
Un exercice proposait aux élèves de 3e d’écrire un discours antisémite pour Hitler. L’Académie de Bordeaux l’a retiré de son site internet ce vendredi matin.
« Nous sommes le 24 novembre 1942, la bataille de Stalingrad fait rage. Vous êtes employé au ministère du Reich à l’éducation du peuple et à la propagande. Le Führer, en colère, vient de commander à Joseph Goebbels un discours à faire entendre aux troupes, sur le front, afin de les galvaniser. Le ministre de la propagande vous demande d’élaborer ce discours en insistant sur les enjeux idéologiques et territoriaux de cette bataille pour l’Allemagne national-socialiste. »
Voilà le contexte de l’exercice de rédaction proposé par l’Académie de Bordeaux aux élèves de troisième sur son site internet. Cette introduction est suivie d’un extrait antisémite de Mein Kampf :
« Si le Juif, grâce à sa religion marxiste, arrive à vaincre les autres peuples de ce monde, sa couronne sera la couronne funéraire de l’humanité et la planète évoluera dans l’univers, comme elle le fit il y a des millions d’années, sans êtres humains. »
Des cartes et une affiche (ci-dessus) sont également fournies comme « outils » à disposition. L’exercice a été retiré ce vendredi matin.
« C’est maladroit, reconnaît Michel Roques, inspecteur pédagogique régional en histoire-géographie, interrogé par Le HuffPost. C’est pourquoi nous avons décidé de supprimer cet exercice de notre site ce vendredi 22 juillet au matin, depuis que plusieurs personnes s’en sont émues. »
L’exercice était sur la page « histoire et géographie de l’académie de Bordeaux » depuis le 14 novembre 2014. Il faisait partie des sujets, « tâches complexes », proposés par les professeurs et validés par l’Académie :
« Les élèves ne sont jamais livrés à eux-mêmes dans ce type d’exercice, précise Michel Roques. Son sujet proposait une confrontation entre un discours rédigé par la propagande nazie et un autre de la propagande soviétique. En connaissant le professeur, j’ai compris son sujet, mais il est vrai qu’il y a une certaine maladresse dans la formulation, que nous ne nions pas. »
Avec un bon prof et du temps ça aurait pu être bien et formateur, loin des cris d'orfraies des uns et des autres.
Vaste programme.
Si l'intention initiale est probablement louable quant à ses buts, du moins l'espère-t-on, il y a là à mon sens une distorsion évidente entre l'objectif et le moyen, l'intention et la possibilité formelle. L'ambition n'est pas une tare en soi, mais l'ambition démesurée ou inadaptée est une incompétence. La même que celle qui frappe chroniquement les bureaucrates qui ont été amenés à valider un tel exercice et qui, une fois de plus, démontrent qu'on ne peut pas encadrer le métier sans le pratiquer soi-même...
(*) Exercice qui par ailleurs, s'il pourrait certainement être proposé avec davantage d'à-propos en classe terminale ou à l'Université selon une approche et une ambition plus globales à partir d'acquis mieux établis, n'est de toute façon pas très pertinent en soi - l'analyse des documents existants étant suffisamment utile et propice à de nombreux exercices - mais c'est un autre débat...