Après deux années de travaux sur le campus Talence-Pessac-Gradignan, la première phase du chantier est terminé : 84000 m² rénovés, 15000 m² construits pour 21000 m² démolis. Le coût ? 120 millions d’euros dont près de la moitié financés par la Région Nouvelle-Aquitaine, moins d’un quart par l’Etat, plus d’un quart venant d’un prêt de la Caisse des dépôts.
Les 11 bâtiments quinquagénaires conservés ont été rénovés, se parant de « façades bioclimatiques » en verre, qui accumulent la chaleur l’hiver et la dissipe l’été. De quoi boucher les trous de ces passoires énergétique inaugurées par De Gaulle en 1961.
Portes ouvertes aux entreprises
Cinq autres bâtiments ont été détruits puis reconstruits. Thierry Mandon a visité l’un d’entre eux ce jeudi. Le secrétaire d’État en charge de l’enseignement supérieur fêtait la fin de la phase 1 des travaux en passant par les nouveaux locaux du Laboratoire Ondes et Matière Aquitaine (Loma).
Outre les performances scientifiques de modélisation de cyclone et de l’imagerie ultrasonore biologique, les startups qui travaillent auprès des chercheurs de Loma, parlent de milliers de clients potentiels et de centaines de millions d’euros de marché ambitionnés.
Bref, entreprises et chercheurs cohabitent dans un même lieu, jusque dans la cafeteria, inspirée par l’université de Lund (Suède), s’enthousiasme le président de région Alain Rousset. Les portes de la fac sont-elles vouées à s’ouvrir toujours plus pour laisser entrer l’entreprise ? Thierry Mandon opine :
« Il n’y a plus à convaincre les universitaires de la nécessité, pour une partie de leur recherche en tous cas, de développer des partenariats avec des entreprises. C’est un acquis de ces 10 dernières années. »
Et de la loi d’autonomie des universités (LRU) de la ministre UMP de l’époque Valérie Pécresse, contre laquelle le monde universitaire était en partie vent debout.
Cette loi promettait que les universités allaient devenir propriétaire de leurs bâtiments et terrains. La promesse avait été rangée dans un tiroir (si ce n’est une tentative en 2011) avant d’être ressortie par Thierry Mandon. Une dizaine d’établissements ont candidaté, rapporte Le Monde. Quatre se lancent avec l’aval des inspections générales de Bercy et de l’Enseignement supérieur, attestant notamment que Bordeaux a une bonne connaissance de son patrimoine et une santé financière satisfaisante.
Université, jeune propriétaire, cherche locataire… ou acheteur
Cette « dévolution immobilière » pourrait être envisagée pour la « quasi-totalité des universités » selon le secrétaire d’Etat. Il assure qu’il n’y aura pas de dotation associée à ce transfert de propriétaires – pouvant faire craindre un transfert de charges – mais que l’accès à l’emprunt sera facilité et que les recettes seront entièrement encaissées par l’université.
Ainsi, les Echos croient savoir que l’Université de Bordeaux compte louer des « bâtiments inutilisés à des entreprises dont l’activité est en lien avec les travaux de recherche de l’université ». L’objectif est clair : obtenir de nouvelles ressources via les locations pour entretenir les bâtiments ou, pourquoi pas, en les vendant. Cependant, selon le journal économique, la signature du titre de propriété n’est pas attendu avant 2017.
L’état des locaux devient alors un sujet qu’il faut encore plus soigner. Or, c’est exactement ce que sont venus dénoncer une vingtaine d’étudiants et doctorants de l’Université de Bordeaux lors de la visite ministérielle. Mais quand les officiels arrivent, pas un ne semble s’attarder sur leur banderole « Université en extinction », pas plus sur leur tract – à peine reçu, déjà plié et rangé dans les poches.
Impatience
Les jeunes universitaires s’inquiètent des « malfaçons de hottes aspirant les produits chimiques » qui auraient provoqué des intoxications. Selon nos informations, il s’agirait du bâtiment B18 qui – pas de chance – vient juste de sortir de terre. Yeux grands écarquillés, Manuel Tunon de Lara nous jure qu’il n’a pas d’informations à ce sujet.
Sur le tract, des photos interpellent : une partie du plafond d’un préfabriqué du collège Droit, sciences po, éco, gestion a fini par s’écrouler sur une table de cours (voir ci-dessous). Et les étudiants n’en peuvent plus aussi des « locaux anciens, délabrés et vétustes » et des « amphithéâtres surchargés et sans ventilation ».
Patience, patience répond le secrétaire d’Etat :
« Je comprends l’impatience des étudiants. Il y a sûrement des bâtiments qui doivent être réhabilités et quand on voit du très neuf, très beau, on doit avoir du mal à vivre dans des bâtiments pas réhabilités ».
Manuel Tunon de Lara ajoute que « forcément on est malheureux » de ne pouvoir rénover plus vite. Cinq ans seront encore nécessaires pour en venir à bout, pour une somme totale estimée à 500 millions d’euros – assurés par l’Etat à hauteur de 475 millions.
Des travaux jusqu’en 2022
La deuxième phase des travaux débutera en 2019 sur la partie Ouest du campus Pessac-Talence-Gradignan. Déjà, en octobre dernier, la Maison des pays ibériques est devenue une Maison de la Recherche, rénovée et agrandie après 10 mois de travaux et 1,5 millions d’euros de déboursés. Les chantiers restent nombreux.
La Maison de l’Archéologie va faire peau neuve et une Maison de l’Economie sera construite pour 2019. Les bâtiments de Droits et Lettres seront aussi réhabilités au moment où la bibliothèque universitaire sera restructurée et agrandie.
Les travaux au campus Carreire de Bordeaux commenceront eux aussi en 2019. Cette 3e et dernière phase s’achèvera en 2022. Sur place, la cité Léo Saignat a déjà été détruite, la bibliothèque agrandie. L’odontologie prendra place dans son bâtiment tout neuf d’ici deux ans. Un bâtiment de recherche doit voit le jour, un autre de travaux pratiqués sera réhabilité. Un pôle de vie du campus sera installé en lieu et place de Resto U, actuellement en reconstruction. Les chantiers sont encore au menu du campus pour quelques années.
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