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De Damas à New York, en passant par Saint-Michel

Réunis autour et au cœur du quartier Saint-Michel à Bordeaux, 10 personnes venant de plusieurs pays ont participé à un atelier artistique. Leurs textes, dessins et photographies sont actuellement exposés au musée d’Aquitaine jusqu’au 30 avril sous le titre « Vous me voyez ? ».

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De Damas à New York, en passant par Saint-Michel

« Vous me voyez ? » est un contre-pied à la massification du monde explique Christophe Dabitch. L’écrivain bordelais et le photographe Christophe Goussard, ont animé un atelier artistique combinant écriture, photographie, son, dessin et vidéo.

L’initiative a réuni des personnes vivant à Bordeaux depuis quelques mois ou quelques années, venant de pays différents et fréquentant le quartier Saint-Michel. A l’arrivée, ils sont dix à avoir livré chacun, « sans consignes d’écriture précises », une forme personnelle et une voix singulière.

En préambule de notre entretien, Christophe Dabitch tient à rappeler que Bordeaux fut, tout au long de son histoire, une terre d’accueil. Ce passé l’a incité à répondre au projet de l’association parisienne Trajectoires, développé à Paris et à Marseille, en partenariat avec le musée d’Aquitaine, le Rahmi (Réseau aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’immigration), l’Alifs (Association du lien interculturel familial et social), le Centre social de Saint-Michel et l’association OBAOBA.

Rue89 Bordeaux :  Qui sont les dix personnes qui interviennent sur ce projet ?

Christophe Dabitch : Nous avons animé un atelier artistique destiné à des personnes primo-arrivantes. Nous leur avons demandé ce qu’elles ont perçu de la France quand elles sont arrivées dans un quartier comme Saint-Michel, comment elles intègrent un quartier avec les liens déjà existants dans leurs quartiers d’origine. Nous avons travaillé avec plusieurs personnes, le choix définitif a été long et progressif.

Nous en avions rencontrés plusieurs, et certaines ne semblaient pas attirées par l’expérience. Il fallait des personnes qui aient envie de s’engager sur le long terme, parce qu’il fallait passer beaucoup de temps, entre l’écriture, les photos et les dessins.

Comment vous avez travaillé avec les intervenants ?

CD : Nous avons fait un entretien préalable sur leur perception du quartier, comment ils s’y sentaient, qu’est-ce qu’ils voyaient. Ce qui a permis à chacun de donner des pistes d’écriture avec 3 ou 4 éléments de départ. Ce qui a donné à chacun une écriture personnelle.

Il y a aussi la question de la langue. Cette approche servait à les mettre en confiance, démarrer et construire un texte, un récit croisé, une lettre, une balade…

Les intervenants ne se connaissaient pas entre eux. Ils sont arrivés de divers horizons. Beaucoup de nouvelles personnes qui arrivent à Bordeaux passent par Saint-Michel. C’est un lieu où se retrouvent différentes communautés. L’idée de travailler sur ce quartier a été évidente.

Pourtant Bordeaux n’a pas l’image d’une ville d’immigration.

CD : Par rapport à Paris et Marseille, non. Mais à Saint-Michel, il y a un brassage historique des populations. Il y a entre 40 et 60 nationalités d’origine.

L’immigration à Bordeaux est ancienne et remonte à l’inquisition avec les juifs espagnols. Ensuite il y a eu les Portugais, les Italiens, sans oublier les Anglais les Hollandais.

Ce projet a-t-il un rapport avec la rénovation du quartier ? Dans la préface du catalogue, vous évoquez la « boboïsation » et la gentrification.

CD : Ce n’était pas la démarche principale d’aborder ces questions. Il y a trois intervenants qui l’ont fait, vus les rapports qu’ils avaient avec leurs villes d’origine. David Bouklas, originaire de New York, a vu Brooklyn se transformer. Marcello Alliota a trouvé des similitudes avec son quartier de Rome. Maïmouna Coulibaly a quitté le quartier à cause des loyers. Ils ont mis ce truc là sur la table.

