Pourquoi cette avant-première à Bordeaux ?
« A Bordeaux et sa métropole, nous avons atteint des points critiques, répond Graziella Danguy. En Gironde, de nombreux collectifs se sont créés pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état des services publics : de l’hôpital Robert-Piqué, de Bordeaux-Centre, de la gare de la Médoquine, de la Santé un droit pour tous, de Blaye… 7000 manifestants sur les hôpitaux, sans parler de la grève du Samu. Il fallait 20 minutes d’attente pour traiter un appel. En 20 minutes, les gens peuvent mourir ! »
Pour la co animatrice de Convergence Gironde, et son collègue François Richard, ainsi que Philippe Touzé, membre du conseil d’administration national, « Bordeaux est victime de son succès ».
« Il y a une explosion des prêts immobiliers dans la banlieue bordelaise, rive droite : Cenon, Lormont, Floirac. La LGV va faire venir des gens qui ont les moyens. Le prix de l’immobilier grimpe. Alors d’un côté, les gens en situation précaire et les retraités à faibles revenus vont être repoussés de la périphérie périurbaine, ce qui va alimenter le croissant de la pauvreté alors que les services sur ces territoires s’appauvrissent : la poste, les médecins, etc. Et d’un autre côté, l’afflux des nouveaux habitants va saturer les infrastructures. Il y a 2000 élèves de plus par an en Gironde dans le premier degré et autant dans le second degré, et pas de création de classes ! »
Transformer l’essai de la mobilisation de Guéret
Les arguments des défenseurs des services publics ne manquent pas. Ils soulignent « une menace pour la mixité sociale » et, de façon un tantinet surprenante, « la cause même du jihadisme ». Une chose est sûre, « il n’y a jamais eu autant d’inégalité dans le pays », au point que « Médecins du monde et les Restos du cœur croulent sous les demandes » :
« Seuls les services publics sont une garantie pour l’égalité entre les peuples, abonde François Richard. Les défendre, c’est combattre le Front national à la racine. On a une extrême droite au bord du pouvoir et toutes les tendances politiques misent sur la réduction des dépenses au détriment des services publics. »
Dès cet automne, la convergence des associations, des syndicats et des partis politiques, prépare ses assises pour « retravailler le maillage des territoires ».
Fort de la grande mobilisation de Guéret les 13 et 14 juin 2015, ils ont lancé, dans la foulée, une consultation sous formes de questionnaires. « Plus d’un millier de réponses » de citoyens, professionnels, et élus, ont abouti à un manifeste, « fruit de plus d’une année de débats, de réflexions, de discussions et de mobilisations ».
Regrouper les forces
Composé de 12 points, ce Manifeste veut « s’interroger sur le nouveau champ du service public, son interaction avec la notion de bien commun, la transition Écologique, l’emploi, la production, l’économie sociale et solidaires et le monde associatif, son adéquation avec les besoins de notre siècle ».
D’un moratoire sur les fermetures et les privatisations des services publics, jusqu’à l’abandon des traités de libre-échange (Tafta, Ceta…), en passant par la renationalisation des missions d’intérêt général et le développement de la protection sociale, le Manifeste pour le service public du XXIe siècle veut faire « regrouper toutes les forces pour faire un travail de fond » :
« Si on luttait efficacement contre la fraude fiscale, on récupérerait déjà 80 milliards d’euros ; largement de quoi financer les services publics, soutient Philippe Touzé. On a donné 50 milliards au patronat sans exiger de retour. Cette politique a atteint un point de non retour car ses systèmes sont en train de craquer. »
Avec l’espoir de provoquer une large mobilisation à Bordeaux, et ensuite dans la France entière, la Convergence a la ferme intention de s’immiscer dans la campagne électorale « parce que c’est un moment clé ».
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