Le mouvement social des agents de Bordeaux Métropole touche à sa fin. Ce lundi, la collecte de jour est entièrement assurée. Pour celles de nuit, une sur 11 a eu lieu. La reprise se fait petit à petit pour le service propreté. Les déchetteries sont quant à elles toutes fermées. L’épilogue de cette grève débutée le 21 juin dernier pour combattre « le mal-être dans les services depuis la mutualisation » se fait dans la douleur.
Après onze jours de mobilisations fortement médiatisées, le moral n’est pas là à écouter Raymond Léglise, secrétaire général de FO :
« Les agents ont beaucoup d’amertume vu la manière dont ils ont été considérés. De l’amertume, c’est même faible, certains sont encore en colère. »
L’appel lancé par son syndicat et la CGT a certes été entendu, suivi, visible mais vain.
Rapport de force
Un retour en arrière s’impose. La détermination est du côté des grévistes. Au deuxième jour de grève, les cadavres de bouteilles et les sacs plastiques sont déjà bien installés dans le paysage bordelais alors la fête de la musique est passée par là. Le lendemain, FO revendique 95% de grévistes mais l’info est occultée par ces sacs de détritus éventrés et déversés dans les rues de la ville. « Inadmissible » s’indigne Alain Juppé qui accuse les salariés qui ne font pas preuve de syndicalisme mais d’ « hooliganisme ». Les syndicats nient toute responsabilité.
Cette attaque du maire de Bordeaux reste encore à ce jour en travers de la gorge de Raymond Léglise :
« Honnêtement, les agents ne sont pas des voyous. Quand Alain Juppé parle des agents de la métropole comme ça, ça n’a rien à voir avec ce qu’il s’est passé à Marseille. Il n’y a rien eu du tout. Il veut donner une image de présidentiable, c’est au détriment du reste. Il ne pouvait pas céder à des organisations syndicales. Céder aurait montré qu’il était faible. »
Le rapport de force s’est en effet rapidement durcit du côté de la métropole : des entreprises privées sont appelées à la rescousse et la Chambre d’industrie et du commerce met la main à la poche ; la menace de la réquisition de personnel par la préfecture est brandie.
L’heure des comptes
Au début du conflit, les organisations syndicales avaient dressé une longue liste de revendications : embauches supplémentaires, harmonisation par le haut du temps de travail et des indemnités entre éboueurs et agents de propreté, prise en charge de l’augmentation de la part mutuelle et indemnités compensatrice de repas.
Face à ces demandes, la Métropole accède à une prise en charge partielle (60%) de l’augmentation de la mutuelle (« nous l’envisagions aussi » précise Alain David, vice-président de la Métropole en charge des ressources humaines), la reconnaissance statutaire d’agents ayant des responsabilités, au remplacement des postes vacants.
« Aucune revendication n’a été satisfaite » souffle Raymond Léglise alors que sonne l’heure des comptes. Les syndicats espèrent un étalement des onze jours de grève au rythme d’un par mois, comme ce qui a été signé quelques semaines plus tôt à la suite du conflit chez Véolia. Le syndicaliste explique :
« Ceux qui ont fait grève à la métropole sont des petites catégories, des catégories C. Les copains sont dans la difficulté. Ce sont des petits salaries entre 1100 et 1500 euros par mois. Quand vous enlevez 50 à 60 euros par jours de grève sur des petits salaires, ça fait mal. Alors là ça va être 150 à 180 chaque mois alors qu’arrivent les vacances… »
Désaccords en série
Pour Alain David, les règles avaient été fixées à l’avance. Ce sera 3 jours par mois. Le maire PS de Cenon rejette la faute sur les choix faits par les organisations syndicales :
« Ce n’est pas nous qui avons choisi de mettre en avant ces services, jugés par les dirigeants syndicaux comme les plus aptes à obtenir satisfaction compte tenu de l’effet qu’ils ont sur la population. »
Il nie toute punition envers ces catégories mais trouve « très grave d’avoir voulu ternir l’image de la métropole alors que tous les projecteurs étaient tournées vers elle » avec la Fête du vin, l’Euro de football et la saison touristique.
Aucun accord n’a été signé jeudi dernier lors de leur dernière rencontre. Aucune nouvelle négociation n’est à prévoir. Il faudra du temps pour que la ville et son agglomération soient nettoyées. Mais même là, le désaccord existe : une semaine pour Alain David, deux pour Raymond Léglise qui promet déjà que ces collègues reviendront à la charge.
Chargement des commentaires…