Il y a d’autres personnes qui se réjouissent au contraire de voir le quartier rénové, Shefali Karmakar, par exemple, avec son vécu en Inde. Ici comme ailleurs, c’est une question qui se pose, on ne peut pas l’éviter. Il y a eu un regard là-dessus. D’autres n’en parlent pas du tout, c’est pas leur problème.

Vous avez même évoqué le « nouveau Saint-Michel ».

CD : Le projet de rénovation lui-même évoquait déjà le nouveau Saint-Michel. C’est toute la question du changement social du quartier. Les loyers ont augmenté. Le prix de l’immobilier a bougé. Ce n’est pas nouveau, ça se passe comme ça depuis 25 ans. Mais ces dernières années, il y a eu une accélération. Même si les habitants historiques sont toujours là, une partie d’entre eux ont été contraints de partir.

Pendant longtemps, le niveau des loyers était moins élevé qu’ailleurs à Bordeaux. Il y avait des logements de transition, ces logements qui n’étaient pas totalement rénovés et qui permettaient des loyers raisonnables. Aujourd’hui, les gens qui viennent d’arriver ne trouvent plus ces logements de transition. Où est ce qu’ils vont ?

C’est donc devenu comme Saint-Pierre ?

CD : Pas tout à fait, Saint-Michel reste un quartier excentré. A Saint-Pierre, il y a de gros points d’attraction comme la rue Sainte-Catherine.

Ici, les gens qui viennent d’arriver trouvent leurs places grâce aux associations. L’intégration se fait à la longue, au fur et à mesure. Il y a de l’entraide. Ça participe à une vie de quartier qui est un peu moins froide que dans d’autres quartiers de Bordeaux. Ce lien existe parce qu’il y a des gens qui viennent d’ailleurs.

C’est finalement le sujet de l’exposition ?

CD : Oui. Mais le sujet a aussi, et implicitement, pas mal de liens avec ce qui se passe actuellement dans la société, à travers les discours et les peurs dans lesquels nous sommes aujourd’hui et pour les mois à venir.

« Comme dans un bon fauteuil », Marcello Aliotta, Italie

Ça fait trois ans déjà que je vis à Bordeaux et quand il y a un peu de soleil, que je viens sur cette place, je tombe toujours avec plaisir dans le même piège, la même illusion que, derrière les immeubles de la place, il y a un port caché. Comme ceux de Napoli, d’Alger ou de Palermo… Je m’abandonne à chaque fois à ce plaisir.

Avant, quand j’habitais en Mauritanie et que je disais que j’allais venir vivre à Bordeaux, des amis me disaient : « Pourquoi tu vas là-bas ? C’est froid, c’est bourgeois, c’est nul… »

Quand je suis arrivé, les Bordelais m’ont présenté leur ville comme ça : « Ah, vous savez pas comme elle a changé la ville !!…Vous avez de la chance de ne pas avoir vu comme c’était avant ! C’était moche ! Vous pouvez pas imaginer ! »

S’ils pouvaient savoir que toutes ces descriptions de l’ancien quartier comme un lieu gothique et décadent, avec son port abandonné et ses espaces sombres où les putes, les homos, les dealers et d’autres créatures urbaines se promenaient la nuit, avec ses bars crades et ses immeubles noircis de saleté ne pouvaient qu’allumer la curiosité d’un étranger !

