Lors d’un point presse ce jeudi, Jean-Luc Gleyze, en présence d’Emmanuelle Ajon, vice-présidente du Conseil départemental chargée de la protection de l’enfance, et de la promotion de la santé, a rappelé les moyens « en constante progression » donnés au domaine de l’enfance et assurer des efforts déployés pour faire face « à l’accroissement du nombre d’enfants en difficulté : 17% pour les 0-10 ans et 55,8% pour les 10-18 ans entre 2013 et 2016 ».
Le président du Conseil département de la Gironde a ainsi répondu à la polémique lancée par dix salariés du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) à Eysines. Dans une lettre ouverte, intitulée « Les enfants sacrifiés de la République », ils ont voulu « alerter quand aux situations dramatiques que vivent et endurent les enfants » :
« En dépit d’alertes souvent répétées par les agents, tant envers la direction que les élus du Conseil départemental et l’Agence régionale de santé (ARS), des situations de fugues quotidiennes, d’abus sexuels, de viols entre usagers, d’agressions physiques, de passages à l’acte violents entre enfants et sur le personnel, perdurent… »
Des propos qui manquent de raison
Jean-Luc Gleyze reproche aux salariés signataires du texte de tenir « des propos qui manquent de raison » tout en affirmant être « pleinement conscient de [ses] responsabilités ». Il regrette « l’instrumentalisation des incidents » survenus au CDEF – des agressions sexuelles en 2016 et une tentative d’immolation en 2017 – par des élus de l’opposition :
« Nous n’avons pas attendu l’opposition pour lancer une enquête ni pour chercher des solutions. L’aide sociale à l’enfance a eu la plus forte augmentation des crédits là où d’autres départements ont coupé les budgets. […] Le CDEF est un centre d’accueil inconditionnel qui peut se retrouver en sureffectif. »
Interrogée le lendemain de la parution de la lettre dans la presse, Emmanuelle Ajon avait reconnu « la difficulté de gérer un lieu en perpétuelle tension » :
« C’est un centre où plus de 130 enfants se rencontrent. Ils sont en situation difficile et victimes de baisses de compétences familiales de façon temporaire ou définitive. Les difficultés de certains sont liées à des pathologies ou au vécu de leur propre enfance. Il en découle malheureusement des incidents et nous sommes au courant de ce qui s’y passe. De là à dire que nous ne faisons rien ! »
Selon le Département, plus de 10 000 enfants ont fait l’objet d’une mesure éducative en 2016, une augmentation qui suit la courbe de l’accroissement de la population girondine. Le budget dans le domaine de la protection de l’enfance a augmenté de 15 millions d’euros en deux ans (180 millions en 2014, 195 millions en 2016). 23 millions d’euros sont alloués au CDEF qui gère 7 sites. Le plus important est celui d’Eysines avec 250 professionnels sur les 450 en Gironde.
Manifestation des agents
Au lendemain de la publication de la lettre ouverte, les représentants du personnel SUD et FO ont tenu à faire connaître leur « désaccord avec cette méthode d’alerte » :
« Les faits graves nommés sont connus et en lien avec la complexité des problématiques du public accueilli. Les suites données à ces actes sont abordées et travaillées en instance de même que les conditions de travail des professionnels du CDEF, les besoins de moyens supplémentaires… Les représentants du personnel poursuivent et poursuivront leurs missions de vigilance, d’alerte, de négociations et de soutien à l’ensemble du personnel dans le cadre de leur mandat. »
Interrogé par Rue89 Bordeaux, Jean-Paul Labrousse, secrétaire général FO et éducateur spécialisé au CDEF déplore « une initiative qui va inquiéter de manière irresponsable les familles » :
« Je connais le fonctionnement de la maison. Cette lettre, je n’y adhère pas, et je ne suis pas le seul. L’assemblée générale qui a suivi son envoi a difficilement réuni 20 salariés sur les 400 ! Ça veut dire clairement que les professionnels n’ont pas suivi cette démarche et ne sont pas d’accord avec la méthode. »
Ce jeudi, devant l’hôtel de département, les agents mécontents du CDEF d’Eysines s’étaient rassemblés à 13h pour « répondre à ceux qui veulent minimiser les faits sous prétexte que nous sommes une minorité ».
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