule. Mais pas seulement… Après plusieurs vagues d’immigrations successives, au XIXe siècle puis dans les années 30 et 60, une communauté espagnole s’est installée à Bordeaux. Si elle est moins importante que jadis – environ 8000 membres, contre 60000 dans les années 60 -, son empreinte reste forte. Suivez le guide.

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Vivre à l’espagnole dans Bordeaux

Luis Velayos a ouvert La Meson Venta avec son père, arrivé à Bordeaux dans les années 60 (AP/Rue89 Bordeaux)
Luis Velayos a ouvert La Meson Venta avec son père, arrivé à Bordeaux dans les années 60 (AP/Rue89 Bordeaux)

La Meson Venta

Luis Velayos a repris les rennes du restaurant familial l’année dernière. Il propose près de 80 sortes de tapas : calamars frits, lomo à la plancha, pinchos de morcilla (tartines de boudin noir farci au riz)… C’est son père qui a ouvert l’établissement en 2000. Face à la basilique Saint-Michel, au cœur du quartier Saint Michel, qu’il n’a jamais quitté.

« Mon père est arrivé à Bordeaux dans les années 60, il était distributeur de vins à Saint Michel. Puis il a ouvert un tabac, et enfin ce restaurant. Maintenant à la retraite, il partage sa vie entre Bordeaux et Madrid », raconte le jeune homme.

Si ses clients sont majoritairement bordelais, il est étonné par le nombre de touristes espagnols qui s’installent sur sa terrasse au mois d’août :

« L’été dernier, on a pas compris ce qu’il se passait. C’était fou, une trentaine d’Espagnols arrivaient chaque jour ! », en rit encore Luis.

La carte de Los Dos Hermanos (AP/Rue89 Bordeaux)
La carte de Los Dos Hermanos (AP/Rue89 Bordeaux)

Los Dos Hermanos

Ancré dans le quartier Saint-Michel depuis 1987, le restaurant Los Dos Hermanos (52 cours Victor Hugo) est devenu une institution. Son chef, Domingo Cerezales, est réputé pour sa paëlla et ses 17 sortes de tapas. Arrivé à 15 ans Bordeaux, il est tombé amoureux de la ville et a décidé de s’y installer. 52 ans plus tard, il n’a pas perdu son accent espagnol, qui fait aussi le charme de son établissement.

L’Eglise Solar Espagnol

Un dimanche sur deux, l'église El Solar donne une messe en espagnol. (AP/Rue89 Bordeaux)
Un dimanche sur deux, l’église El Solar donne une messe en espagnol (AP/Rue89 Bordeaux)

La fondation Solar Espagnol, autrefois repère des migrants tout juste arrivés à Bordeaux, a presque perdu sa mission d’intégration.

« Maintenant, les Espagnols arrivent avec une voiture, et parlent souvent français, ils ont moins besoin d’aide », raconte Gabriel Tapia, trésorier de la fondation.

Mais il reste un vestige de ce point de ralliement espagnol… L’Eglise Solar Espagnol. Un dimanche sur deux, à 10h15, la messe est célébrée en espagnol « si le prêtre parle la langue ». Ce qui est souvent le cas. Après la messe, tout se déroule dans la langue de Cervantes : la lecture des livres saints, les chants, la prière…

« Et même les répliques, ajoute Garbiel Tapia, car presque tous les fidèles sont Espagnols ici ! »

L'Institut Cervantes, dirigé par M. Basterrechea, ets situé dans la dernière demeure de Goya. (AP/Rue89 Bordeaux)
L’Institut Cervantes, dirigé par M. Basterrechea, ets situé dans la dernière demeure de Goya (AP/Rue89 Bordeaux)

L’Institut Cervantes

Cours d’espagnol, diplôme d’Espagnol comme langue étrangère (DELE), bibliothèque spécialisée… L’Institut Cervantes est le temple de la culture espagnole. Fondé en 1991, il accueille depuis une vaste programmation ouverte à tous et gratuite.

« On collabore avec les musées locaux pour organiser des projections de films, des conférences, des concerts, du théâtre, de la poésie, des expositions… », détaille Juan Pedro de Basterrechea, directeur de l’Institut.

Actuellement, un dessinateur français passionné de Flamenco expose dans le bâtiment, cours de l’Intendance.

L’héritage de Goya

Cet Institut, c’est aussi la dernière demeure de Francisco de Goya. Le peintre espagnol a passé les trois dernières années (entre 1824 et 1828) de sa vie à Bordeaux, où il a habité quatre maisons. Une présence presque oubliée par les Bordelais, mais ravivée par l’artiste Ignacio Zuloaga. Admiratif de Goya, il décida de retrouver ses traces.

C’est à lui que l’on doit la plaque commémorative sur l’Institut Cervantes. C’est aussi par sa volonté que le corps de Goya, alors enterré au cimetière de la Chartreuse, a été renvoyé en Espagne. Un seul mystère n’a pas été élucidé : lors de l’envoi du corps, on s’est aperçu qu’il manquait la tête du peintre espagnol…

"Sanna", la sculpture de Jaume Plensa, restera à Bordeaux grâce à un mécène anonyme. (AP/Rue89 Bordeaux)
« Sanna », la sculpture de Jaume Plensa, restera à Bordeaux grâce à un mécène anonyme. (AP/Rue89 Bordeaux)

Le visage de Jaume Plensa

Imposant visage sur le Cours de l’Intendance, cette sculpture en bronze est l’œuvre de Jaume Plensa. En 2013, l’artiste catalan était l’invité de Bordeaux, où il a exposé 11 de ses sculptures monumentales, venues des quatre coins du monde. Tombée amoureuse de « Sanna », la ville a tenté de l’acquérir, aidée d’un financement populaire. Mais l’œuvre, estimée à 500 000 euros n’a pas pu être acquise. Un mécène anonyme a alors acheté l’œuvre, qui restera donc pour 5 ans au moins face au Grand Théâtre.

Hommage au résistant Pablo Sanchez. (AP/Rue89 Bordeaux)
Hommage au résistant Pablo Sanchez (AP/Rue89 Bordeaux)

Le Pont de Pierre

Ce pont est le haut lieu des tumultueuses relations franco-espagnole. C’est Napoléon 1er qui décide de lancer sa construction en 1808, alors que ses troupes doivent franchir en barques la Garonne, avant de se diriger vers l’Espagne pour mater le soulèvement contre l’Empire (la guerre d’indépendance espagnole, dont Goya a peint les atrocités).

Le Pont de Pierre devient ensuite un symbole de la participation espagnole à la Seconde Guerre Mondiale. En août 1 944, le pont est entièrement miné par les Allemands. Pablo Sanchez, jeune résistant espagnol, va alors s’introduire où sont placées les explosifs et à couper les câbles. Des témoins l’ont vu sortir en criant « on a gagné ! ». Un allemand caché dans une grue lui tire alors dessus à la mitraillette. Le jeune homme parvient à se mettre à l’abri chez un habitant, mais mourra de ses blessures après avoir sauvé le Pont de Pierre. Une trace du résistant perdure Quai Richelieu, où une plaque a été apposée.

El Dia E, la journée espagnole

Samedi 2 juillet, la culture espagnole sera célébrée dans le monde entier.

« Dia E, c’est une journée festive, dédiée à la culture espagnole », explique le directeur de l’Institut Cervantes, qui ouvrira ses portes au public toute la journée.

La matinée sera dédiée aux animations pour enfants. Place ensuite à une dégustation de produits espagnols et à des concerts.


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