« À Monsieur-je-saistout-de-Bengué », Florence Ouédraogo, Burkina Faso

Tu es venu en France plusieurs fois mais, laisse-moi te dire que ma France à moi, précisément mon quartier (Saint-Michel) n’est pas comme la tienne (Rires). C’est vrai qu’au début, la population était méfiante. Quand je croisais certaines personnes, elles s’écartaient de moi comme si je tenais une arme pour leur faire du mal. Souvent je me demandais si cela était dû à la couleur de ma peau ou si j’avais l’air d’un malfaiteur. Mais après quelques temps, je me suis sentie bien accueillie et intégrée. Évidemment pas « à l’africaine ». (Rires). Je m’explique : tu sais bien que chez nous au Burkina Faso, quand on reçoit un Étranger, d’abord on lui donne une calebasse d’eau ou une boisson locale suivie de salutations chaleureuses et spéciales (en se prosternant ou en faisant une courbette). Ensuite, on l’installe, on lui trouve un espace de vie propice, on lui prépare nos mets traditionnels puis on lui propose quelqu’un de disponible à son service.

Ce que j’ai vécu ici diffère de notre civilisation. Néanmoins, j’ai trouvé une terre hospitalière. Des personnes sympathiques et chaleureuses à leur manière. (Exemple : ici quand on se connaît on se fait la bise pour se saluer au lieu de se serrer la main). Aussi il faut ajouter que les gens sont sensibles et prêts à tendre la main aux démunis. C’est pourquoi des associations à caractère social ont été créées ici.

« Celui qui est parti », José Montenegro, Argentine

À Bordeaux intra muros levanté mi copa de vino
Car le destin et mon étoile
Ont voulu que durant mes années d’étudiant
Vivant dans un quartier j’aie retrouvé « un monde caché »
Quand je suis venu pour la première fois à Saint-Michel
J’ai cru voir un petit Marseille autour d’une vieille église médiévale
Oui ! C’est vrai… et c’est vrai aussi que ce jour-là
Je me suis volontiers perdu au marché des Capucins
En commençant ma journée avec un thé à la menthe au soleil d’une terrasse
Et finissant le soir au resto du « Che » pour déguster les empanadas

Aujourd’hui, je ne suis qu’une empreinte pétrifiée
Dans l’âme de mon « Saint-Michel »
Ma présence est dorénavant
Mêlée à tous ces hommes et ces femmes
Qui sont passés par là
Des femmes et des enfants d’ici et d’ailleurs
Des êtres cachés dans ses racines et dans ses arbres
Et dans la mémoire universelle

« C’est ce qui m’arrive ici », Shaza Hallak, Syrie

Quand j’entre dans un magasin à Saint-Michel, j’aime beaucoup tomber sur des produits syriens. Même les prix sont parfois écrits en arabe ! Ces produits arabes et français ensemble reflètent un beau mélange entre les deux cultures. J’ai vécu dans l’une et je suis en train de vivre dans l’autre. Je demande au vendeur le genre de semoule qui se trouve dans son épicerie pour être sûre. Il me demande d’où je suis : « Syrienne, et toi ? ». « Algérien ». Nous discutons un moment et je me rappelle soudain l’épicier de mon quartier, à Damas. On discutait de la même manière.

Je regarde les étiquettes avec un plaisir qui se transforme souvent en nostalgie lorsque me revient à l’esprit mon passé en Syrie qui me semble maintenant très lointain. Je me souviens d’autres moments où j’ai vu les mêmes objets mais les gens ne sont plus les mêmes, ni les mots.

« Pourquoi je ne leur ai pas dit ? », David Bouklas, États-Unis

C’est ce dimanche matin d’avril que tout cela a pris sens pour moi. Mon nez était toujours en sang et j’étais pris en sandwich entre les quatre flics en civil dans la voiture de la police. Ils m’ont dit qu’ils étaient fiers de voter FN. Que ce pays était en train de perdre son identité nationale. Que les immigrés comme moi – des drogués, loosers, dealers, violeurs – profitaient de leur aide sociale et salissaient leur culture. Ils se sont moqués de moi, m’ont demandé pourquoi mon nez saignait. Quand j’ai dit que c’était parce que l’un d’entre eux m’avait mis un coup de genoux dans la figure, ils ont tout nié énergiquement. Personne ne m’avait touché, m’ont-ils dit. J’ai des témoins ai-je dit. Nous aussi ont-ils répondu, mais les nôtres sont meilleurs que les tiens. Et l’échange a continué ainsi jusqu’à ce qu’on arrive au poste. Je me suis retrouvé plié, attaché au pied d’un banc pendant une bonne heure tandis qu’ils rédigeaient leur rapport et commençaient à fouiller mes affaires. L’un d’entre eux a trouvé mon passeport : United States of America. Ils se sont tous arrêtés et m’ont regardé. Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu étais de New York ?

