Tout s’est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche. La troupe, qui comporte 30 personnes, venait de faire des provisions pour un montant de 1800 euros. Malheureusement, Alexandre et Délia Romanès, fondateurs de l’autoproclamé unique cirque tzigane de France et d’Europe, ont dû affronter une nouvelle fois les affres de la bêtise.
En brisant les vitres et en enfonçant les portes, les malfaiteurs ont ensuite eu accès au frigo et ont éparpillé toute la nourriture à terre. Alexandre Romanès ne comprends pas ce geste :
« Le plus étrange est que rien n’a été volé et toute la nourriture a été éparpillée par terre. C’était vraiment de la malveillance. J’aurais préféré que ce soit du vol, ça aurait peut-être été un peu moins grave. »
Lorsqu’on l’interroge sur d’éventuelles menaces préalables, Alexandre répond par la négative :
« On a connu ça tout l’été, mais à Paris. Nous avons été agressés par une bande de loubards. Ils arrivaient parfois en meute à 80 voire 100 personnes. Ils nous ont tout saccagé. »
Cela avait entraîné l’annulation d’une tournée. Et c’est en partie pour ça que les chapiteaux et les caravanes du cirque ne sont pas les leurs mais appartiennent à la mairie de Bègles, qui les leur loue. La mairie aurait d’ailleurs décidé de porter plainte, d’autant plus que le sang d’un des vandales aurait été retrouvé auprès d’une des fenêtres brisées.
Un racisme ordinaire
Alexandre Romanès en est persuadé, il s’agit d’actes racistes avant tout. Il se remémore une manifestation dans le XVIe arrondissement où plus de 700 personnes vociféraient des cris de haine tels que « à mort les tziganes ». Des associations ont aussi essayé de les poursuivre devant les tribunaux sous prétexte qu’ils abîmeraient l’image du quartier.
« Il y a même une association qui disait qu’on a mangé tous les chats de l’arrondissement. J’ai donc répondu par la presse : c’est vrai, et ils étaient délicieux. Maintenant on va manger vos chiens. Qu’est-ce qu’on peut leur répondre de plus ? »
Leurs mésaventures parisiennes ayant été relayées dans la presse, Alexandre Romanès n’exclut pas le fait que ces actes aient donné des idées à certains :
« Je pensais que ça allait recommencer et ça a recommencé. Nous les tziganes, avons l’habitude, puisque cela fait 500 ans que nous sommes installés en Europe, et 500 ans que nous sommes attaqués. Il n’y a rien de nouveau. »
Il se réjouit qu’il n’y ait eu aucun mort et relativise des pertes avant tout matérielles. Pas de quoi mettre à mal l’image des Bordelais « sympathiques », « beaucoup plus que les parisiens qui n’ont jamais le temps de rien ».
Ils sont par ailleurs soutenus par la Licra de Bordeaux Gironde, dans la continuité de l’antenne parisienne. Ce soutien s’est traduit par le lancement d’une campagne de financement participatif sur la plateforme Sokengo le 12 décembre dernier, dont le but est d’offrir le 22 mars une soirée aux enfants et familles de migrants.
Un café Licra se tiendra en outre sous le chapiteau le 26 janvier prochain où Alexandre Romanès présentera son dernier livre: « les corbeaux sont les gitans du ciel ».
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