Emmanuel Macron l’avait promis durant la campagne présidentielle ; son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer vient d’annoncer que les mairies pourraient organiser la semaine scolaire comme elles le souhaitent. Et ce dès la rentrée prochaine, d’après un décret qui pourrait être publié cet été.
Marseille a aussitôt exprimé son souhait de revenir à la semaine de 4 jours. Elle va donc mettre fin aux temps d’activité périscolaire (TAP) instaurés pour les enfants à la place des heures de classe dispensées le mercredi ou le samedi matin, selon les communes. D’autres villes devraient s’engouffrer dans la brèche, notamment celles qui se plaignent du faible accompagnement financier de l’État.
2,9 millions d’euros par an
A Bordeaux, par exemple, celui-ci se chiffre à 800000 euros, et le coût net pour la ville est de 2,9 millions d’euros cette année. C’est toutefois une part relativement faible du budget municipal consacré à l’éducation – 49 millions d’euros, plus 12 millions pour le périscolaire.
Certes, ces montants devraient encore s’alourdir l’année prochaine avec l’accroissement de la démographie scolaire. Pour autant, la remise en cause de la semaine de 4 jours et demi n’est pas encore à l’ordre du jour, explique Emmanuelle Cuny, l’adjointe au maire de Bordeaux en charge des affaires scolaires :
« On continue pour l’année 2017-2018. Après, on va entamer une réflexion sur ce que l’on décide de faire pour la rentrée 2018, sachant que les financements de l’État s’arrêtent en 2019. Si un jour on devait cesser, ce serait en concertation avec les associations, les familles, les enseignants, et après un vrai arbitrage de l’éducation nationale. »
Eviter la casse sociale
L’élue met notamment en avant les conséquences sociales d’une telle décision :
« La réforme a permis aux associations de développer leurs activités et d’embaucher, même si cela représente beaucoup d’emplois précaires, avec des animateurs qui font 2 heures par ci et 2 heures par là. Les TAP occupent ainsi 33 associations, dont 13 nouvellement créées pour appliquer la réforme. Et 300 animateurs interviennent chaque jour dans le cadre des TAP. »
Par ailleurs, et par dessus tout, l’impact de la réforme des rythmes scolaires sur le bien-être des enfants n’a pas encore été vraiment évalué. Alléger les journées de travail et proposer davantage d’activités sportives ou culturelles est censé correspondre aux attentes des petits. Sauf que ceux-ci ne sont pas tous sur un pied d’égalité, puisqu’en fonction de ses moyens et de sa volonté, chaque ville pouvait appliquer la réforme à sa guise.
« A Bordeaux, rappelle Emmanuelle Cuny, une évaluation après un an d’application avait montré une plus grande fatigue pour les maternelles, ce qui s’était traduit par des réajustements. En primaire, les retours sont plus positifs. »
Jointe par Rue89 Bordeaux, la FCPE Gironde, principale organisation des parents d’élèves, n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.
Au SNUipp, syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles, on redoute que le futur décret ne se traduise par un accroissement des inégalités entre communes, voire entre quartiers ; on plaide donc au contraire pour un meilleur encadrement national, à rebrousse poil du nouveau credo ministériel.
Le SNUipp Gironde va entamer la semaine prochaine une consultation de ses adhérents pour avoir un tableau plus précis de la situation et des attentes commune par commune.
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