« Je ne me sens pas étranger ici », Abdelmalek Medjeber, Algérie

Je crois que j’ai aimé Bordeaux parce que j’y retrouve mon enfance à Alger dans les années 1960 – 1970, particulièrement place Saint-Michel. J’aime surtout l’église, son architecture qui est magnifique, l’histoire de sa construction, celle des prêtres avant, de l’an 672 jusqu’en 1183. J’aime entrer dans cette église. Quand je viens vivre quelque part, je dois connaître, c’est normal, on doit savoir le minimum.

J’aime ce quartier, voilà. À Bordeaux il y a aussi des quartiers chics, comme à Paris. Mais figurez-vous que les habitants de ces quartiers chics sont souvent à Saint-Michel, pour la brocante ou les Capucins. C’est pour cette raison que je pense que le quartier englobe tout Bordeaux.

J’ai également aimé Bordeaux parce qu’on y entend moins parler d’immigration et encore moins d’intégration. Je ne me sens pas étranger ici, ni ma famille. On connaît la langue française depuis des années, la culture française, l’histoire de la France… Je garde mon accent algérien bien sûr mais j’aime cette langue et cette culture depuis toujours.

« Aseptiser, c’est sélectionner », Maïmouna Coulibaly, Mali

Lorsque je suis arrivée à Bordeaux en 2003, j’avais l’impression de voir suspendue devant moi la vieille robe de mon arrière-grand-mère restée cent ans dans son placard, avec son odeur de naphtaline. Le seul rayon de soleil était Saint-Michel avec sa population diverse. J’ai vu Bordeaux prendre des couleurs, les travaux sur la place Saint-Michel avec de meilleures conditions de circulation pour les piétons et les voitures, un parc pour les enfants… Aujourd’hui plus que jamais, je veux profiter de ce que cette belle ville propose. Certaines âmes l’ont quittée mais jamais pour toujours, elles reviennent souvent.

Au fond de moi, j’espère que ce quartier restera longtemps un village mais je suis partagée sur son évolution. Mon enthousiasme pour les travaux est retombé quand j’ai compris qu’ils n’étaient pas destinés aux habitants historiques mais aux nouveaux et aux touristes. Les primo-arrivants de pays étrangers ont laissé la place à un autre public avec un fort pouvoir d’achat. Ils quittent leurs vies stressantes, ailleurs, pour trouver ici une vie moins frénétique mais lorsque cela ne se passe pas comme ils le souhaitent, ils n’hésitent pas à employer des moyens disproportionnés. Le côté populaire et spontané et la présence des pauvres déplaisent. Il faut les planquer. Cela se manifeste par leur non-relogement sur place lorsque ceux-ci manifestent leur désir de changer.

« D’un village à l’autre », Alvaro Peinado, Espagne

La vie dans ce « village » me rappelle, en partie, la nôtre même si la famille et les amis ne sont pas là. Mais ici, entre nous, nous faisons au mieux pour que cela ne manque pas trop. Dans le quartier, nous avons des grandes œuvres architecturales comme la basilique qui s’appelle aussi Saint-Michel. Franchement, on va vite et facilement ailleurs à Bordeaux et en dehors de la ville. La vie est simple. Entre la boulangerie et les petites épiceries, j’ai tout à portée de main. Je peux promener ma chienne Luka sans avoir besoin d’aller trop loin, faire du sport sur les quais au bord du fleuve ou bien du vélo en me promenant dans les rues, sans problèmes. Le début a été difficile mais après quelques mois, je crois que j’ai trouvé ma place et pour le moment, je n’ai pas envie de repartir. En fait, j’ai eu du mal à m’intégrer tant que je ne parlais pas le français : je ne comprenais rien. Mais putain, maintenant que je sais parler, que je regarde autour de moi, je réalise que je vis dans un endroit privilégié ! Quand j’ai récupéré Luka, j’ai commencé à découvrir et connaître les petits coins qui m’entourent. C’est pas que j’avais peur, mon pote, mais au début, ça me dérangeait de voir autant d’étrangers. Malgré moi parce que j’étais un des leurs ! Heureusement, j’ai une mentalité ouverte même si je viens d’un petit village. Je ne me suis absolument pas inquiété. Ça paraît incroyable mais la plupart des Espagnols ne sont pas habitués à voir des Africains, des Maghrébins, des gens des pays de l’Est et d’Occident qui vivent tous ensemble. Un jour, je parlais avec un ami d’ici et il me disait que nous les Espagnols nous sommes un peu intolérants. Je lui disais que non, qu’il se trompait… Mais c’est vrai qu’en Espagne, on n’est pas habitué à grandir avec un Noir, on ne partage pas le collège ou l’enfance avec des personnes venues d’ailleurs. Ça ne veut pas dire qu’on ne sait pas s’adapter, accepter et respecter tout le monde. Ça m’a vexé un peu mais pas plus que ça. Au contraire, on en a rigolé et on a bu encore un verre vin… héhéhé.

« La liberté de vivre sa vie », Shefali Karmakar, Inde

Lors de ma première visite du centre historique, je me suis rendue rue Sainte-Catherine, la plus célèbre rue commerçante de la ville, puis dans le quartier Saint-Michel. Ce qui a tout de suite attiré mon attention, ce sont les belles maisons de pierre parfaitement conservées et les étroites rues pavées. Je trouvais passionnant de me retrouver ainsi au coeur d’un vieux Bordeaux préservé. La basilique Saint-Michel et la flèche adjacente dominent les alentours. Je perçois la richesse de l’histoire de Bordeaux à travers ces rues et ces bâtiments. Les ruelles de Saint-Michel se perdent dans un enchevêtrement sans fin. Il me semble que l’on pourrait facilement se perdre ici, s’il n’y avait les panneaux qui, à tous les coins de rue, permettent au passant de se repérer. Chaque ruelle est parsemée de nombreuses boutiques.

Quand je me suis lancée pour la première fois dans ce dédale, je ne m’attendais pas à trouver le large espace ouvert de la place Saint-Michel. Le week-end, cet endroit grouille de chineurs flânant dans le marché aux puces. Et puis il y a aussi le marché voisin, les Capucins, qui comprend de nombreux étals de nourriture et d’autres commerces. C’est un beau spectacle que l’animation de ces deux marchés qui cohabitent à Saint-Michel.

« Les petites cloches du jeûne », Amre Sawah, Syrie

L’ombre de la tour de la cathédrale crée un espace sur la place Saint-Michel, comme le voile du bateau divin qui a égorgé le dragon et protégé les marins et les esclaves, un jour voilà longtemps. Cent quatorze mètres de hauteur. Cette tour est en plein milieu de la place comme une montre solaire précise. Cet espace raconte le temps où Saint-Michel était un quartier périphérique, les changements à travers les siècles, les guerres qui ont eu lieu ici, puis les exils espagnols, portugais, africains, d’Europe de l’Est, d’autres continents. Un phare dessine les traits de l’espace quotidien, les sept jours de la semaine : un marché aux puces, un marché de fruits et légumes, un terrain de jeux pour les enfants, un théâtre pour les chants des sans domicile fixe et des mendiants. L’église est presque vide, son horloge géante tourne sans se soucier des rues, si elles sont pleines ou sans personne, été comme hiver, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau.

Aujourd’hui, j’attends que l’ombre disparaisse complètement pour que le jour du jeûne s’achève.


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